Luc Besson, ou le réalisateur mainstream peu intéressant en terme de profondeur scénaristique pour ma part. Évidemment d'après cette introduction sèche, j'imagine que vous avez par avance deviné mon goût pour ses films (que je n'ai pas tous vu à ce jour). Il va donc de soi que je n'attendais rien de particulier avec Valerian. Cependant, comme il s'agit d'un film que j'aime très peu, il me semble intéressant de commencer ma critique sur des notes positives, pour ensuite conclure sur tout ce qui me gêne globalement. Je vais donc débuter sur ce qui m'a plutôt plu, voir même charmé à certains moments.


Comment flatter mon goût pour la SF


Ce film est une pure, radicale, totale, violente claque...Visuelle. Esthétiquement je n'en avais pas autant pris dans les yeux depuis Mad Max Fury Road. C'est sans problème qu'il rentre dans mon classement de films aux plus belles images. Brillant, coloré, riche en relief, Valerian a tout pour plaire artistiquement. On se retrouve alors immergé dans l'espace, un univers étrange remplis de particularités exotiques riches en originalité.
Que ce soit les Pearls avec leur planète Mül couleur cyan, ou la Cité des Mille Planètes et ses locataires extraterrestres à formes multiple, tout l'univers brille de mille feux.
L'idée d'un système de répartition en 4 pour chaque faculté d'extraterrestre à la façon d'un MMO m'a plutôt séduit, moi qui aime les excuses simplistes pour justifier une différence raciale (dois-je préciser que je parle d'un film de SF?). 30 millions d'éspèces différentes qui cohabitent dans un monde spatiale divisé en différents domaines, soit un lointain futur cosmopolite utopique ou plus rien ne semblerait inconnu... C'est merveilleux. (Sans parler des nombreuses créatures géantes qui ont su attiser ma curiosité Ex : Cortex Jellyfish etc).


Comment parler des points positifs de ce film sans mentionner le Big Market sur la planète Kyrian. On ne va pas refaire la énième critique de la société de consommation, il me semble logique que la scène pale d'elle-même. Seulement ici il est question d'un marché repensé dans le futur à l'aide de Réalité Virtuelle, sur une planète quasiment déserte. Une idée ingénieuse, haute en couleur qui a été mis en scène d'une façon too much, exagérant bien le trait de ce qui pourrait nous attendre dans plusieurs siècles. La visite guidée de Thaziit fonctionnait dans l'humour et introduisait bien le spectateur, si bien qu'à un moment j'ai même cru me voir dans Charlie et la Chocolaterie, c'est dire!


J'ai parlé de la créativité (et encore je n'ai pas parlé des armes qui sont étonnement bien pensées), mais parlons un peu de l'action. Car au fond, bien qu'i il s'agisse d'un film de SF, l'action de ce film n'est pas à mettre au second plan. Il faut dire que je l'ai trouvé plutôt correct. Il y a vraiment 2 scènes qui m'ont réellement marqué ; évidemment celle que l'on trouve dans le trailer, ou Valerian court avec son armure à vitesse améliorée, perçant les murs, voyageant à l'intérieur du vaisseau colossal qui semble sans fin. Des plans incroyables s'enchaînent et là encore on en prend encore pleins la vue.
Puis enfin, la scène de combat de vaisseaux spatiaux, juste au dessus de Mül. Depuis les Gardiens de la Galaxie, je n'avais pas encore vu de beauté pareil.
Mais bon, trève de gentillesse, passons maintenant au fond des choses.


Le peuple de Mül connaît le jeu Spore


Tout d'abord les Pearls. Bien entendu je pars du principe que vous avez vu le film, et je vais détailler tout ce qui me paraît absurde en spoilant. Donc on parle ici d'un peuple tribal, très peu avancé technologiquement, qui après l'anéantissement de leur planète apprennent par eux-même à diriger un vaisseau spatial extramülestre en seulement 6ans, qui plus est en se réfugiant dans un vaisseau spatial inconnu en plein orbite spatial. Et bien moi je connais un très bon jeu qui permet de réaliser une telle prouesse... Et avant d'acquérir la phase spatiale on doit même commencer par la phase urbaine. C'est pour dire à quel point même un jeu lambda totalement tiré par les cheveux me semble plus cohérent.
Ensuite j'aimerais savoir par quoi leur planète s'est faite détruite justement? On sait qui est le coupable, mais techniquement à l'écran on voit un vaisseau s'écraser qui entraîne une explosion totale. C'est peut être moi qui ait mal compris, mais ça m'a parut bizarre comme façon d’anéantir une planète. Puis il y a une seule et unique perle sauvée alors qu'on connaît la puissance atomique de cette source d'arme infinie, cela m'a parut peu crédible. Mais passons outre.


Scènes bonus


L'humour dessert le film.Je ne vais pas m'étaler sur la scène catastrophe avec le roi glouton, c'est une scène de gags inutiles qui m'a au pire fait légèrement sourire ;au moment ou Laureline s'évanouit toute seule comme une plume, soit un sergent surentraîné qui s'écroule bêtement pour servir une petite blague pas drôle. Elle se réveille ensuite juste après, enchaînant scènes d'actions puis... survient la mort de Bubble.
Le personnage qui sert à introduire Rihanna au casting : Bubble est un glamopode intéressant aux premiers abords, avec un pouvoir plutôt efficace lors d'une mission quelquonque, seulement étant donné que ce moment du film est vite oubliable et que sa mort n'atteint en vérité personne, le moment tourne même au ridicule. Bubble finit par ressembler à une arme épuisable plus qu'autre chose, au milieu d'une scène aléatoire qui a servi le spectateur en action et en gags dégoûtants.
Personne ne retient Bubble, et son utilité ne fut que technique.
Et puis j'aime bien les stupidités qui justifie une différence extraterrestre, seulement je ne suis pas trop fan de la mort en sable. Je sais qu'ils ont voulu rendre Bubble digne en le faisant disparaître comme par magie, seulement il ne suffit pas de mettre des sabots à un rat pour en faire un cheval.


C'était une bonne idée d'inventer de nouveaux styles de musiques, j'ai bien aimé quand Jolly demande à Valérian ce qu'il écoute : « Mano, Nano, Techno ? » Mais bon, j'accepte qu'il puisse y avoir une référence à Paul Verlaine mais Shakespear... Bon d'accord j'arrête de chipoter, après tout pourquoi pas. En l'an 2740... Enfin, je sais pas.


Une politique étrange


« Créature ». Ce terme pour désigner les aliens n'est pas employé que par le Commandant, qui est un raciste fini, mais bien par toute l'armée terrienne. Je crois même avoir entendu Valérian le dire. Pour une société cosmopolite, futuriste, civilisée et hyper fonctionnelle du 28ème siècle, j'ai trouvé ça un peu gênant. Les humains sont appelés « créatures » selon les autres races aussi ou pas ? La maison Alpha est une maison de « créatures » pour les armées ? Je n'ai pas trop approuvé ce manque de cohérence progressiste, qui rappelle au spectateur qu'un être vivant sous une forme alternative peut légitimement être considéré comme un monstre. Sauf bien sur lorsque ceci est critiqué, ce qui ne fut pas le cas ici. Pour une société ultra-moderne, c'est bizarre.


Valerian frappe sans hésitation le Commandant au visage après la révélation de sa trahisation autour des Pearls. Donc il l'humilie totalement, physiquement devant tout le monde alors même que le Commandant n'a pas encore été jugé par la justice.
Ensuite Valerian refuse de donner le convertisseur aux Pearls, car iil veut respecter son serment de soldat et laisser ce choix à la Cour. Volonté de respecter la politique qu'il sert donc, et d'obéir à son gouvernement. Là encore, j'ai trouvé ça bizarre par rapport au geste qu'il a effectué juste avant. C'est alors que surgit Laureline, qui avait des arguments en sa faveur pour le convaincre de ne pas se conformer aux règles. C'est maintenant que l'on tombe dans le non sens.


Le pouvoir de l'amour


Laureline demande à Valerian de remettre le convertisseur aux Pearls au lieu de le rendre à l'armée. Valerian refuse comme je l'ai dis plus haut. Argument de Laureline pour convaincre Valerian : « c'est pour ça que tu ne connaît rien à l'amour, love breaks rules » . Une phrase qui veut tout dire, et qui semble correct pour faire changer d'avis Valerian sur son objectivation automatique (d'après le film). Pourquoi pas, ici l'argument impose à Valerian d'oublier ses propres engagements politique, pour servir une cause qui lui semble juste personnellement, d'ou l'appel à « l'amour ». Sauf que immédiatement ensuite, l'amour de Laureline est malheureusement renvoyé à elle-même. Donc, elle reprend : « je te demande de me faire confiance si tu m'aime ».
La notion de justice et de rapport aux règles politiques n'ont donc plus de lien avec le peuple en question (qu'on veut sauver à la base), seule la personne propre de Laureline compte et nécessite d'avoir une valeur aux yeux de Valerian. En gros, cela reviendrait à prononcer « Si tu m'aime, fais ce que je dis ».
Le choix de Valerian au sujet du convertisseur ne dépend alors plus de son amour pour l'humanité des Pearls. Il dépend maintenant seulement de l'attirance qu'il a pour madame Laureline, qui a orienté ce choix sur elle. Tout est gâché.


S'en suit une histoire d'amour superficielle fondé sur une décision politique forcée. Valerian termine par dire à Laureline « I want only your name on my playlist », comme si cette phrase ici suffisait à prouver son honnêté, car après tout il a donné un convertisseur aux Pearls.
Laureline comblée, accepte l'amour de Valerian et lui donne une confiance totale. Comme quoi il en faut peu pour aimer quelqu'un selon Besson.


Conclusion


Je suis assez satisfait du cinéma en matière de progrès technique.


Ce qu'en pense Karla

Créée

le 21 févr. 2018

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