Au pays de Tahiti douche, la jeune Vaiana est fascinée par l’océan. Son rêve est d’aller au-delà du récif, loin de son île natale, où elle s’imagine qu’il arrive des trucs de taré (on peut la comprendre : dans son village ils passent leur temps à bouffer des noix de cocos et admirer le paysage en chantant !). Toute petite déjà, la gamine tente de prendre la mer pour fuir ce quotidien lourdingue (et ainsi retrouver Wilson et le ramener à Tom Hanks), mais ça ne sert à rien : le chef du village, qui est accessoirement son père, veille au grain.


Pourtant, son petit paradis sur Terre est une pure destination de rêve, et un aller simple pour se la couler douce là-bas en attirerait plus d’un (d’autant que ces paysages sont d’une beauté à couper le souffle). Mais Vaiana en a ras-le-cocotier, et un beau jour, elle se met en mode YOLO. Profitant du décès d’un des personnages (bravo !), la jeune fille se barre avec des tronçons de bois fixés entre eux et une toile solide en guise de moyen de locomotion (ouais, un radeau).


C’est là que l’aventure commence. Et qu’elle va rencontrer le majestueux The Rock (ou Maui), métamorphe, demi-dieu du vent et de la mer et idole des hommes. Un personnage survolté, drôle, qui possède des tatouages qui bougent – à l’image des dessins sur les vases dans Hercule -, et surtout qui se prend pour une star. Tout de suite, forcément, le personnage est attachant. Et le duo fonctionne du tonnerre, la bonne idée étant d’exclure totalement une histoire d’amour exaspérante – celle qui enchante les gamines mais épuise les parents – pour en faire une vraie amitié.


Seulement, ça a ses limites. Ron Clements et John Musker, réalisateurs de La petite Sirène, Hercule ou Aladdin, ont beau maîtriser sans conteste les rouages d’un scénario accrocheur, avec tout ce qu’il faut de mystère, d’aventure et d’humour, ils balancent ça hélas sans aucune innovation. Leur façon de faire, aussi efficace soit-elle, est tellement scolaire, tellement classique, que ça en devient presque lassant. Le déroulement du récit est ultra-convenu, sans qu’une seule fois il essaye de surprendre.


Le duo passe par toutes les phases clichées du genre – on est pas amis/on apprend à se connaître/on s’éclate/on s’énerve/on se sépare/on se retrouve -, l’histoire passe d’un point A à un point B mécaniquement, avec des péripéties qu’on anticipe bien trop facilement (loin d’un Zootopie saisissant), et l’absence d’un réel méchant (bien qu’impressionnant) rend le tout trop léger. Les réalisateurs nous avait habitués à la flippante Ursula, le déjanté Hadès ou le cruel Jafar, mais cette fois, ils se contentent d’une masse immense – que les Titans de Hercule n’auraient pas reniée – presque sans intérêt.


Et puis, boucher les trous avec toutes ces chansons, plus niaises les unes que les autres excède au plus haut point. Dès le moment où ça ouvre la bouche pour beugler du « L’océan m’appelle » ou « J’suis trop un crabe bling-bling », une réaction allergique se fait sentir. Même celle de Maoui, qui reste peut-être la plus délirante, aurait pu être plus déjantée. Bon, par contre, l’absence d’un vrai méchant empêche de s’en coltiner une de plus, donc ça a du bon finalement…


Heureusement, ce qui pèse lourd dans la balance de Vaiana, la légende du bout du monde, c’est son visuel à couper le souffle. Les décors exotiques polynésiens, l’océan d’un bleu sublime, l’animation des moindres détails : l’image est absolument ensorcelante. Le désir d’évasion dans cet univers de mysticisme et de splendeur est l’atout charme du film, qui carbure à 2000%. Une réussite si exemplaire qu’on ne peut décemment pas critiquer trop durement ce Disney de « Noël », qui fait plaisir autant qu’il énerve.


Par exemple, une séquence très Mad Max Fury Roadienne allie parfaitement délire visuel et humour ravageur, pendant qu’une autre, avec ce foutu « crabe aux pinces d’or », ne fonctionne pas du tout. Toujours les fesses entre deux vagues, Vaiana, la légende du bout du monde touche du doigt le chef-d’oeuvre mais perd son aura en cours de route à cause de certains éléments frustrants.


POUR LES FLEMMARDS : Les fesses entre deux vagues, le sublime Vaiana effleure le statut de chef-d’oeuvre, mais abuse d’une trame extrêmement conventionnelle et de chansons niaises.

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le 2 déc. 2016

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