« Venise n’est pas en Italie » ou une comédie originale qui prend cependant un peu trop son temps pour nous surprendre et nous amadouer ! Mais quand elle y parvient enfin, elle le fait sans doute trop tardivement mais avec beaucoup de charme, et ce sans qu’on y prenne garde du tout ! De relativement indifférent, on se surprend à ressentir alors des émotions que les personnages, peut-être plus investis et sincères qu’au début, nous délivrent à travers leurs échanges enfin plus vrais, plus humains et plus profonds. Benoît Poelvoorde en père fantasque et un peu brut de décoffrage, dont les dictons facétieux sont sa spécialité, est parfait dans ce rôle de chef de famille aimant et rassurant, mais aussi infernal et lourd aux entournures pour ceux qui le côtoient. Tandis que Valérie Bonneton en mère et épouse, est elle, dans sa droite lignée tout crachée ! Quant au fils Émile, hormis son problème capillaire, c’est la parfaite antithèse de ce couple de parents. Délicat, romantique, prévenant et sensible, son portrait est une véritable découverte qui fait plaisir à voir, et dont le jeune Hélie Thonnat en est l’incarnation a lui seul ! Alors de très caricatural et franchement longuet, ce film tisse bon an mal an, des liens qui prennent sens petit à petit, et ce road-movie farfelu nous permet de les apprécier à leur juste valeur, d’autant plus que ceux qui les accompagnent sont dans leur genre assez étonnants, que ce soit en frère aîné ou autre passager éphémère ! On pense alors inévitablement à d’autres réalisations célèbres, comme « Little Miss Sunshine » ou « La vie n’est pas un long fleuve tranquille » pour ne citer que ces deux-là... On y trouve un peu les mêmes thèmes, la même approche à travers les rapports familiaux et sociaux, ainsi que la différence, la tolérance, l’écoute de l’autre, ainsi que paradoxalement toute une forme de rejet qu’un sentiment de honte viendrait même renforcer. Et au fond, toute la complexité des rapports humains, tout ce qui fait l’amour et son contraire ! Vraiment dommage que tout ce bon côté, bien brossé et bien analysé avec toute la tendresse et la bienveillance voulues, ne nous ait pas d’emblée conquis, ce qui aurait sans doute fait de cette comédie de Ivan Calbérac, un petit bijou d’humanité !