Il doit y avoir une date de péremption pour la flippe paranormale... si Poltergeist me jetait sur le bord de mon fauteuil dans les années 80, j'ai très sereinement encaissé cette descente aux Enfers adolescente et madrilène, regrettant même certaines longueurs dans les scènes à suspense. Mais, l'un dans l'autre, ça se regarde, et le fait que ça se prétende inspiré de faits réels (et du seul rapport de police d'Espagne mentionnant des événements inexplicables du genre esprit frappeur...) rajoute un peu de piment à l'ensemble. Pour le reste, une courageuse petite nana qui pallie les absences de sa mère, essorée par la conception aliénante du travail dans nos sociétés occidentales actuelles (et j'évite délibérément le terme de modernes, même si ce film de genre ne vise pas particulièrement la lecture politique du réel...), se retrouve totalement seule au moment où elle convoque, avec ses écervelées de copines, un esprit, au cours d'une séance de ouija. Il y avait éclipse de soleil à ce moment-là, et une bonne sœur aveugle, qui faisaitt la nique au vieillard lugubre du Nom de la Rose, rôdait dans le coin, brrrrr, on sentait la pente savonneuse ! De toute façon, seule, elle l'était déjà, à jouer les mères de famille entre ses journées de lycéenne. La réflexion sur le passage de l'enfance à l'âge de femme n'est pas l'aspect le moins intéressant de ce film, d'ailleurs. Après, il faut se fader les longues séquences angoissantes où les ampoules éclatent et où des silhouettes inquiétantes se profilent dans l'ombre. Mais c'est le tarif. Il fallait bien que j'aie à cœur de suivre un peu l'actualité du cinéma espagnol, qui cultive sa vocation horrifique depuis REC, pour m'engager sur ce chemin éprouvant... pas pour les nerfs, pour la patience. Mais bon, c'était un honnête divertissement, plutôt bien interprété, avec des enfants acteurs naturels, notamment le petit Antoñito, et je ne lancerais pas la pierre à ceux qui voudraient se lancer dans l'aventure.