Le "Van Gogh" de Pialat est honni par les puristes, sans doute parce qu'il se refuse à toute opposition romantique entre l'Art et la vie (façon Minnelli), et qu'il choisit de ne montrer que la vie (et donc la mort). Pire, l'oeuvre de Van Gogh n'est pas exaltée (les tableaux montrés sont de pauvres copies), et il n'apparaît pas comme un mystique maudit mais comme un être dont on brime la liberté : on l'étouffe avec l'heure des repas, avec ses toiles encombrant la maison de Théo, avec l'exigence de fidélité à la réalité, avec le commentaire de la critique infligé par Gachet... On retiendra surtout deux scènes qui capturent la puissance vitale : celle du déjeuner sur l'herbe, où affleurent le grotesque, l'improvisation, l'ivresse à travers des chansons, les sautes de ton. Celle du cabaret, dernier sursaut, dépense à la fois frénétique et mélancolique, abolissant toute chronologie... comme si la liberté de la main du peintre avait pris le pouvoir ! [Critique écrite en 2004]

Créée

le 14 oct. 2014

Critique lue 1.5K fois

16 j'aime

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

16

D'autres avis sur Van Gogh

Van Gogh
ghyom
9

Critique de Van Gogh par ghyom

A l'opposé du lyrisme de Minnelli, Pialat nous offre une vision sèche, brute de Van Gogh. Rien ne semble fantasmé ou nourrir le fantasme du spectateur. Van Gogh n'est pas le peintre maudit, sa folie...

le 14 janv. 2017

26 j'aime

4

Van Gogh
EricDebarnot
9

Puissance vitale

Le "Van Gogh" de Pialat est honni par les puristes, sans doute parce qu'il se refuse à toute opposition romantique entre l'Art et la vie (façon Minnelli), et qu'il choisit de ne montrer que la vie...

le 14 oct. 2014

16 j'aime

Van Gogh
Thaddeus
9

La tristesse durera toujours

Printemps 1890, Vincent Van Gogh arrive à Auvers-sur-Oise. Bientôt un coup de pistolet va éteindre à jamais ses soleils et la faux de la mort moissonner pour toujours ses récoltes blondes. Ce Van...

le 5 sept. 2022

12 j'aime

Du même critique

Moi, Daniel Blake
EricDebarnot
7

La honte et la colère

Je viens de voir "Moi, Daniel Blake", le dernier Ken Loach, honoré par une Palme d'Or au dernier festival de Cannes et conspué quasi unanimement par la critique, et en particulier celle de gauche....

le 31 oct. 2016

205 j'aime

70

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

99

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

183 j'aime

25