Qu'est-ce qui fait qu'on s'obstine parfois à jouer contre ses propres intérêts ? L'orgueil de ne pas vouloir se dédire, sans doute ; peut-être aussi la volonté de se sentir plus fort que la raison.

Ainsi un réalisateur peut-il, en appliquant la même recette qui lui a valu de rencontrer le succès 20 ans plus tôt : celle du film de SF grand spectacle mais néanmoins décontracté, recevoir un accueil très différent (encore que le Cinquième Element n'avait pas forcément plus d'éloges à sa sortie, ce qui laisse quelques espoirs pour un succès d'estime en 2037)...

Mettons le french bashing de côté, pour ne garder que le reste (même s'il ne pèse pas bien lourd), en prenant un florilège des critiques reçues par le film à sa sortie, prises sur sa page Wikipédia :

  • "un naufrage flagrant"... Où sont les arguments ? Quand une critique se résume à une formule de deux mots et demi (si critique il y a..?), c'est qu'elle manque de substance...

  • « obscur, pas drôle, indéchiffrable, indigeste » : obscur et indéchiffrable étant à peu près synonymes, je supposerai que cette appréciation est toute américaine, Télérama ayant jugé à l'inverse que le scénario était "simpliste", alors que Rolling Stone enfonçait le clou déjà planté par le Hollywood Reporter, en qualifiant le film de "brouillon", ce qui, du même coup le met d'accord avec le qualificatif d'"indigeste", d'autant plus qu'il lui trouve aussi des longueurs ; j'ai trouvé pour ma part que le niveau sonore de la musique était trop faible par rapport aux bruitages, et que ça nuisait effectivement (un peu) au rythme de l'ensemble.

  • "tape à l'oeil" (pour résumer) : ce n'est certes pas un film de Jean-Pierre Melville (Le Samouraï par exemple) ; mais le public visé n'est pas forcément le même...

  • dialogues "maladroits", "sans saveur", tonalité "ni intelligente, ni drôle" (ce qui se rapporte aussi aux dialogues, d'une certaine manière) ; mais encore : "casting boiteux", "acteurs sans charisme ni alchimie", "aussi mignons que des bébés salamandres" ( !.. Mais est-ce vraiment négatif ?) : à croire que personne n'a vu Rogue One, pourtant sorti un an plus tôt... Pour ma part, j'ai trouvé qu'il ne manquait que quelques muscles à Valérian, et quelques années au tandem que ce personnage forme avec celui de Laureline, pour être plus crédible dans son rôle, et que les dialogues étaient plus efficaces que dans nombre de films actuels, comme par exemple les derniers Star Wars, justement.

Enfin je regrette aussi que les deux noms n'aient pas donné un titre accrocheur (la BD s'appelait "Valérian et Laureline") pour le film, tant Cara Delevingne fait partie de ces acteurs/actrices (sans faire allusion à son côté "gender fluid") avec lesquels il se passe toujours quelque chose, quand la caméra est pointée sur eux.

Il faut espérer que le temps (et l'espace) rendront justice à ce long métrage, encore un fois ; en attendant Besson fera peut-être un ou deux mauvais films, de quoi remplir les caisses pour une suite, ce qui sera toujours moins fatiguant que d'en faire de bons (quoique) ; pour une prise de risque qui ne sera pas forcément plus grande, en plus, quand on voit la part d'irrationnalité qui joue dans la réception critique d'une oeuvre de cinéma...

lonevulve
8
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le 6 mai 2022

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lonevulve

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