Universal Soldier : Le Jour du jugement
5.6
Universal Soldier : Le Jour du jugement

Film DTV (direct-to-video) de John Hyams (II) (2012)

No brain, no pain. Un concept simple et tout désigner pour un film où les gens se font percer le crâne à coup de perceuse avant de se relever comme si de rien n'était. Day of Reckoning est le quatrième opus officiel de la saga Universal Soldier. "Quel dommage - pensez-vous - que je n'ai pas vu les autres, je ne vais rien comprendre". Une question légitime mais qui ne se sont visiblement pas trop posé les scénaristes. Tout ce qu'il faut savoir c'est que Jean-Claude est en cavale à la suite du final de Universal Soldier : Regeneration. Le reste, comme les résurrections inexpliquées et inexplicables de Dolph Lundgren par exemple, tout le monde s'en cogne et donc vous aussi. Le film introduit un nouveau héros avec Scott Adkins, sosie bodybuildé de Ben Affleck qui dégage un certain charisme, dont la famille se fait massacrer par Jean-Claude. Laissé pour mort il se réveille et n'a qu'une envie : casser du belge.

Difficile de parler de scénario tant de nombreux rebondissements ne tiennent pas debout mais le film essaye de proposer une ambiance assez travaillée qui tranche radicalement avec le ton burné mais détendu du film originel, 20 ans plus tôt. Pas de punch-lines donc mais une atmosphère délétère et cradingue qui déborde de violence régressive. Loin des revival eighties auto-proclamés et hypocrites qui n'osent jamais se frotter à toute la dimension profondément primaire du genre, ce Day of Reckoning ne rechigne pas sur de la bonne vieille violence plein cadre et sur le sang qui éclabousse généreusement le décor. Une tête arrachée au shotgun par ici, une machette arrêtée à main nue par là, un duel de battes de base-ball de l'autre côté, un Andreï "Pitt bull" Arlovski barbu qui défonce les gens à la hache un peu plus loin... les bastons manquent sans doute d'envergure et de finesse mais elles remplissent le contrat : elles sont brutales.

Il faut dire que John Hyams s'efforce de bien mettre en valeur ces moments de bravoures. Le jeune réalisateur à de l'idée même si des limites évidentes dans l'execution viennent amoindrir l'impact de la chose. On pense au cadre parfois approximatif qui perd son sujet ou à l'aspect globale de la production qui reste un peu cheap, malgré des efforts évidents pour faire les choses bien. La direction de la photo a définitivement une certaine classe mais les décors ne suivent pas toujours par exemple, dommage. Mais il y a aussi de vrais moments de mise en scène qui participent à la réussite de l'ensemble. L'étonnant plan-séquence subjectif, qui n'est pas sans rappeler Gaspard Noé, ouvrant le film est à ce titre assez frappant. Par la suite certains effets sont un peu énervants (comme le coup des ralenti-accéléré pénibles comme du Guy Ritchie) mais on savoure des scènes d'action lisibles et qui évitent le montage hystérique et incompréhensible habituel. Le réalisateur s'essaye même volontiers à l'exercice périlleux du plan-séquence en pleine baston pour un dynamisme assez convaincant même si on voit les limites de certains figurants dont les placements et gestes ne sont pas aussi précis qu'il le faudrait. Puisqu'on en parle il faut bien dire que, malgré toute l'affection qu'on peut avoir pour eux, Dolph et Jean-Claude ont un peu de mal à suivre. Astucieux le maquillage de Jean-Claude pour dissimuler plus facilement la doublure sur les plans les plus acrobatiques, astucieux mais pas suffisant. Heureusement ils ne sont là que pour transmettre le flambeau à la nouvelle génération, sans doute la meilleure idée du film tant Scott Adkins s'impose naturellement. Reste qu'ils ont chacun le doit à leur baroud d'honneur, pour faire plaisir et aussi, un peu, pour justifier leur présence abusive sur la jaquette du film.

Universal Soldier n'a jamais été une série phare du cinéma d'action (et je m'abstiens de parler de la science fiction pour ne pas finir étouffer par les rires) et ce quatrième volume l'a bien compris, il se contente simplement de faire de la série B basique mais bien faite... ou tout du moins faite aussi bien que possible, les moyens limitant parfois l'execution. C'est violent, c'est barbare, c'est glauque, c'est con, c'est même très con mais c'est généreux, c'est efficace et ce n'est jamais hypocrite. Le principal est préservé, on n'en attendait pas tant.
Vnr-Herzog
7
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le 19 janv. 2013

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