Les amis, les amours, les emmerdes

Que feriez-vous par amitié ?

Pour Kyle et ses amis qui enterrent une vie de garçon il s’agira de cacher la mort d’une prostituée.

Laura , la fiancée de Kyle l’avait pourtant prévenu, elle n'aime guère ses amis, trop étranges ou infréquentables pour elle. Leur virée à Las Vegas l’inquiète. Pour le spectateur, il ne s’agit que des paroles blessantes d’une jeune femme qui n’apprécie guère les fréquentations de son conjoint. C'est classique..

Et pourtant ce même spectateur pourra découvrir que cet enterrement de vie de garçon n’est pas si joyeux, l’alcool coule à flots, la coke aussi, untel danse péniblement, deux autres sont engagés dans une inutile discussion d’hommes emportés par les abus. Peter Berg filme cette fête de façon gênante, les plans sont moches, les personnages pas au mieux de leur forme. Le malaise est installé, il sera brisé par une séance de sexe qui finira en accident mortel.

Il y a du sang partout, et il y en aura encore. Il ne s’agira plus de protéger des amis mais de conserver le secret sur ce qu’il s’est passé. Les conséquences s’enchaîneront, bousculant tout sur son passage, le spectateur compris.

Car Very Bad Things est d’un humour noir et sanglant, qui tâche. Il égratigne les caractères de cette bande d’amis, qui se laissent porter par leur lâcheté. Toute remise en question sera réglée. Emporté par leurs actes, on découvre avec grand plaisir la succession des péripéties et on ne peut que se réjouir qu’il n’y aura pas de fin joyeuse et magique.

Le charme noir du film tient beaucoup dans la prestation de Christian Slater qui joue ici un agent immobilier à la colère contenue, méthodique et sachant s’adapter, y compris aux pires conditions. C’est lui qui entraîne la bande d’amis dans leur chute. Passionné de développement personnel, ses grandes répliques arracheront l’adhésion de ses amis, sacrifiant leur humanité.

Le reste de la distribution tient la route, à l’image de la bande d’amis. Les plus accessoires se révélant même parfois plus surprenants, au fur et à mesure des développements que le scénario leur fera subir. Jon Favreau incarne Kyle, qui doit se marier, avec une certaine innocence bien vite tachée de compromission blasée ou d’innocence. La jeune Cameron Diaz joue sa fiancée, un personnage obnubilé par son mariage, et dont là aussi le scénario lui offrira bien plus que ce qui était pressenti lors de ses premières scènes.

Peter Berg est au scénario et à la réalisation. C’est son premier film, la suite de sa filmographie partira vers une ouverture plus hollywoodienne. C’est un peu dommage, avec un tel premier film si piquant. Mais dont on sent tout de même une certaine mise en scène un peu convenue, parfois retenue, comme si les freins étaient restés enclenchés. Il y a tout de même cette scène dans la station service, où la paranoïa délirante du personnage est couplée à une réalisation angoissée.

Very Bad Things est cruel, il affiche son plus beau sourire de psychopathe. Mais il le fait sous les atours d’une comédie bien corsée, dont les excès ne seront pas du goût de tous. Il ne faut pas regarder le film en espérant une sitcom classique transposée en film, ni une comédie romantique comme il y en a eu tellement dans les années 1990. Le film de Peter Berg balaye une production tiédasse, avec l’impertinence et la maladresse de sa jeunesse. Et ça fait du bien.