Dans les ténèbres du 21ème siècle, il n'y a que Besson.

Ça avait pourtant bien commencé.


J'ai arrêté de regarder les films de Besson depuis un moment déjà, habitué aux déceptions chroniques que concocte systématiquement le bonhomme.


Et puis j'ai vu cette bande-annonce qui a réussi à me donner envie de voir Valérian. La musique étrange, la promesse de se promener dans un univers mystérieux (je ne connais Valérian que de nom et de réputation, n'ayant jamais feuilleté la BD), des séquences dynamiques et créatives... J'ai eu foi en Besson, en me disant qu'il pourrait peut-être réussir à m’intéresser comme avec le Cinquième Élément.


Et j'ai été déçu ! Ce film m'aura donc servi de piqûre de rappel : je ne retournerai pas voir un autre film EuropaCorp avant au moins cinq ans.


Commençons par les bons points ! Tout d'abord, je ne connaissais Cara Delevingne qu'en tant que mannequin et la découvrir actrice a été un plaisir. Hormis sa beauté physique, elle dégage quelque chose de plaisant et d'expressif qui la rend immédiatement sympathique (bien plus que le héros du film). J'espère la découvrir un peu plus dans de futurs projets au cinéma étant donné qu'elle a décidé de s'y consacrer pleinement.


J'ai pris du plaisir au cours des cinq premières minutes, sur ces séquences montrant en accéléré l'accession de l'Humanité à la communauté galactique et la construction de l'incroyable station géante basée sur la carcasse de la station spatiale internationale.


Quelques moments plutôt inventifs surnagent sur la médiocrité du film. Je pense surtout au Big Market, qui use de mécaniques que l'on a l'habitude de voir dans les jeux vidéo. Entremêlant les concepts de réalité virtuelle, de voyage dimensionnel, d'action et d'infiltration, ce passage m'a fortement évoqué le niveau du manoir à deux temporalités de Dishonored 2. Il y a pire comme référence ! Dans la même veine, la courte séquence où Valérian traverse rapidement de multiples environnements à l'aide des capacités de son armure était très ludique, rappelant les mécaniques des jeux de plateformes.


Malheureusement, l'esthétique globale du film renvoie elle aussi aux jeux vidéo. Je ne parle pas de la direction artistique (qui est honnête quoique oubliable) mais bien de la technique. Pendant toute la durée de la projection j'ai eu affaire à une chiasse numérique constante me donnant l'impression de regarder les cinématiques d'un jeu vidéo. On est au cinéma les gars, immergez nous dans votre univers ! Tout semble artificiel, lisse et chiant. On nous propose pourtant une multitude d'environnements et de races extraterrestres qui auraient pu être agréables à découvrir si'ils n'avaient pas tous souffert de ce rendu froid et peu crédible. Ajoutons à cela la 3D sacrément ratée par endroits, qui étale un peu plus la merde sur l'écran. Quand je pense que Au-revoir là-haut, le dernier film de Dupontel (vu en avant-première tout récemment) parvient à proposer des environnements CGI infiniment plus crédibles pour un budget infiniment moindre... Alors certes, il s'agit de décors d'époque inspirés du réel, mais tout de même ! Si on arrive à recréer parfaitement un champ de bataille ou une ville marocaine sur ordinateur, on doit être capables de la même performance pour des décors de SF, non ? Présenter moins de lieux et de personnages aurait peut-être permis de prendre le temps de mieux les présenter et les réaliser.


Et le temps, on ne nous en laisse pas beaucoup. Jamais de moments de répit, histoire d'apprécier ce que l'on voit. On enchaîne les scènes sans prendre le temps de souffler, peut être par peur que le spectateur s'ennuie. A juste titre ! Je ne suis pas quelqu'un qui s'ennuie facilement au cinéma. Même devant un film qui ne me plaît pas, je ne ressens généralement pas d'ennui, je ne trouve pas le temps long. Valérian a réussi cet exploit, je m'en suis rendu compte lorsque je me suis posé l'horrible question : "Bordel, ça se termine quand ?".


Le scénario nous mitraille donc de ses munitions à pointes creuses avec sa structure expéditive, nous déroule son intrigue mal foutue à grande vitesse tout en se permettant de se donner des airs faussement complexes (mais en faisant des rappels continuels au cas ou le spectateur serait un peu trop con pour tout comprendre). A aucun moment on ne se soucie des personnages, principaux comme secondaires. Ils peuvent bien tous crever, on s'en fout. Le tout est enrobé dans un "message" affligeant de naïveté. Les dialogues sont extra-cheesy, débordants de bons sentiments surtout en ce qui concerne la race des Plagistes à perles. La romance entre Valerian et Laureline est ridicule et aboutit à un supplément de fromage fondant qui écœure au-delà de la première bouchée. Les méchants sont identifiables dès qu'on les voit pour la première fois alors que la narration tente de laisser planer un suspense misérable sur leur identité et leurs motivations.


On a également affaire à de régulières incohérences comme par exemple au cours de la séquence du Big Market où Valérian se trouve à cheval entre deux dimensions. Le film semble nous expliquer tout d'abord que le héros reste dans notre dimension, et qu'il ne se rend à Big Market qu'à l'aide d'un genre de casque de réalité virtuelle. Son image est projetée dans la dimension alternative, mais a priori il ne s'agit que d'une image. Lorsqu'il se déplace, il marche bel et bien dans notre monde à nous, ce qui le déplace dans l'autre dimension de manière synchrone. A priori, il ne peut rien craindre dans l'autre dimension. Pourtant les combats semblent l'inquiéter au plus haut point, comme s'il risquait de mourir en étant attaqué dans l'autre dimension. Étrange. Encore plus étrange : à un moment Valérian se voit obligé de descendre plusieurs étages dans un bâtiment de l'autre dimension... tout en restant à la même altitude dans notre monde. Film, peux-tu s'il te plaît être cohérent avec les règles que tu donnes ? La logique voudrait que même si le sol s'effondre sous le héros dans l'autre dimension, il reste en suspension dans les airs (ben oui, vu qu'il est toujours bien les pieds sur terre dans notre monde). Ou alors, s'il tombe dans la dimension alternative, on peut supposer qu'il se retrouverait sous terre dans notre monde, comme un personnage de jeu vidéo qui glisse sous le terrain du niveau. Oui c'est tordu, mais c'est quand même plus cohérent que ce que nous montre le film, à savoir la désynchronisation du Valérian réel et de son image projetée dans la dimension alternative, ce qui n'a aucun sens. Il ne s'agit que d'un problème parmi tant d'autres que vous pourrez vous amuser à découvrir dans le film. Une pensée amusée aussi pour cette armure qui donne une super force, une super vitesse, qui permet de générer des plateformes lumineuses et qui possède des fusées sous les pieds, mais qui ne fonctionne que quand cela arrange le scénariste (en l'occurrence, notre bon vieux Luc).


D'ailleurs, en parlant d'humour : la majorité des blagues et situations cocasses tombent à plat.


On remarquera la présence inutile des guests servant de seconds rôles, comme Alain Chabat ou Rihanna. Oui, moi aussi ça me fait drôle de mettre ces deux noms côte à côte. Chabat (que j'adore) incarne un personnage oublié sitôt qu'il a quitté l'écran, dans une scène tout à fait dispensable. Quant à Riri (dont je n'ai strictement rien à foutre), elle donne vie à un tas de gelée bleue niaise et qui sert de danseuse de cabaret. Passionnant.


Le film s'achève comme on l'a imaginé depuis le début. Aucune surprise ! Tout s'aligne et s'imbrique parfaitement, comme papa dans maman. On nous lance la musique de générique, et on se rappelle alors qu'on a remarqué aucune musique dans le film à part Space Oddity de Bowie au tout début. Pas même un thème principal, rien. On dit parfois que les musiques qui ne se remarquent pas sont les meilleures, parce que cela signifie qu'elles collent parfaitement à l'image. Pas cette fois.


Ça avait pourtant bien commencé.

BobbyMcCouille
3
Écrit par

Créée

le 30 juil. 2017

Critique lue 545 fois

3 j'aime

BobbyMcCouille

Écrit par

Critique lue 545 fois

3

D'autres avis sur Valérian et la Cité des mille planètes

Valérian et la Cité des mille planètes
guyness
3

Les gens vils, selon Saint Luc

Traverser les galaxies, réunir 1000 planètes pour découvrir que tous les aliens de la création ont l'humour de Luc Besson... Foncer droit vers les étoiles, et tomber sur la cité d’Emile pas net...

le 6 déc. 2017

79 j'aime

32

Du même critique

Wasteland 2
BobbyMcCouille
5

Fadeland 2

Grand fan devant l'éternel des univers post-apo, j'ai cependant hésité un moment avant de jouer à Wasteland 2. Mais après les appels du pied plus qu'appuyés de certains amis j'ai décidé de me...

le 22 août 2015

10 j'aime

2

Kung Fury
BobbyMcCouille
5

Kung Fury : la déception

Après une très longue attente depuis que j'avais visionné la bande-annonce, j'attendais de passer un EXCELLENT moment avec ce Kung Fury. Alors effectivement, j'ai passé de bons moment, mais ce...

le 29 mai 2015

10 j'aime

2

Superhot
BobbyMcCouille
8

Hotline Miami 3D ?

Petit spoil possible. Quel jeu ! J'avais déjà joué à SUPERHOT aux alentours de 2014, alors qu'il n'était que le prototype sur navigateur d'un jeu de game jam imaginé par une équipe de développeurs...

le 28 févr. 2016

10 j'aime

2