Effrayant film sur un individu brutal, ni profondément mauvais, ni bon qui mène sa vie d'homme politique au sein de l'administration républicaine américaine jusqu'au sommet. C'est l'histoire de Dick Cheney ou celle qu'on peut lui prêter avec le plus de précision.
C'est l'histoire d'une vie, avec des choix. C'est l'histoire d'un jeune homme qui se cherche, trouve un boulot dans lequel il s'épanouit, et fonde une famille autour d'une femme forte et intelligente.
C'est un garçon qui se lance dans l'administration, sans aucune véritable opinion politique et s'en forge une au contact des plus forts, des plus cruels. Son talent c'est d'écouter, sans trop parler , et d'agir au bon moment. De savoir tisser un réseau de gens influents qui vont s'épauler pour faire carrière. On avance rarement seul. Sa force c'est sa brutalité, son sens du calcul, son absence d'émotions et la ténacité de sa femme. Cet homme est une machine et son terrain de jeu est une grande entreprise, son but c'est le pouvoir et la fortune. Même lorsqu'il va crever il analyse ce qu'il ressent comme si cela arrivait à quelqu'un d'autre. Cet homme est effrayant.


Si on part de la fin, de la guerre en Irak, de l'Etat Islamique et leurs cortèges de saloperies, les dégâts causés par Dick Cheney et son entourage, sont colossaux. Sur le monde, sur son pays, sur l'Histoire. Et c'est toute l'ambiguïté du film. C'est un homme comme il y en a partout dans toutes les grandes entreprises du monde. Qu'on soit fasciné ou effrayé par lui, qu'on soit écoeuré ou admiratif de ce qu'il a fait, c'est juste un type qui bosse, qui se bat pour défendre sa famille et dont le coeur le lache.


Est ce que l'on peut avoir de la sympathie pour lui, probablement pas, piece of shit. Mais c'est malheureusement pas suffisant de conclure que c'est un gros connard.


Le film est aussi effrayant par la façon dont il est fait. Pas un documentaire, pas un pamphlet ou une dénonciation, ni une fiction. Un peu tout cela à la fois avec une dose d'ironie macabre apportée par un narrateur en sursis, et, beaucoup d'appels directs aux spectateurs. Des intertitres sous forme de question - a t'on bien compris?- un narrateur qui explique et re-explique, une fausse fin en plein milieu du film, sous forme de happy end mielleux! Manipulations en règle? Alors que penser de la séquence dans le générique de fin. Est ce un traitement de gauche qui biaise le sujet du film?


Enfin c'est effrayant pas l'acteur principal. Comment Christian Bale, fait il pour disparaitre à ce point derrière le personnage? Il est fréquent qu'on ne le reconnaisse plus, et le maquillage ne fait pas tout. Les tics de bouche, les mouvements de tête, le pas avec lequel il avance. C'est un travail incroyable. Que dire du personnage du président Bush, plus vrai que nature...


Toutefois ça reste aussi un peu long. L'histoire de la conquête évolue lentement vers le dernier tiers, et ce qui était entrainant devient un peu lourd. Comme dans une mauvaise blague on s'attend à ce qu'il meure tôt ou tard. Mais il est increvable

OlivierBretagne
7
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le 4 mars 2019

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