Isabelle et Gérard se rendent à un étrange rendez-vous dans la Vallée de la mort, en Californie. Ils ne se sont pas revus depuis des années et répondent à une invitation de leur fils Michael, photographe, qu'ils ont reçue après son suicide, 6 mois auparavant.
Au sein d’un lieu évidemment choisi à la fois pour la symbolique qu’il transporte et pour ses caractéristiques géographiques (immense étendue de désert à perte de vue, écrasée par le soleil, mais au sein duquel il est malgré tout possible de dénicher des zones d’ombre), la Death Valley en Californie est le terrain adéquat dans lequel va pouvoir évoluer le couple Huppert et Depardieu. Mais surtout il devient le tombeau idéal où divers fantômes vont apparaitre et disparaitre, planant constamment entre ciel et sable.
Trois fantômes plus exactement. Le fantôme de Michael qui s’est donné la mort et qui revient hanter ses parents le temps d’un petit parcours initiatique. Le fantôme d’un couple qui s’est autrefois aimé. Et, au-delà de la fiction, ou plutôt accroché à la fiction, le fantôme d’un couple d’acteurs comme marqueur d’une mémoire du cinéma. Tout ça s’imbrique, se mélange, créant une atmosphère mystérieuse et laissant échapper des percées fantastiques floues.
Tout ça est très intéressant sur le papier, mais devient un peu bancal à l’écran. Disons que l’écriture de Nicloux, et ses intentions, sont un peu trop évidentes et lisibles, quand elles ne sont pas tout simplement gênantes au détour d’un dialogue. Les idées ne s’incarnent pas totalement, le côté mystérieux me paraît trop souvent fabriqué, et le trouble désiré n’atteint peut être pas le degré espéré. Et puis il y a un côté un peu trop malin et facile à tout vouloir laisser en suspens.
Mais il y a malgré tout un vrai plaisir à voir évoluer ces deux immenses acteurs dans ce lieu.
Surtout Depardieu qui dévore le scope. Filmé comme une créature monstrueuse et magnifique, pathétique et décomposée, il y a longtemps qu’il n’avait pas été aussi bouleversant.