Aïe, aborder le cas Besson est extrêmement périlleux, aussi bien face aux critiques qu'au public.
Il faut dire que Luc est un hydre à nombreuses têtes : réalisateur reconnu dès son 1er long (Le dernier combat), qui enchaîne les succès (encore une fois) critiques et/ou publics (Subway, Le grand bleu, Nikita, Léon), fait des films polémiques (Le 5e élément, film français ou pas ? Jeanne d'Arc, Angel-A) ou ne fait "plus rien" (avis perso : tout depuis Arthur et les minimerdes, voir pire = Lucy), produit autant des petites comédies ou des films d'auteur, que des grosses machines à la testostérone, il crée La Cité du cinéma, il scénarise à tout va (jusqu'au Revolver de Guy Ritchie !), etc. Bref, il fait trop de choses pour faire l'unanimité.


Moi, j'ai aimé tout ce qu'il a réalisé, à des degrés divers, jusqu'à Angel-A (inclus, si si ! :), soit 2005 et je ne suis pas vraiment client de ses productions, surtout celles à base de voitures de luxe et de prostituées (Taxi 28, Le transporteur 12...).


Après son Lucy qui se prenait pour Ghost in the Shell ou 2001 (mais niveau CE2) tout en pompant allègrement sur 20 ans de cinéma d'action et de SF, dire que je n'attendais plus rien de l'ami Luc serait un euphémisme... Alors quand je vis la bande annonce de Valérian, mon sang ne fit qu'un tour : je retrouvais mes sensations du 5e élément, son film de SF gonzo et pop. Luc s'était-il remis au travail ?! Du coup, résa pour une avant-première avec un pote (que Lucy et la bande annonce de Valerian avait mis dans les mêmes états).


Après 2h15, le constat est sans appel : Luc va (un peu) mieux... mais ça n'est pas encore ça !


Techniquement et artistement, il n'y a (presque) rien à redire. Les SFX, les costumes, les décors, dans leur grande majorité, sont cool (quelques fautes de goût, de-ci de-là mais pas de quoi crier au scandale). Non, le problème vient essentiellement de 2 choses, malheureusement essentielles au cinéma : les acteurs et le scénar... Dans ce film, on se fout des 2 !


Comprenez-moi bien : la scène dans le marché déboîte, c'est bien fait, c'est hyper inventif et jouissif ! Mais en dehors de cela, on a un casting translucide comme Bubble (tiens, une exception, elle est probablement plus crédible que le reste du cast !). Je passe rapidement sur les caméo


Alain Chabat par ex. ou Louis Letterier


qui, s'ils font plaisirs, ne servent pas + le film que cela. Je passe aussi sur Clive Owen (rarement aussi mal utilisé) et le reste des acteurs / figurants qui traînent leurs uniformes et combinaisons spatiales sur la Cité.


En tête de pont, on a un duo horripilant, constitué d'un acteur que j'aime pourtant bien, Dane "je veux mon épéda" deHaan, fourni avec ses poches sous les yeux


(en coureur de jupon en rédemption, insupportable)


et Cara "je faire la gueule comme un porte-manteaux à longueur de journée" Delevingne (voici son visage quasi constant, dans la vie ou sur le plateau de Valérian : https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/736x/e8/84/65/e88465abc56b65dc84f447642f4353ab--cara-delevingne-hair-color-cara-delevinge.jpg.)


Ces 2 là, excusez l'expression, se cherchent le cul pendant quasiment tout le film, ils sont relous et pas attachants pour un sou !


Ensuite, le film, malgré ses 2h15, ne creuse pas assez ce qui pourrait l'être. L'intro


avec la station spatiale grandissante


est marrante et bien trouvée mais ensuite, on n'a droit qu'à une visite touristique énoncée par un ordinateur


(suivie, plus tard, d'une course poursuite en ligne droite qui a le bon goût de passer par tous les quartiers précédemment citées : c'est beau le hasard...).


La cité manque de vie, de liant, de... quelque chose ! Du coup, et alors que ça n'est pas tout à fait le cas, on a l'impression tenace de toujours traîner dans des corridors lambda. Et si l'aspect


enquête sur la zone au coeur de la cité ou l'histoire des réfugiés


aurait pu/du trouver écho chez moi, les acteurs, le rythme, les péripéties ou les choix de scénar font qu'on s'en fout :


"Il y a une zone radioactive grandissante au cœur de la station, nous allons mourir dans 8h"... ok... et ? ça ne m'émeut pas, je ne stresse pas (et tous les personnages semblent partager mon ennui), il ne se passe rien : j'aurais vu les prévisions météo de la semaine, cela m'aurait fait autant d'effet ! On se fout des enjeux du film et ça, c'est grave.


Enfin, je me permets un petit paragraphe concernant un problème récent de Besson : que les références abondent dans ce film n'est guère étonnant : Valérian (la BD) a inspiré tout un pan de SF (Star wars, etc.). Ce qui est plus gênant est que Luc, tout comme pour Lucy, ne digère pas les références pour "recracher" (bon appétit) quelque chose de personnel : il ne fait qu'un patchwork, probablement cool dans sa tête, de pleins d'influences, personnages, voir plans entiers mais sans les comprendre et sans les faire sien. Ok pour dire qu'Avatar a permis à Besson de se dire : "ok la techno est prête pour mon Valérian"... Sauf que les Pearls (par ex.) doivent bien plus aux Na'vis que la technologie qui les anime.


Bref, j'ai suivi tout cela sans ennui mais vraiment sans passion (je ne ferais pas mention de la partition de Desplat, une BO qui mérite clairement ce nom !).


Valérian est le brouillon du 5e élément (qui avait réussit tout ce que Valérian réussit ET rate), mais il sort 20 ans après, et ça, ça fait mal ! (#Claudy Focan, prod. Besson !).


Dommage, j'y croyais... et du coup, je ne sais plus que croire.

gruute
5
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le 30 juil. 2017

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gruute

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