L'Amour... Putain l'Amour...
Un enfer pavé de bonnes intentions, mais qui par magie fait que tout passe. Et c'est l'Amour qui est à l'origine de ce film, l'Amour de Besson pour la bande dessinée Valérian. Et ce projet a le mérite de faire découvrir à tout le monde une merveilleuse licence française vieille de quasiment 50 ans, qui a révolutionné la SF et inspiré de nombreuses autres oeuvres (au pif: Star Wars, rien que ça).
Oui, Besson nous propose son adaptation des aventures du célèbre couple d'agents spatio-temporels...


... Et c'est là le problème. Comme pour toute adaptation, il y a forcément des coupes, des raccourcis, des impasses... Des choix faits pour retranscrire la substantifique moelle d'une oeuvre dans une bobine d'un peu plus de 2h. Et certains de ces choix sont catastrophiques, et c'est parfois indigne et incompréhensible de la part de Besson, d'un mec qui a une telle carrière derrière lui.


Pourtant tout commence bien. En guise d'intro, on a un rapide cours d'histoire sur la conquête de l'espace par l'Homme sur un fond de Bowie (je vous le donne dans le mille: Space Oddity.... trop original...), en commençant par la fameuse poignée de mains américano-soviétique de 1975, puis l'ISS, etc... Jusqu'à un futur où la station orbitale en masse critique doit se détacher de l'attraction terrestre, sous peine de devenir une réelle menace pour la Terre. Direction les nuages de Magellan et le 26e siècle, où au fil des siècles, la station renommée Alpha (l'équivalent de Point Central dans la BD) s'est développée et rencontré des centaines et des centaines d'espèces extra-terrestres.
Bref, du space opéra traditionnel. Et là, le spectateur peut se dire que ça sera un très bon film, puisque Besson a déjà oeuvré dans cette branche avec brio il y a 20 ans. Un Le Cinquième Élément-bis. Et d'ailleurs, on retrouve plusieurs éléments "clin d'oeil" ou idées communes: la planète Mül fait penser à la planète Fhloston. Il ya aussi Big Market, dont l'ambiance "lieu pour touristes" fait penser au Fhloston Paradise, avec un guide-animateur qui fait furieusement penser à Ruby Rhod (mais en moins exubérant). On en prend plein les yeux, l'univers graphique est très joli, peut-être même trop. C'est une explosion de couleurs. On comprend le budget astronomique du film, tout est passé dans les CGI.


Mais là, Besson n'est pas maitre de tout. Il doit travailler avec des bases déjà établies. Et malheureusement, ces bases sont bafouées:
Premièrement, les personnages de Valérian et Laureline sont ici sans intérêt.
Valérian, qui est censé être une sorte d'aventurier charismatique, vivant un peu en diléttante, un presque anti-héros, est ici un brave petit soldat, un tombeur avec un très grand tableau de chasse (qui drague lourdement Laureline, sans effets), imbu de sa personne et finalement incapable de faire quoi que ce soit tout seul, interprété par Dane DeHaan, l'acteur le moins charismatique de ces 5 dernières années.
Laureline, qui est censée être une jeune femme intelligente avec un fort caractère mais qui reste juste et enjouée, est ici juste une pseudo-scientifique désagréable aussi expressive qu'une moule, interprétée par Cara Delevingne qui n'a toujours pas compris qu'une actrice doit jouer avec les émotions, émotions qu'elle est incapable de transmettre, comme toute bonne mannequin.
Ce qu'il reste heureusement, c'est que Valérian tombe toujours dans les embrouilles, et Laureline, plus débrouillarde, arrive toujours à le sortir d'affaire, et faut avouer que c'est ce qui fait le charme de la saga.
Le problème qui découle de ce choix de casting, c'est qu'on ne ressent absolument aucune alchimie entre les 2 comédiens, pas le moindre atome crochu. C'est navrant, surtout quand on est censé voir un couple.
Ensuite, l'agence temporelle. C'est le sel de la saga BD, c'est en tant qu'agent spatio-temporel, que Valérian et Laureline vivent des aventures aux quatre coins du temps et de l'espace. Alors là, l'espace, oui, on l'a. Mais le temps... Rien, nada, que tchi, walou. Ici, Valérian et Laureline ne passent que pour des "mercenaires" employés par on-ne-sait-quel gouvernement.
Tout ça pour finir sur la trame du film. Zéro suspence, zéro surprise/twist/cliffhanger, rien... On sait qui est le méchant de l'histoire dès le début, et on devine tout le temps ce qui va se passer, malgré un enchainement des séquences un peu brouillon (exemple avec le pourquoi de la rencontre de Bob le Pirate). Sans saveur donc.


Mais il y a tout de même des éléments "intéressants" dans ce film. En bien comme en mal...
La présence des shingouzs (les "informateurs" de l'univers de Valérian), une Rihanna "Bubbles" qui offre le plus beau spectacle condensé de sa carrière digne d'Arturo Brachetti (mais qui reste toujours aussi mauvaise actrice... #battleship), un Alain Chabat méconnaissable qui occasionne le lancement de musique le plus mauvais de l'année (Jamming de Bob Marley démarre quand le personnage joué par Chabat dit s'appeler Bob), un caméo improbable de Jessica Rabbit (wtf?)...
Mention spéciale pour l'un des macguffins les plus ridicules jamais vu: le transmuteur/réplicateur, une sorte de petit pangolin qui chie des perles. La classe hein?



Un film visuellement magnifique, bourré de bonnes idées, dans un univers riche et passionnant.
Un bon divertissement SF, correct, qui plaira probablement au grand public qui voudra juste voir un film de SF, avec une happy end classique "l'Amour triomphe toujours de tout" mais...
Mais une très mauvaise adaptation de Valérian et Laureline, avec un casting aux fraises. Quitte à voir une adaptation, je préfère recommander la série animée.
(Très) beau mais creux: 6/10.



... Puis je préfère Laureline en rousse qu'en fausse blonde.

Arukadohoho
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le 6 août 2017

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Kieren Rhys

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