Luc Besson essaie de nous refaire le coup de son "Cinquième élément" vingt ans après. Sauf que depuis, beaucoup de choses ont évolué au cinéma et plus précisément dans le domaine de la science-fiction et du space-opéra. Avec son "Valerian et la cité des 1000 planètes", plus gros budget jamais mis sur la table pour un film francais, il s'éclate comme un gamin et tente de nous en mettre plein la vue. But à moitié réalisé pour ces aventures dans l'espace qui ont le mérite de divertir et d'amuser mais qui n'innove jamais vraiment sur un terrain balisé et qui semble définitivement réservé à "Star Wars" ou "Star Trek". Le résultat est un enchantement visuel saturé de couleurs et de décors grandioses (paradoxalement paraissant parfois un peu cheap) pour un univers foisonnant qui devrait rejoindre "John Carter" ou "Jupiter Ascending" dans la liste des essais de science-fiction notables mais bancals.
En effet, après une scène pré-générique bien trouvée mais un prologue trop noyé sous les effets spéciaux, l'histoire qu'on nous à concocté ne brille guère par son originalité. Pire, elle manque de panache et se révèle le talon d'Achille d'une superproduction à la proposition formelle cohérente mais qui ne sait pas quoi raconter. Durant plus de deux heures, Valérian et sa collègue Loreline vont donc enquêter grâce à un scénario à trous qui tient sur un ticket de métro, prétexte à aligner le savoir-faire des artisans visuels du film et les morceaux de bravoure des doublures. L'histoire est donc d'une banalité confondante et d'une naïveté qui passerait presque pour de la candeur adolescente. Mais Besson à soixante ans... Même ses personnages principaux manquent d'écriture et les acteurs choisis pour les incarner n'ont pas le charisme suffisant pour pallier à ces failles de synopsis.
Quant aux (maigres) rebondissements, on les voit arriver une heure avant qu'ils ne soient dévoilés! Le pire dans tout ça est qu'une bonne demi-heure du long-métrage développe une sous-intrigue totalement inutile, servant à introduire le personnage joué par Rihanna et davantage destinée à développer un bestiaire amusant mais dispensable. Malgré ces gros défauts de fabrication narratifs et une impression de gros pudding de cinéma, on ne passe pas un moment désagréable. Mieux, on ne s'ennuie pas une seule seconde et c'est là l'art du cinéaste de savoir divertir quand bien même il pêche par excès de confiance et manque de sérieux. Son dernier opus en devient donc un objet honorable et rutilant à regarder tranquillement un samedi soir à défaut d'être le grand film de science-fiction rêvé.