En temps qu'objet cinématographique, Unfriended est nul. Pour la bonne et simple raison, que ce n'est pas du cinéma. En tant que pur produit de l'entertainment, force est de reconnaître que c'est plutôt réussi.
A ma connaissance, Unfriended est le seul film à voir impérativement sur un écran d'ordinateur portable. Le regarder sur une télévision ou sur un écran de cinéma serait un nonsens absolu, et le film perdrait en immersion.
La première réussite de son film est son concept. Après avoir bouffé du found-footage jusqu'à l'indigestion après le succès financier de paranoraml activity, Unfriended a su réinventer le genre et proposer quelque chose de nouveau. Toute l'histoire, est raconté en temps réel via l'écran d'ordinateur de Blaire (coucou Blaire Witch !), une jeune fille adepte des réseaux sociaux, qui va se faire harceler par le fantôme d'une amie suicidée. L'occasion d'aborder le thème très actuel du harcèlement, des dérives des réseaux sociaux et de l'amitié factice qu'ils peuvent procurer.
Gabriadze maîtrise son concept et en quelques minutes, grâce à deux trois pages facebook, une vidéo youtube et une discussion skype, la base du film est posé. Les relations entre les personnages, leur passé, leur personnalité, etc. Et le film peut enfin commencer. D'abord de manière assez lente, il faut le reconnaître. Les phases sans dialogue (donc sans aucun bruit) ou l'on observe simplement une souris se balader sur un navigateur internet ne sont pas les plus palpitante. Mais très vite et de manière plutôt subtil, le rythme s’accélère et la tension augmente pour ne plus jamais redescendre.
Unfriended n'est pas pour autant exempt de défauts. On pourrait par exemple citer le caractère archétypal de chacun des personnages. Mais ce qui m'a surtout laissé relativement perplexe devant Unfriended, c'est la mise en scène des meurtres. Inutilement gore, et de fait, assez ridicule et grand-guignolesque. Gabriadze a surement voulu éviter de subir les mêmes critiques que pour paranormal activity ("c nul on voi rien sa fais meme pa peur wesh"). Peut être avait-il oublié que ce qui faisait la lenteur de Paranormal Activity faisait aussi le charme de Blair Witch Project. Moins on en montre, plus l'imagination travaille, plus le film est effrayant. Pour les meurtres, un simple cri, une petite distorsion de l'image suivie d'un grand silence aurait suffit. Pas besoin de s'attarder 5 secondes sur un blender.
Cependant, même si j'ai aimé l'expérience unfriended, ce n'est pas un film que je conseillerais à tout le monde. Unfriended est avant tout un film générationnel, qui sera sans doute périmé et oublié dans 10 ans. Si vous n'avez pas l'habitude de facebook, de skype ou de youtube vous risquez de trouver ça brouillon et profondément ennuyeux.