On peut oublier le passé. Le passé lui ne nous oubliera jamais.

Paradoxe. Comment peut-on rendre un film traitant de la guerre et de ses massacres en quelque chose de poétique ?


Et pourtant "Valse avec Bachir" réussit ce tour de force avec brio, alliant différents thèmes et jouant sur l'animation comme transporteur d'un message humanitaire.


Tout d'abord, comment ne pas être subjugué devant un tel travail d'orfèvre de la part du réalisateur Ari Folman et de ses assistants artistiques. Ce film, ayant nécessité des années de construction, ne souffre à aucun moment d'un manque de réalisme de part ses gestes minutieusement travaillés. Les couleurs y sont sublimement insérées dans le cadre, variant selon l'ambiance de la scène. Tantôt très coloré pour y montrer le monde tel il est perçu, tantôt très sombre pour y montrer une réalité beaucoup moins plaisante à voir.


Vient ensuite la part du rêve et de la mémoire. Celle qui s’efface, celle qui change avec le temps. L'expérience décrite dans le film sur des photos de souvenirs n'est qu'une preuve parmi d'autre que tout peut se perdre au fil des périodes. Cependant "Valse avec Bachir" a le mérite de montrer qu'une reconstruction de la mémoire est possible, certes compliqué, mais possible.
Notre vision aidée par des témoignages ou des photographies se transforme alors peu à peu, on passe d'une sorte de rêve à quelque chose de plus proche de la vérité. Ari Folman a exprimer cela avec un changement d'ambiance pour les scènes de rêves, là ou les dessinateurs avaient alors un champ plus libre : l'imaginaire.


Autre thème important du film, la musique. Celle-ci, écrite et composé par Max Richter ajoute une émotion supplémentaire suivant la scène. On peut y entendre des musiques de type classique avec piano ou orchestre. En particulier pour la scène répétée de la sortie de l'eau à Beyrouth, scène particulièrement poétique.
Mais on peut aussi trouver dans "Valse avec Bachir" des musiques rock seventies eighties. En faisant cela Ari Folman y décrit une génération de jeunes soldats, perdues, désœuvrés. Des soldats qui partent au front car des vieux séniles l'ont décidés pour eux.
La scène de la chanson "This not a love song" ou celle du soldat prenant son arme comme une guitare est une façon de montrer cette génération désabuser, qui ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive.


Enfin le dernier point important du film et pas non des moindres, celui de la guerre et de la vision du réalisateur sur celle-ci.
Cette vision profondément humanitaire montre les terribles conséquences quelle engendre sur la société. Les massacres de Sabra et Chatila du 16 au 18 septembre 1982 ne doivent pas être oubliés, tout comme les autres massacres perpétuées durant ce vingtième siècle sanglant !
Aussi Ali Folman en faisant cela a dénoncé les agissements de son pays, Israël et d'une partie de la politique Libanaise de l'époque sans être toutefois menacé par celle-ci une fois le film sorti en salles. (Le gouvernement Israélien a d'ailleurs participé aux contributions financières pour la réalisation de se film, tout comme Arte.)


Ali Forman n'est pas allé jusqu'à rendre la guerre belle, aucune guerre ne peut l'être. Mais il nous a montré grâce à "Valse avec Bachir" que les horreurs de celle-ci pouvaient être montré sous un angle différent, celui du documentaire d'animation.

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le 15 juin 2013

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