Après La Féline, Jacques Tourneur enchaîne sur un nouveau film dit d’horreur (le deuxième de ce que l’on appellera plus tard la « trilogie de la peur ») avec cette histoire de zombie, précurseur donc des futures productions de Romero et autres… Dans le rôle principal, Frances Dee montre son charme piquant et sensuel au service d’un talent sans doute pas assez reconnu. Le scénario enchaîne une très bonne exposition (inspirée à n’en pas douter de Jane Eyre) qui nous plonge d’entrée dans un monde de mystères avec une suite un peu moins soutenue et en rupture, qui se perd trop souvent dans des méandres parfois inutiles. L’histoire des deux frères en rivalité pour la même femme est un brin caricaturale et frôle souvent le cliché. De même, la romance entre l’infirmière et le mari apparaît n’exister que pour apporter la dose nécessaire de happy end hollywoodien à cette histoire par ailleurs très sombre voire désespérée. C’est sans doute le moins bon des trois films de la trilogie Tourneur mais c’est tout de même une œuvre à retenir, ne serait-ce que pour son atmosphère d’aventure et d’exotisme (les scènes de vaudou notamment, réalistes et fascinantes), remarquablement restituée par une mise en scène nerveuse aux images contrastées (des noirs et blancs d’école !) et une direction d’acteurs irréprochable.