Comment mieux commencer l'année qu'en découvrant un grand classique du cinéma naufragé français ? Et oui, je suis comme ça, moi, j'ai des envies de Totof en plein 1er janvier. Bon, le résultat est tel que je l'imaginais, un échec perceptible dès l'introduction tant Narcisse semble s'être invité à la fête : et que je te case des comètes intersidérales, des gamins qui causent comme des livres (la môme de 7ans qui dit "j'attends autre chose de la relation entre un homme et une femme" !) et de la pomposité à tout va.
Le film balance sans vergogne son spectateur dans un contexte historique absolument pas explicité : accroche toi pour suivre, retenir le nom de tous les protagonistes et de leur tribu, et ensuite comprendre les enjeux et les trahisons. Puis, une fois que le monde a suffisamment vieilli pour que Vercingétorix ait enfin la tête à Totof avec une botte de paille sur le crâne en guise de couronne, le film prend des allures de Star Wars du pauvre, avec ses archi-druides Jedi qui enquillent les aphorismes hermétiques sans temps mort (magnifique réplique de Lambert avec "tes propos incompréhensibles ne m'aident pas", un beau résumé des dialogues).
Pour achever le tout, la réalisation est au fraise, sans parler du pire de tout, le montage qui achève la maigre cohérence visuelle en associant n'importe comment les scènes. Evidemment, avec de telles scories, les batailles ressemblent à de la bouillasse, avec des choix incompréhensibles de mises en valeur (ralenti, musiques glorieuses) de séquences sans intérêt tandis que par ailleurs, le héros marche confusément au milieu d'on ne sait pas quoi.
Une courte scène qui m'a bien fait délirer : César, en pleine brousse gauloise, qui illustre ses propos sur sa stratégie avec un scorpion dans un brasero, entouré d'un cercle de flammes (aboutissant au fameux suicide du scorpion). J'imagine le staff derrière qui doit gérer les lubies du boss, genre "hey les mecs, j'ai besoin d'un scorpion dans 5 minutes pour me la péter devant mes lieutenants... Quoi la faune locale ? J'ai une tête de zoologiste, moi ?". On retrouvera la même situation lorsque César s'amusera à cramer ses maquettes en bois pour appuyer son discours pro-barbecue.
Vercingétorix n'est pas un film à classer parmi les nanar de compét', on a plus affaire à un échec artistique français qui trouve sa source dans un script mal ficelé (étonnamment, on trouve crédité au scénario Norman Spinrad !) et dans l'indigence supposée du réalisateur et du monteur (selon certaines interviews de Lambert). A voir par respect pour notre cinéma national.