Ça fait un bout de temps que j'ai envie de me mettre ce flm. D'abord parce que c'est un Aldrich, ensuite parce que j'ai envie de westerns en ce moment. Pourtant je n'avais pas prévu de le voir ce soir ! Je me gardais le film pour la fin de ma pile. Mais j'ai craqué ! Et j'en suis bien content !
L'histoire est plutôt sordide, pleine de violence ; on est bien dans le monde crasseux de Aldrich où la nature humaine est rabaissée bien plus en dessous qu'un chien. Ici, on ne tue que pour une chose : de l'argent ! Et tant pis si on ne sait même pas trop quoi en faire ! Il reste quelques valheureux qui ont des convictions, une raison plus noble de récupérer l'or. Mais les moyens pour y parvenir le sont rarement. Et puis au final, que ce soit pour la liberté ou pas, l'or ne servira qu'à une chose : répandre plus de sang !
Un scénario assez bien ficelé qui met en avant les objectifs de chaque personnage principal, ce qui créé forcément du conflit puisqu'ils sont tous à peu près égoïstes. Les résolutions se règlent la plupart du temps par balles, mais pas seulement. Quelques conflits internes se voient résolu par la contradiction de ces deux hommes mis ensemble, qui révèle contre toute attente une amitié des plus fortes. On est presque dans le Buddy Movie, et ce ne sont pas les répliques humoristiques et ce tandem de choc qui viendront me contredire.
La mise en scène est malheureusement un peu inégale. Rappelons que nous sommes en 1955, la plupart des films sont tournés de façon théâtrale. Il y a des exceptions, mais Aldrich débute et ne sait pas encore trop comment y faire. Ainsi il partage son découpage entre plans distants, classiques, et puis quelques plans assez baroques, réfléchis, audacieux, une caméra qui colle aux acteurs, qui adoptent des points de vue inédits qui se meut de façon extraordinaire. Ce mélange de deux genres filmiques perturbe un peu. En même temps cette maladresse est plaisante.
Pour faire oublier ce tracas, il reste des acteurs épatants. Gary et Burt en premier. Avec ce film, et au travers du sourire de Burt, j'ai eu l'impression que Charlton Heston était en fait un Burt Lancaster un peu raté physiquement mais au charisme et au jeu similaire (quoique Charlton est un peu plus excentrique). Dans les seconds rôles, on a de belles pouliches, mais aussi les jeunes Borgnigne et Bronson qui se montrent déjà à la hauteur de leur future réputation.
Bref, "Vera Cruz" n'est pas exempt de défauts mais assure un divertissement d'une rare efficacité malgré son discours assez sombre.