Valerian et la Cité des Mille Planètes est une promesse. Une promesse que Luc Besson a fait à ses idoles que sont Christin et Mézières, les créateurs de Valerian et Laureline, à son public qu’il a fait rêver durant les années 90 et surtout la promesse de la grande science-fiction à la française au cinéma. Pourtant les choses ne sont pas si simples pour le réalisateur de Léon et elles deviennent laborieuses une fois que le temps de l’hommage est passé.


Si le space-opera moderne doit ses lettres de noblesse à quelqu’un c’est bien à Valerian et Laureline chez qui George Lucas lui-même ira piquer autant d’idées que de designs pour sa saga Star Wars. L’adaptation de Valerian et Laureline devait relever un bon nombre de défis, à commencer par ne pas tomber dans le piège du déjà-vu en faisant une oeuvre déjà datée avant même son exploitation en salles obscures. C’est bien là, une des forces de Valerian et la Cité des Mille Planètes par ailleurs, Besson réussit non seulement à retranscrire l’univers incroyablement riche de la BD originale à l’écran avec une prouesse visuelle à couper le souffle mais il arrive également à innover malgré le matériau de base qui s’avère être quasiment l’origine de tout film de SF spatiale depuis 40 ans.


Visuellement extraordinaire, Valerian et la Cité des Mille Planètes collectionne les décors picturaux accordant une touche de poésie et d’onirisme à ce blockbuster calibré. Le film peut compter sur son introduction et un premier acte maîtrisés d’une main de maître pour installer ses légendes et surtout la confiance vis à vis du public. La première heure de Valerian est un régal. Inédit, dépaysant et sublime, le nouveau Besson, talentueux touche à tout et faiseur de rêves, semble tenir toutes ses promesses et va même au-delà en osant le risque d’une introduction d’histoire, muette pendant dix minutes et à la beauté exceptionnelle jusque dans les détails de l’animation par motion-capture, expérience acquise chez Arthur et les Minimoys. Les premières péripéties engagées, le réalisateur français fait même preuve d’inventivité dans son écriture et son montage, jouant avec les perceptions des personnages sur différents degrés de réalité, donnant un spectacle étonnant et même brillamment mis en scène. Alors que tout semble gagné pour Luc Besson, Valerian entame sa seconde heure, sa seconde heure de trop dira-t-on. Si l’on a dores et déjà du mal à reconnaître Valerian et Laureline comme on a pu les connaître à travers les bédés originales ou l’anime produit par Europacorp, surtout dans leurs caractères, l’écriture stagne dans un élan de fainéantise inattendu et complètement soudain. Le fil rouge s’empêtre dans des sous-intrigues ennuyeuses à rallonge prétextes à money-shots en tout genre dont le souffle épique ne sera jamais réellement porté jusqu’au bout, collectionnant les gags lourds et dialogues aussi fins qu’un char d’assaut. Là, Valerian déçoit et sombre progressivement dans les méandres du pire de Besson. Valerian et la Cité des Mille Planètes devient un divertissement beauf en roue-libre, le long-métrage échappe complètement à son réalisateur, sous les yeux du spectateur. Avec ses personnages-fonctions oubliables, ses protagonistes pénibles dont le développement frôle le néant total, un Dane Dehaan zombifié en sous-jeu constant, confirmant au passage qu’il est l’erreur de casting principale de ce film, peinant à rendre la réplique à une Cara Delevingne pourtant plus impliquée, Valerian tombe dans la simplicité du film con comme la lune par excellence qui essaie de complexifier sa trame en guise cache-misère, où le prodige visuel n’est au service de rien et les grands thèmes chers à Christin et Mézières sont saccagés sans sommation au profit d’un mauvais drama pour adolescents. Toutes les promesses du premier acte font place à un enchaînement de fautes de goût, de cabotinage par ses acteurs complètement perdus ou désintéressés, de dialogues niais et atrocement pris au sérieux et de péripéties gratuites présentes pour étoffer une intrigue principale incapable de remplir les très longues 2h16 du film. La musique composée par Alexandre Desplat répondant aux abonnés absents, a le culot de ne proposer aucun thème mémorable ni même à la hauteur du mythe. Plus anecdotique tu meurs. Valerian et la Cité des Mille Planètes apparaît dès lors comme un monstrueux gâchis, une mauvaise blague à laquelle on ne peut se résoudre à croire. Syndrome Jupiter Ascending des sœurs Wachowski.


Alors que l’écriture désastreuse du film n’arrive plus à être cachée par les environnements dignes des plus belles cartes postales galactiques, Luc Besson lâche la caméra pendant le dernier acte. La mise en scène efficace et même inventive du début de film s’efface au profit d’une banalité douloureuse, accordant un sentiment interminable à Valerian qui n’est plus que l’ombre de lui-même, un ratage en beauté doublé d’un suicide artistique sous les paillettes et la pyrotechnie.


Valerian et la Cité des Mille Planètes était pourtant si bien parti pour être la claque espérée, il n’en n’est qu’un poing au ventre qui donne la nausée et l’envie que le tout s’arrête. Raté à tous les niveaux dès son second acte et jusqu’à sa fin, le nouveau film de Luc Besson frustre plus qu’il ne divertit, est ennuyeux, régressif et artificiel. Valerian et la Cité des Mille Planètes avait tout du grand cinéma ambitieux, osé, artistiquement bluffant et nous y fait croire pendant 45 minutes mais ne reste que l’arrière-goût d’une royale déception et d’un plantage de haut niveau.


Luc, je me sens trahi.

Créée

le 28 juil. 2017

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