Anti-héros par excellence de l'univers Marvel Comics, Venom méritait bien son spin-off après la mésaventure Spider-Man 3. Mais Sony ne possédant pas les droits sur le célèbre tisseur, il fallait trouver une autre explication quand à l'origine du symbiote.


Attention c'est full spoiler below.


J'ai eu peur dès le début, non pas des symbiotes, mais de la bande son avec vocoder juste après la scène du réveil d'Eddie dans son appart. Ça met dans le bain direct : on va nous servir une soupe insipide. Alors voilà Eddie foire l'interview avec le méchant, il perd sa femme son chat et son job, mais bon, coup de bol, c'est un hôte de qualité pour le symbiote. Au passage vitre blindée ultra résistante qui tient bon face aux symbiotes, mais Tom Hardy est abonné à muscle & fitness alors le mec il met deux coups d'extincteur dedans et hop y'a plus de vitre ; et le voilà entamant sa symbiose avec Venom. Vous affolez pas trop quand même, faut attendre environ une heure pour le voir en entier. Après une course poursuite honorable, j'avoue.


Je trouve quand même dommage que le méchant ait autant de charisme qu'une tringle à rideau (sans son symbiote j'entends). Limite le chihuahua de l'hôpital avait plus d'envergure. Peut-être que ce vilain mièvre est là pour bien nous rappeler que c'est Venom le méchant dans l'histoire, vu qu'il veut détruire la Terre. Oh et puis finalement non, après avoir vu la meuf d'Eddie (et après avoir fait un tour dedans) il change d'avis : on est pas si mal après tout ici, vite, allons stopper le vrai méchant avant qu'il ne détruise la Terre.


Sérieux le scénar est digne d'une rédaction de CM1 : "alors on disait que le gentil il devient méchant, mais comme le méchant il devient encore plus méchant, ben du coup le gentil qui était devenu méchant il redevient gentil parce qu'il aimait bien la gentille". Bravo, tu passes en CM2, mention peut mieux faire.


Et maintenant que j'y repense, les méchants ces gros noobs, ils ont une base high tech ultra sécurisée mais par contre le budget CCTV c'est zéro. Du coup ils sont bien en galère quand Eddie repart avec le symbiote : "oh non, c'est pas vrai, mais quel est donc ce malandrin qui a bien pu nous voler?". Genre ils ont même pas un presta Securitas pour mater les vidéos de surveillance? Ils arrivent à savoir que c'est de la faute à la doc à lunettes mais sont obligés de la questionner pour avoir le nom d'Eddie?!


On a quand même quelques vannes potables au milieu de dialogues pas oufs, CGI plutôt pas mal sans pour autant être top top, mais également pas mal de plans ratés et un bon nombre d'absurdités cosmiques pour les fans du comics. Je ne suis pas un puriste, et j'apprécie même quand les scénaristes s'éloignent de la source si c'est pour améliorer l'histoire. Mais était-ce bien nécessaire de lui faire avaler des wedges surgelées, ou du poulet sorti de la poubelle? Surtout pour aller les dégueuler juste après dans ses chiottes bien crado. Et quid de la scène au restau, WTF? Le petit bain au calme dans l'aquarium des homards m'a tuer. C'est pas possible une scène aussi naze, à mi-chemin entre shitfest et clusterfuck, ça doit encore être un coup du CM2 : "alors on a qu'à dire que Eddie il veut manger dans les assiettes de tout le monde, et après il veut faire la bagarre mais la gentille lui dit que c'est pas bien alors il va prendre un bain dans l'aquarium et là ça va mieux olol trop rigolo".


Par moments niveau tonalité ça oscille entre une comédie avec Ben Stiller et le Spawn de 97 (RIP, les vrais savent). Ils sont passés complètement à côté de la personnalité d'Eddie Brock. Si mes souvenirs sont bons dans les comics il est censé être torturé psychologiquement, alors oui, sans Peter Parker on perd une grosse partie de ce qui attisait la haine et la jalousie d'Eddie ; et oui, il y a bien une scène ou deux où on sent un soupçon de je le veux - je le veux pas - je le veux - je le veux pas... Mais ça pisse pas très loin et au final Eddie est juste perçu comme un loser fini.


Et puis bon, if you die, I die... Eddie meurt transpercé, ah non, le symbiote le sauve. Le symbiote meurt brulé, good bye Eddie, ah non, il est encore là. Quel blagueur ce symbiote. Que de rebondissements mes amis!


Et ça se termine sur du Eminem, bordel ! Je l'aime bien le petit Marshall Mathers, mais bon ça colle pas au genre de super-héros qui s'accommode mieux (à mon avis) d'un orchestre symphonique pour jouer un truc épique. Venom méritait un thème musical sombre et magistral, vengeur et guerrier. Par moments on y croit presque pendant le film, on entend 3 ou 4 fois les cuivres faire pooom pom pom pom, mais rien de plus. Pourquoi payer un chef d'orchestre qui vend du rêve quand on peut payer un rappeur qui vend du single? C'était pourtant pas bien dur de faire un chèque à Hans Zimmer pour composer une musique mémorable à base de cuivres et d'orgues qui font flipper. Là ça manque clairement de panache!


Le générique de fin sous forme de taches animées à la Rorschach est plutôt cool, et constitue sûrement un des meilleurs clins d'œil du film à la schizophrénie du personnage des comics - je suis pas très calé en psycho mais bon on est d'accord pour dire qu'il est pas tout seul dans sa tête. S'en suit donc la traditionnelle scène post générique introduisant Woody Harrelson pour prendre les traits de Cletus Kasady aka Carnage. Ce choix me paraît judicieux pour incarner le personnage, qui dans les comics est un bon psychopathe en puissance ayant lui aussi le droit à son symbiote. Ça m'a donné envie de fouiller dans mes vieux cartons pour ressortir le crossover Maximum Carnage ; mais je redoute le pire pour le second volet s'ils gardent la même team aux commandes (tu sais, le p'tit CM2 qui gribouille le storyboard).


Après avoir vu le film je comptais le noter 6/10, parce qu'il n'était pas aussi mauvais que ce que j'avais pu lire : je m'attendais à une énorme bouse mais au final c'est juste une petite crotte. Le film aura tout de même réussi à me divertir par moments en dépit des 30 minutes de bonnes scènes coupées (selon Tom Hardy, maintenant reste à savoir s'il considère la scène des homards comme une bonne scène histoire d'avoir un référentiel). Par contre en me relisant je trouve que ça sonne plutôt comme un 4/10, max, et pas comme le 6 que j'avais initialement prévu. J'avoue m'être un peu enflammé sur la critique, je mets ça sur le compte de la frustration et de la déception, sur le compte du syndrome de stress post-traumatique qui survient typiquement à la suite d'un visionnage de film de super-anti-héros (Punisher, Ghost Rider, Spawn).


Bon ben je mets 6 quand même pour l'instant, vous pouvez vous foutre de ma gueule.

ohno
6
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le 26 déc. 2018

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Oh No

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