Hell yeah !

Voici le film qui fait office de plus belle surprise de l'année 2018 ! Comme souvent, il s'agit d'une production indépendante à petit budget injustement boudée par les salles mondiales mais qui a néanmoins reçu des retours très encourageants. Sorti en juin aux Etats-Unis, en DVD fin août, il est supposé sortir en France pour... octobre. Et on se demande encore pourquoi les plateformes de streaming bouffent l'industrie ! Bref, Upgrade est un film australien écrit et réalisé par Leigh Whannell (Insidious, Saw) nous plongeant dans un univers futuriste, dominé par la technologie de pointe. L'histoire se concentre sur Grey, un mécano technophobe qui après s'être retrouvé tétraplégique, se fait implanter une puce ultra développée lui permettant de "retrouver" son corps. Et je m'en tiendrai à cela.

L'intelligence artificielle et la remise en question de la technologie, voilà des sujets qui campent sur tous nos écrans depuis un moment que ce soit au cinéma (Her, Ex Machina) ou sur petit écran (Black Mirror, Westworld) pour ne citer qu'eux. Des dizaines d'œuvres depuis 2001 : l'Odyssée de l'espace et Blade Runner qui débouchent sur la même finalité à savoir la technologie qui surpasse, punit son créateur pour son arrogance et souhaite dominer le monde. Un manque d'originalité qui peut décevoir parfois étant donné la largeur des possibilités à exploiter sur cette thématique. Si Upgrade ne révolutionne pas le genre, c'est tout simplement parce qu'il n'a pas vocation à le faire. Mais cela ne l'empêche pas d'avoir ses idées et sa personnalité. Le meilleur exemple repose dans la tenue des scènes de combat complètement déshumanisées. On peut aussi penser au placement de la caméra en POV sur certaines scènes qui nous donne la sensation d'être tout autant possédé que Grey.

Et oui, ce film a tout compris sur plusieurs points. Il montre qu'avec 5 millions de dollars, tu peux obtenir un rendu visuel très propre sans que cela pue le numérique, avoir des effets spéciaux convaincants sans péter les yeux et réaliser des scènes d'action maîtrisées. Le film assume son statut de "petit poucet" et ne prétend pas avoir une dimension philosophique pompeuse. Il possède un scénario bien construit, facile à suivre et s'y tient jusqu'au bout avec des basculements intelligents. Le film ne tombe pas dans le piège des références toutes faites : on y reconnaît certes des clins d'œil à l'univers cyberpunk et aux piliers de la SF mais ces derniers restent des accompagnements au service de l'histoire. En durant à peine 1h40, Upgrade a un rythme équilibré, peu de temps morts, peu de scènes inutiles mais pas survitaminé non plus. Last but not least, le film ne prend pas le spectateur pour un con et c'est plutôt appréciable.

Violent, viscéral, un poil glauque et porté par un superbe et trop méconnu Logan Marshall-Green, Upgrade nous propose un bon moment de cinéma en faisant figure de ce que j'appellerai "une série B intelligente". Mon but n'est pas ici de survendre ce long-métrage qui comporte évidemment son lot de petits défauts, mais à l'heure où le Septième Art est en pleine mutation, sujet à de nombreux débats et autres controverses, il me semble légitime de défendre ce genre d'œuvres dont on ne parle pas assez et qui font beaucoup de bien. Alors n'hésitez pas à lui donner une chance !