J'ai mis un certain temps avant de renouer avec la filmographie de Johnnie To, un réalisateur hors-pair, qui a su à la fois se réinventer et renaitre de ses cendres durant ce début de siècle, en remettant au gout du jour les films de Gunfight; les fusillades bien sales, poisseuses, violentes et brutales sans pour autant délaisser ce qui a fait son charme dans certains de ses films, en y infusant une touche émotionnelle, de sympathie pour ses protagonistes.


Johnnie To a tout de même été pendant plus de 10 ans dans l'ombre de géants du genre tels que John Woo, Ringo Lam et dans une certaine mesure Tsui Hark.


Mais ce serait mal connaitre le bonhomme qui a rebondi de plus belle avec The Mission, la série des Élection et avec le majestueux et exceptionnel Exilé.


Vengeance ne fait pas dans l'originalité, dans la nouveauté, non il reprend les codes, les éléments qui sont chers à son paternel; une histoire sommaire, celle de La Vengeance d'un père, qui veut mettre la main sur ceux qui ont anéanti l'existence de sa fille. Un motif bien suffisant pour défourailler par dizaines des mafieux.


"Pourquoi se venger, la vengeance est-elle la seule échappatoire à cette histoire, à sa vie ?"


Pour cela, Johnny Hallyday, mine de rien et si surprenant que cela puisse paraitre est assez convaincant. Ok il casse pas la baraque comme un Chow Yun-Fat mais il fait le job, tout dans la sobriété et avec les moyens expressifs dont il est capable d'offrir. La touche amnésique du personnage pourra en agacer certains mais elle insuffle un peu de vie et de recul sur le reste de l'histoire. Malgré sa mémoire défaillante, il doit garder en tête son objectif.


Donc ce bon vieux Johnny va se mettre sur la route des assassins et croisera sur celle-ci des tueurs à gage qui accepteront le contrat afin d'accomplir sa tâche vengeresse.


La présence de ces tueurs à ses cotés va réussir à sublimer son aura.
Ces personnages le mettront sur un piédestal, dans la lumière, dans la ligne de mire pour faire retentir et éclater sa soif de vengeance.


Les tueurs à gage sont des gueules biens connues des amateurs de films hongkongais. On y retrouve ces bons vieux briscards d'Anthony Wong et Lam Suet.


Et leur cible est également un autre grand nom du cinéma asiatique, le charismatique Simon Yam qui campe le bon gros salopard de service.


La Vengeance est prête pour nous procurer une dose de duels, d'affrontements stylisés. Dans la même veine que ses précédents films, Johnnie To nous gratifie de fusillades dantesques, filmées comme un art à part entière, alternant entre grâce, élégance et raffinement.


Les joutes importantes seront à chaque fois un moment éblouissant, jouant avec l'obscurité d'un clair de lune, les gouttes de pluie à travers un bâtiment délabré et avec la pureté d'un terrain se transformant en champ de bataille.


Vengeance ne fait pas dans le demie-mesure, Vengeance fait ce qui doit faire, combler et satisfaire les fans du genre.

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le 5 août 2016

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Ninjeur

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