Génocide des univers fictifs: Luc Besson n'est pas le seul coupable

Juillet 2017, Pacific Theater's The Grove, Los Angeles. C'est le début d'un grand road trip à travers les États-Unis et là je me tiens devant un de ces grands cinémas américains. Le choix doit donc se faire entre Atomic Blonde et Valerian. Je choisis Atomic Blonde bien entendu.
Rentré en France, je me retrouve devant le cinéma pour cette fois-ci me décider à aller voir Valerian... Je vais finalement voir War of the Planet of the Apes. ET J'EN REMERCIE LES DIEUX!


Voilà que plusieurs mois passe et je me décide enfin de voir Valerian et comme je l'avais prédis, c'est du gâchis. Je n'ai pourtant pas pour hobbies de m'amuser à détruire toute la filmographie de Luc Besson, car en réalité je me fiche de ce qu'il peut faire et je n'espérais rien de lui. Je mets rarement plus de 3/10 à ces œuvres, c'est dire l'affinité que j'ai pour son cinéma et les seuls films qu'il a écrit que j'ai appréciés sont Wazabi et Bandidas, des histoires qui ne concernent pas la Science-fiction. Oui parce que je voyais les médias et certains cinéphiles s'accrocher à "ce réalisateur de SF", qui semble avoir fidéliser un certain public avec son 5ème élément. Public qu'il alléchait lors des campagnes promotionnelles de Lucy et de Valerian. C'est bien clair, je ne fais partie de ce public.


Donc bon parlons Science-fiction! Parlons de ce phénomène de destruction des films aux multi-univers plutôt que de faire la rétrospective d'un réalisateur "caméléon", "engagé" et pourtant "décevant" blah, blah, blah... Comme si ce problème - qui annihile des univers déjà existant sur d'autres supports - était propre à ce réalisateur. Rien qu'en citant quelques grosses productions, John Carter, After Earth, Oblivion, Tomorrowland, Thor Ragnarok, je m'aperçois que ces dernières subissent ce même sort tour à tour: des histoires portant sur un ou plusieurs univers fictifs qui sont malgré eux, de véritables bouillies numériques sans âme, sans identité, vide de toute complexité et donc sans intérêt. Des univers qui pourtant sont potentiellement intéressantes et sont tirées d’œuvres originales souvent élaborées mais qui se voient détruites à l'écran. C'est au sens figuré du terme que je parle donc de génocide des univers fictifs.


Et pour cause, des centaines de milliers de technologies dans l'espace volant en long, en large et en travers de l'écran, dont la plupart ne sont pas visibles à l’œil nue tant c'est illisible, des personnages et créatures peu innovants, extrêmement mal désignés (comme Bubble sous sa forme originelle), une mise en scène cartoonesque incohérente avec le comportement très rigide et sérieux de deux protagonistes. Mise en scène qui prend aussi son spectateur pour un débile (comme cette manière de montrer des personnages de dos sans révéler leur visage comme si on ignorait qui ils étaient). Un travail d'écriture des plus prévisibles et j'en reviens donc à Dane DeHaan: ce qu'il est mou, présomptueux et sans charisme (je l'avais déjà détesté dans Chronicle déjà). Quant à Cara Delevingne, elle prend parfois les commandes et se révèlent plus que le Valerian dans certaines scènes d'action dans lesquelles son partenaire se sent pousser des ailes et devient trop téméraire. Malheureusement, elle passe son temps à tempérer son coéquipier, quand elle n'est pas presque à poil dans d'autres plans, du gâchis. C'est pourtant glamour et appréciable le temps d'une scène comme le fait très bien Les aventuriers de l'arche perdue avec Marion, mais cette façon de défiler pendant tout le film à la manière des actrices passant devant l'écran de Michael Bay, c'est navrant!


Le film n'a aucune identité alors qu'on sent les intentions du réalisateur a nous présenter des mondes, des univers différents et colorés. Rien ne donne envie, ni les villes, ni les planètes. Les mondes semblent tellement factices. Durant le film, le protagoniste détruit tout un système qui se veut complexe et organisé, le temps d'une séquence et rien ne se passe, tout le monde continue sa petite vie, ce n'est pas grave, c'est le héros, on lui dit rien. Même les héros eux-même on ne les envie pas. Le manque d'attention à certains éléments et l'absence de background chez un personnage ou une ville entière suppriment toute possibilité d'empathie pour ces créations et empêche l'opportunité au film de faire de ses personnages, des icônes. Et c'est tellement navrant quand on sait que les technologies d'aujourd'hui peuvent hautement aider à la création d'univers complexes. En écrivant cette critique j'en oublie déjà les nombreuses créatures du film.


Je termine quand même avec les points positifs, oui parce que j'ai tout de même mis 4/10. Ces quatre points sont clairement accordés à la première partie du film qui reste correcte et bien rythmée, ainsi qu'à deux scènes clairement bonnes, celles d'Alain Chabat qui semble jouer un personnage vraiment intéressant mais du coup largement sous exploité, et celles de Rihanna. Eh bien oui, tout le monde crache dessus mais j'ai clairement adoré. Surtout que c'est sensé, et le rôle colle bien à la chanteuse.


2017, les grosses productions vont toujours mal à part quelques exceptions... Nolan? Villeneuve? Reeves? A l'aide! Ces bouillies numériques qui manque d'aventure c'est la nouvelle recette d'aujourd'hui. A se demander est-ce que le jeune public aime et s'identifie à ce genre de choses?

Jordan_Michael
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le 12 nov. 2017

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