Film à revoir pour comprendre la liaison entre les deux traumatismes de Ori, à six ans et à dix-neuf ans :

"Aux souvenirs concernant la guerre se rajoutent les séquences des réminiscences de la scène traumatique qui revient trois fois au cours du film. Associée à la même musique, cette scène hallucinée, en noir et or, de soldats israéliens émergeant nus de la mer sur une plage de Beyrouth comme des zombies devient une sorte de leitmotiv du film.

Ori nous en donnera l'explication. Il y avait plusieurs cercles de soldats autour des camps durant les massacres. Ari devait être dans le deuxième ou troisième cercle et averti plus ou moins précisément de ce qui s'y passait. A dix neuf ans, il s'est senti coupable, d'endosser le rôle qu'avaient tenu les nazis durant son enfance, ce qui a bloqué sa mémoire. Un premier traumatisme, celui des camps d'extermination vécu à six ans a bloqué le second, les massacres de Sabra et Chatila auquel il a participé en 1982.

Dans La maison du docteur Edwardes, premier film sur une cure psychanalytique, on avait bien aussi un premier traumatisme (la mort du frère) qui empêchait le souvenir d'un traumatisme plus récent (l'assassinat du confrère). On notera pourtant qu'ici la révélation du premier traumatisme est un peu banale. Tout juste renvoie-t-elle à la courte incursion dans le passé du père lorsque Ari raconte sa très courte permission après la bataille de Stalingrad.

Le film semble ainsi lier au sein du dessin animé troubles de la mémoire, souvenirs fantasmés, trip de la guerre subie et mauvaise conscience avant que ne surgisse, telle une libération douloureuse, la réalité vue en face. Le parcours d'Ari est alors symptomatique de celui de l'état d'israélien. Tant qu'il n'aura pas retrouvé la mémoire de ce qu'il fait subir aux Palestiniens, nul espoir de paix n'est possible. "
cineclubdecaen
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le 18 sept. 2013

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