Va, vis et deviens nous raconte avant tout l'histoire d'une mère, celle qui par amour ordonne à son enfant de partir sans jamais se retourner, et celle qui fera de lui un homme. Et puis cette mère absente à qui Schlomo parlera, nuit après nuit, en regardant la lune.

Schlomo est un petit éthiopien qui a fui son pays avec sa famille. Et dans un camp de réfugiés au Soudan, il part vers son destin, vers Israël, la terre qui deviendra sienne, en se faisant passer pour juif. S'ensuit une difficile adaptation à sa nouvelle vie, dont les traces se retrouveront jusque dans sa vie d'adulte.

Le film questionne beaucoup, la place de l'enfant adopté au sein de la famille, la plaie béante sur laquelle s'est bâtie Israël, le rejet des juifs noirs au sein des deux communautés auxquelles ils appartiennent malgré eux, l'importance de la foi dans le quotidien, et surtout dans un Etat qui s'est construit autour de la religion. Beaucoup de thématiques difficiles qui mériteraient chacune un développement unique, forcément quelques raccourcis et maladresses viennent s'y glisser, mais le ton reste juste malgré tout.

Mais la chose qui marque en le regardant, c'est la place immense qui est accordée à une chose en particulier, sous toutes ses formes: la terre et la foi, la mère et le fils, le passé et l'avenir, le doute et l'acceptation, aussi indicible et inénarrable que le flot du temps qui nous façonne. Il est une ode poignante et magnifique à cet Amour qui gouverne nos existences.

Il se dégage de la pellicule une mélancolie aux tons passés, à la fois forte et sereine, mais profondément humaniste et porteuse d'espoir. L'espoir d'une mère qui se sépare de son fils afin qu'il puisse vivre, en lui disant juste ces quelques mots : - "Va, vis, et deviens".

Ainsi, malgré ses quelques maladresses, un jeu d'acteur parfois mauvais, quelques poncifs dont l'oeuvre ne parvient pas à s'extraire, on prend une claque formidable en le regardant, car le tout est sublimé par cette poésie mélancolique sous-tenant l'histoire, ce voyage de l'enfance qui mènera à l'homme, perpétuant la chaîne humaine depuis la nuit des temps.

Le film s'ouvre et se clôt dans le désert, boucle parfaite renvoyant à notre destinée, lorsque l'être marche sur ses propres traces vers son devenir. Superbe et profondément émouvant, ainsi que le violon ourlé de notes de piano qui l'accompagne.
Nofeelin
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le 23 mars 2011

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Nofeelin

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