Ca fait longtemps que j’avais envie de découvrir le cinéma de Jess Franco. J’ai eu l’occasion avec Venus in furs, qui est considéré par ses admirateurs comme l’un de ses meilleurs films, et je ne suis vraiment pas déçu.
J’ai trouvé ça absolument fascinant. Le film emprunte plein de chemins, s’habille de styles différents (l’esthétique va de celle du giallo à celle des films fantastiques gothiques de la Hammer par exemple), déclenche des motifs ou des thèmes que l’on peut trouver chez des grands cinéastes (j’ai beaucoup pensé à Robbe Grillet, Antonioni, Lynch, Bunuel,…) tout en conservant sa propre cohérence, son propre univers.
C’est un cinéma qui me parle beaucoup, avant tout car c’est du pur cinéma de mise en scène. Toute la narration passe par le montage, les mouvements, les cadrages, les couleurs, les espaces…. Il n’y a presque pas de dialogues, uniquement la voix off du personnage principal qui ajoute au rythme lancinant du film, à son tempo jazz, à sa mélancolie ouatée. Il y a bien une histoire, d’ailleurs pour une fois elle n’est pas là comme simple prétexte, elle est traitée et indispensable, mais tout le film passe par la façon dont Franco filme les corps (les corps dénudées féminins mais pas que) les cheveux, les apparitions et disparitions dans le plan (film de fantôme, film sur l’errance des corps, sur le désir,…), et les décors (Istanbul et Rio superbement filmées).
L’histoire est assez simple. C’est celle d’un trompettiste qui trouve un jour le corps d’une femme nue sur la plage à Istanbul. Femme dont il avait fait la connaissance quelques temps avant lors d’une fête et qui s’était prêtée à un jeu fétichiste et sadique avec une femme et deux hommes (dont Klaus Kinski. Le trompettiste part à Rio, rencontre une femme brune, tout en restant hanté et amoureux par la blonde morte (Hitchcock meet Lynch meet Laura ).
La femme blonde va réapparaître (fantôme ?) et va se venger des trois qui ont provoqué sa mort.
Je m’emballe peut être, mais que ce soit sa dimension théorique, sa faculté de passer du Z au A en passant par l’expérimental, sa manière de jongler avec les styles, sa façon de filme les corps, sa capacité à stimuler les sens, … j’ai trouvé ça génial et j’ai vraiment hâte de creuser un peu ce cinéaste.
Teklow13
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le 31 mars 2014

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