Comment retourner sa veste en seulement 30 minutes sur internet ?

Salut c'est Julien et je vous souhaite la bienvenue sur mon site.
Sur SensCritique, j'ai les deux statuts les plus likés par rapport au film. Pourquoi tant de prétention de ma part - si prétention il y a à tirer de statuts likés ? Pour une raison toute simple qui va vous faire comprendre pourquoi je retourne ma veste. Et pourquoi c'est une honte.


"Je n'ai pas l'habitude de donner un avis précis sur un film avant de l'avoir vu mais après la bande-annonce, je pense être en mesure de pouvoir dire que c'est complètement de la merde."


Voilà la première annonce, il y a quelques mois. On va se parler franchement, une personne qui poste un statut comme ça, je me gausse et je l'envoie chier tellement ça manque de tolérance et d'humilité. Un petit mariole qui veut faire rire, qui veut amuser la galerie, et, il est vrai, la bande-annonce n'était pas fameuse. Mais avec un tel statut, hier soir, en postant un deuxième statut, j'ai commis l'irréparable. J'ai signé la fin de ma crédibilité sur SensCritique. (C'est extrêmement drôle de penser "Tu n'as jamais eu de crédibilité", franchement bravo les gens, quelle répartie intérieure vous avez)


"Euh... je n'arrive même pas à le continuer tellement je flippe. Je le regarde sur mon ordi et je flippe ma maman bordel. Je continue demain en pleine lumière rien à foutre de vos moqueries."


Non seulement j'ai mal jugé un film sur sa bande annonce, mais en plus je l'avoue publiquement. Ma réputation est traînée dans la boue, et plus jamais je n'oserai ouvrir ma gueule sur un film d'horreur avant de l'avoir regardé. J'ai voulu reconnaître mon erreur car, toute proportion gardée, c'est comme dans une affaire de meurtre. C'est comme si j'avais envoyé un innocent en prison durant tant d'années. Unfriended, c'est mon Daniel Holden à moi. Mais ça, mes amis, c'était avant de continuer le film en plein jour. Car évidemment, la fin est extrêmement décevante et je suis dans le regret de vous le dire...


"J'ai terminé le film. Je vais mettre une mauvaise note, faire une critique et ASSUMER mon retournement de veste, rien à foutre ! :D"


Je retourne ma veste une dernière fois. Le film ne fait pas peur ! Et alors, qu'est-ce que tu vas me faire ? Et je vous emmerde, bordel, c'est ça que vous ne comprenez pas ! On ne peut attacher aucune importance à ce que je dis et alors ??? Ouais, il ne fait pas peur, même que Desperate Housewives ça fait encore plus flipper. Il est 11 heures du matin et ce film est une blague. Et alors ?


Unfriended est typiquement le genre de concept qui mise tout sur la peur. Pas de réalisation (d'accord, le simple fait de choisir la capture d'écran comme support est un parti pris, mais vous m'avez compris), pas de montage, toute la bande-son est intradiégétique et il ne découle de ce film qu'une volonté de faire peur. Il paraît déjà évident qu'il faut le regarder sur un ordinateur, le format s'y prêtant parfaitement. Les puristes le materont sur leur 150 centimètres, mais je pense vraiment que pour une immersion totale, c'est dix fois plus intéressant sur votre propre PC. Si vous avez un mac, c'est la fête du string. Comme ce film base tout sur la peur et uniquement la peur, tentez de le voir dans la nuit, lumière éteinte, seul si possible, comme j'ai pu le faire sinon le film n'a aucun intérêt. Si vous êtes habitué à utiliser Skype, Spotify, Facebook, c'est encore mieux. Le réalisme est de mise, vous flipperez encore plus. Dans Unfriended, un peu comme un Projet Blair Witch, la peur se construit à partir de ce que l'on ne voit pas mais ce que l'on imagine. Ainsi, une caméra qui bug, une musique qui s'active toute seule, un des participants de la conversation qui part soudainement, tout est mis en oeuvre pour reproduire votre quotidien et y ajouter de l'anormal.


On se retrouve alors sur un film qui fonctionne parfaitement mais qui ne va absolument pas au bout des choses. Nul doute que l'on entendra encore parler de ce tout nouveau genre de films, qui selon moi pourrait se créer une franchise à partir de téléchargements directs (le voir au cinéma, sérieusement ?), car c'est plutôt efficace. Mais comme les nombreux films du genre, tout se joue sur la sensibilité de chacun. Et l'argument "tu es apeuré pour tout" n'est pas un réel argument. On peut rester stoïque devant Alien et mourir de peur devant un film minable que tout le monde aura détesté. La peur n'a aucun langage, elle est très personnelle et relève du caractère intime. D'autant plus dans les films comme Unfriended qui surfent uniquement sur ce malaise. Juger Unfriended comme on juge un film d'horreur "normal", ce n'est pas juste et honnête.


J'aurais pu mettre 6 ou 7 à Unfriended si je l'avais continué hier soir. Le souci, c'est que j'étais quasiment seul dans ma maison, que j'avais Skype d'allumé et que je croyais que Laura Barns voulait me contacter à chaque fois que j'avais un nouveau message. Et puis, j'étais fatigué et j'avais Mr. Robot qui m'attendait. Puis j'ai un peu mal au ventre en ce moment donc c'est compliqué.


Bon d'accord j'ai eu tellement peur de le regarder seul que j'ai préféré le voir aujourd'hui en plein jour en sachant pertinemment que ça perdrait toute sa saveur et en sachant que j'allais par conséquent lui mettre une sale note. Je suis un lâche Robert Ford. Mais je m'en tape bordel vous n'avez pas à me juger.


Seule Laura Barns peut me juger.


Jamais j'aurais cru avoir si peur devant une conversation Skype qui bug. D'habitude ça agace, on tape du poing sur la table, là on enfile le plaid sur notre dos et on attend très, très sagement.


Un petit 5 coeur pour un film qui ne fait absolument pas peur ! (Les volets ouverts, la télé du salon à fond, en train de textoter en rangeant un peu ma chambre - attendez, je l'ai déjà dit que je vous emmerdais ?)


Blague à part, tout ça pour dire qu'avec des conditions optimales (la nuit, sur votre pc, seul), le film peut être absolument flippant si vous entrez complètement dedans - ce qui a été le cas pour ma part. Mais puisqu'il ne mise que sur ces conditions (aucune mise en scène, quasiment pas gore, que de la peur latente), votre avis sur le film en dépendra beaucoup. Comme ça l'a été avec moi, malgré des personnages écrits avec la plume sensible de Franck Ribéry.

EvyNadler

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