Le Milkshake VICE, composé d’un savoureux mélange d’House of cards, Farenheit 11/9 (Moore) combiné au style d’un Loup de Wall Street, vous promet un moment d’excellence sans précédent qui vous apprendra beaucoup sur la puissance du politique et, la force de l’avidité humaine dans son rapport au pouvoir.

Dick Cheney, c’est finalement la figure de l’américain ordinaire : un gars originaire d’une famille modeste qui souhaite intégrer une grande école, mais qui va faire face à des difficultés, va développer un penchant pour l’alcool beaucoup plus que pour les livres, ce qui va le mettre en échec jusqu’à sa prise de conscience …. Oui, mais un américain ordinaire qui a appris et compris comment manipuler d’une main ferme les vices de la politique. Le Résultat ? Dick Cheney a dirigé le pays le plus puissant du monde lors de son mandat de Vice-président des Etats Unis de 2001 à 2009 en bouleversant les codes du pouvoir exécutif et les barrières démocratiques.

Entre documentaire et fiction, ce film témoigne d’un travail cinématographique colossal dont les fruits ne frappent pas seulement les yeux, mais aussi les consciences. Les métaphores à répétition dans le film (avec la faune et la flore, la pêche et plus généralement la nature), combinées à des shots qui dynamisent les scènes, un fil conducteur autour du personnage de Kurt (Jess Plemons) brillant, des dialogues malheureusement comiques : tout cela contribue à faire de la vie politique des USA et de Dick Cheney des éléments intrigants et surprenants qui nous aident à ouvrir les yeux.

Au-delà d’être un cours d’histoire qui tient en haleine le spectateur, VICE nous aide à comprendre, à travers le prisme d’une vulgarité intelligente et d’un humour noir, comment l’avidité et la cupidité humaine nous pousse, les uns les autres, à adopter des attitudes irrationnelles et irraisonnables et, à prendre des décisions que nous interprétons comme justes, mais dont la légitimité réelle nous dépasse (le propre de la politique, n’est-ce pas ?).

Soulignons le monstrueux travail d’un Christian Bale (Dick Cheney) métamorphosé qui mérite, sans contestation, les récentes récompenses qui ont été attribuées à sa prestation. Mais que serait Dick Cheney sans ceux qui ont contribué à faire de lui ce qu’il est aujourd’hui ? La présence de sa femme, Lynne Cheney (Amy Adams), a été essentielle en contribuant à réussir, à travers une société profondément machiste et inégalitaire, à porter la voix politique de son mari. Néanmoins, il semble nécessaire de souligner le diabolisme du personnage qui est, au final, celle qui a semé la graine d’avidité de son mari. De plus, Steve Carell dans la peau de Donald Rumsfeld est, une fois plus, un rôle qui permet à celui-ci de mettre en lumière son immense talent (désolé pour ce moment FANBOY et Bisounours). Mais encore : Sam Rockwell en George W. Bush, Tyle Perry en Colin Powell, Eddie Marsan en Paul Wolfowitz et beaucoup d’autres.

Le Milkshake n’est pas mauvais, il est même très bon. Tout de même, attention à ne pas tomber dans le vice.

BaptisteBLL
8
Écrit par

Créée

le 16 févr. 2019

Critique lue 360 fois

Baptiste BL

Écrit par

Critique lue 360 fois

D'autres avis sur Vice

Vice
dagrey
8

Dick Cheney, "L 'âme damnée" de Georges Bush Jr

Après une carrière politique brillante et un passage dans le monde des affaires, Dick Cheney a discrètement réussi à se faire élire vice-président aux côtés de George W. Bush. Devenu l'homme le plus...

le 19 févr. 2019

41 j'aime

9

Vice
Cygurd
3

Vicissitudes de l'aigreur politique

Adam McKay est indéniablement talentueux. Pour qui avait apprécié ses précédentes réalisations, qui naviguaient d’une comédie intelligente et émotionnellement prégnante à l’autre, l’annonce de Vice...

le 3 févr. 2019

32 j'aime

4

Vice
IroquoisPliskin
7

Cynical Dick

Vice représente tout ce que j’apprécie dans le cinéma. Un cinéma qui dénonce et rit face à l’ironie d’une machine aux rouages bien huilés, alimentée par le sang, l’argent, la bêtise humaine... Et les...

le 15 janv. 2019

27 j'aime

Du même critique

Jojo Rabbit
BaptisteBLL
9

ON THE ROCK : JOJO RABBIT OU LA POÉSIE SATIRIQUE

Ce film, d’une intelligence sans faille aussi bien sur le plan scénaristique que dans la composition esthétique, est une profonde ode à l’humanité, qui sur un fond juste d’humour, permet de...

le 29 janv. 2020

3 j'aime

#JeSuisLà
BaptisteBLL
8

ON THE ROCK : DE L'IMPORTANCE D'ÊTRE PERDU

Nous avons tous besoin d'être rassuré.Rassuré, sur le fait que ce que nous faisons est bien pour mieux percevoir qu'elle est la direction à emprunter. Rassuré, pour mieux apprendre à comprendre...

le 22 mars 2021