J'ai tant aimé Luc Besson. Le Besson de mon enfance, celui qui a déridé le cinéma français et l'a aiguillé vers le divertissement là où il n'était que sérieux et comédie potache. Un Luc Besson qui a su faire rire et émerveiller avec son the Fifth Element, dernière incursion réussie dans la SF. Faire mieux était donc le challenge et le budget à disposition (près de 200 millions - le plus gros budget et de loin du cinéma européen) permettait d'y croire.



I didn't come here to get a makeover.



Mais malheureusement, Besson nous offre une nouvelle déception, ce qui devient récurrent ces derniers temps... Comme toujours, il y avait du potentiel pour mieux faire. Beaucoup mieux. Et le film commence d'ailleurs d'une bien belle manière. Par une superbe scène retraçant en quelques minutes, les débuts de la conquête spatiale jusqu'à la création d'une station interplanétaire enrichie par le savoir faire de plusieurs races d'E.T. s'accumulant au fil des décennies jusqu'en 2047, présent dans notre récit.


C'est la suite qui plus indigeste... On se retrouve avec la présentation d'une civilisation tout droit tirée d'Avatar mais qui malgré une relocalisation sur une plage aux Seychelles est décolorée et bien trop lisse que pour paraitre réelle. J'ai entendu beaucoup de critiques dire que c'était superbe. Alors oui, techniquement c'est bien fait mais vraiment pas à mon goût. Tout a un air tellement fake et superficiel qu'aucune vie, aucune émotion ne se dégage de tout cela...



I'm fighting for a noble cause, too. Mine!



Mais le pire arrive quand on se retrouve face à notre duo de personnages principaux. Valérian (que je cite en premier car bon, le film est un peu à son nom) et Laureline. Le premier est joué par Dane DeHaan et à moins que dans la BD (oui, je ne connais pas la BD, je ne peux donc pas juger de l'adaptation mais uniquement du film), Valérian soit un jeune con chétif, imbu de sa personne, et jouant le Casanova en carton, je pense qu'il y a une erreur sur la direction des acteurs... Cara Delevingne interprète Laureline. Je n'aime pas beaucoup cette célébrité, son hair hautain et ses prestations passées ne m'inspirent pas. Et pourtant, c'est de loin le meilleur élément du film. C'est l'actrice la plus impliquée et la plus crédible dans son jeu. Ne crions pas non plus à la prestation de génie, mais elle a su se révéler comme carte maitresse là où je m'attendais à ce qu'elle plombe le film! Comme quoi, on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise, à moins que l'amour inconditionnel de Besson pour ses actrices qu'ils tirent sur le sommet de ses pellicules n'y soit pour quelque chose...


La suite de l'histoire, sans spoiler quoi que ce soit, est en résumé que l'humain est le connard de la galaxie saupoudré de condescendance écologique et humaniste livrant l'amour comme message de paix universel camouflé à travers un jeu d'Attrape-moi si tu le peux... Rien de follement intéressant, au point que les 2h20 de cinéma se font véritablement ressentir. Des personnages secondaires sont ajoutés aléatoirement dans l'intrigue sans qu'ils aient jamais une importance essentielle dans l'histoire. On retrouve notamment une Rihanna complètement ridicule qui a dû décomplexer la prestation de Marion Cotillard dans le troisième Batman de Nolan, un Clive Owen au rôle clair comme de l'eau de roche (tellement clair qu'il ne sait d'ailleurs plus comment interpréter son rôle dénué d'une quelconque profondeur) et un Ethan Hawke qui ne cabotine pas si mal que cela en mac intergalactique.



Rules are rules and this is a place where we make love, not war.



Voici un passage en revue des plus gros points faibles du film à mon sens :


1) le couple Delevingne - DeHaan ne fonctionne pas du tout. Il n'y a aucune alchimie entre les deux, leur jeu de fuis-moi, je te suis ressemble plus à un jeu entre frère et sœur qu'à une tension sexuelle prête à imploser, physiquement ils ne matchent pas, et l'attitude de Valérian n'a aucune chance de séduire la belle dans son uniforme. Il parait prétentieux à souhait et ne colle pas au profil décrit par sa fonction. Du coup, il ne nous touche pas une seule seconde. Et s'il ne nous touche pas, comment voudrait-on qu'il puisse partir avec la véritable héroïne du film?


2) le fun, il est où? (Le premier qui répond dans mon cul recevra une gommette!). Le gros point fort du 5ème Élément était d'être fun au possible. Ici, on se fait chier. L'humour n'est pas top et les dialogues ont été écrit par Jul (c'est la seule explication que j'ai trouvé!)...


3) le rythme de l'aventure. Il est effréné. On ne se pose jamais, c'est fatiguant à suivre, pas toujours clair et quand les explications arrivent, elles sont lourdes, obvious et détaillées pour qu'un enfant de 5 ans avec des troubles de la concentration soit certain de n'avoir loupé aucun élément. Ce rythme rapide pose réellement problème car la seule chose un peu attrayante dans le film est la richesse de l'univers déroulé sous nos yeux. Que ce soit en termes de races aliens ou des costumes qui ne sont vraiment pas si mal, des différents décors créés ou des vaisseaux à disposition, le film ne ralentit jamais et ne laisse donc aucune occasion d'observer ce qui est présenté. C'est un peu dommage pour la direction artistique... Mais bon de toute manière, elle est kitch!



It's our mission that doesn't make sense, sir.



4) Le scénario ne tient pas trop la route dans le fondement même de son intrigue. J'écris la suite en spoiler même si ce n'est qu'un détail dans le néant scénaristique.


On a une quinzaine de clampins d'une race extraterrestre manifestement primitive ne connaissant ni mécanique, ni électricité et n'ayant aucune notion du monde extérieur qui se regroupe dans la carcasse d'un vaisseau qui écrasé sur leur planète. Suite à quoi leur planète explose complètement désintégrant toute âme y vivant. Mais si vous êtes sur un vaisseau spatial déjà démoli, pas de souci, vous en réchappez sans problème majeur. Ensuite sans aucune connaissance mais uniquement en observant des gens faire certaines choses (qui n'ont pas forcément un rapport direct avec les réparations que vous entreprenez), vous apprenez instantanément toute une technologie dont vous n'avez même pas les concepts scientifiques de base... Alors ça ne me dérange pas qu'on me prenne pour un con, mais même moi, j'ai mes limites...


Bref, j'avais vraiment envie de voir Luc Besson porter sur ses épaules l'image d'un cinéma européen pouvant rivaliser avec les meilleures productions américaines, mais au final, à l'image de the Great Wall sorti plus tôt par nos amis chinois, on aura une démonstration technique comme signe d'avertissement à nos amis amateurs de burgers que la concurrence arrive. Mais telle l'armée des morts dans Game of Thrones, elle prend son temps en se déplaçant. L'histoire du lièvre et de la tortue?

MathiasBaum
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le 2 août 2017

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