Vice-versa
7.5
Vice-versa

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Ronnie del Carmen (2015)

Critique garantie sans spoiler (oui, même le gros pavé à la fin n'en n'est pas un), ou alors tellement mineurs que vous ne pourriez même pas m'en vouloir.


Mais quelle beauté quelle pureté quelle superbe verve quelles imageries somptueuses quelle volupté que ce film ! Bon sang je suis sur un petit nuage tellement haut que je n'ai pas envie d'en redescendre ni même de mettre de ponctuation dans mes phrases bon sang c'était tellement top pas top comme un bon film pour adultes comme Her non extra-top comme un super méga-cool film pour petits gamins et grands gamins. Et je sais que l'usage a été galvaudé et que n'importe quel film d'animation est pensé avec deux niveaux de lecture aujourd'hui mais là c'est juste le vrai deal le genre de truc que tu ne vois qu'avec Wall-E ou Chihiro ou Toy Story 3 bref de la Haute Qualité avec un H et un Q majuscules comme dans High Quality quoi et c'est génial parce que comme je me sens comme la personne la plus chanceuse de la Terre d'avoir vu cette petite merveille ce soir j'ai poussé le vice jusqu'à la voir deux fois d'affilée dans des conditions très différentes tu vois genre une séance en VF avec la marmaille qui pleure et les parents qui s'attendaient à voir un dessin animé tout bête et qui sont ressortis de la salle avec la tête retournée et un sourire béat aux lèvres et une séance en VO blindés de young adults fans intégristes de Pixar et qui avant la fin du film étaient tous à chialer et à s'enlacer les uns les autres c'était tellement beau on aurait dit une fête privée chez les Wachowski. Bon sang je suis remonté comme une pendule là comme quand j'abuse du thé j'ai envie de me mettre à l'accordéon tiens finalement je ne dis pas assez aux gens qui comptent pour moi à quel point je les aime c'est nul dès demain je fais un travail intensif là-dessus oh et puis cette séquence où Joie patine ou danse avec Riley on sait pas trop avec ses chaussons était quand même magnifique du style 'Define Dancing' de Wall-E magnifique et toute en simplicité oh et puis bizarrement j'ai envie de chewing-gums maintenant. Lala La Lalalala !


BON. ON NE VA PAS Y ALLER PAR QUATRE CHEMINS, C'ÉTAIT GÉNIAL. ET POURTANT JE SUIS DU GENRE A M'ÉNERVER FACILEMENT AU CINÉMA, SURTOUT AVEC LES MIOCHES QUI CRIENT DANS TOUS LES SENS, MOI CA ME DONNE ENVIE DE LES ***** ET DE LEUR **** AVEC LEUR ****. MAIS LA VA SAVOIR POURQUOI, LES GAMINS ILS ÉTAIENT CALMES. POUR LA PLUPART, PARCE QU'IL Y AVAIT QUAND MÊME LE SUPPÔT DE SATAN DERRIERE MOI QUI TAPAIT DU PIED SUR MON DOSSIER. ET MÊME COMME CA CE PETIT ****** N'A PAS RÉUSSI A ME GÂCHER LA SÉANCE. FAUT DIRE IL Y A DE TOUT DANS CE FILM, DES PETITS GAGS RIGOLOS ET UN SCÉNARIO A LA PROGRESSION LIMPIDE POUR LES PLUS PETITS, UNE AVENTURE TRÉPIDANTE POUR LES ADOLESCENTS (CETTE BANDE D'INGRATS QUI NE VEULENT PLUS ALLER AU CINÉMA AVEC PAPA ET MAMAN PARCE QUE C’EST TROP LA HONTE), QUI VONT SE DONNER UN GENRE C'EST POUR LES BÉBÉS C'EST NUL, MAIS QUI SERONT TOUT DE MÊME A FOND DEDANS AU POINT DE LÂCHER UNE PETITE LARMICHETTE CES ******. ET POUR LES PLUS GRANDS, LES FANS DE PIXAR DE LA PREMIERE HEURE, LES PARENTS, ET MÊME LES TROIS A LA FOIS, IL Y A UN PORTRAIT A LA FOIS DRÔLE ET ÉTRANGEMENT PRÉCIS DU PROCESSUS DE MÂTURITÉ, SUR COMMENT CA SE PASSE DANS TA TÊTE DURANT TOUTE VIE, QUAND A DES PHASES BIEN PRÉCISES (ENFANCE, ADOLESCENCE, PUBERTÉ, VIE ADULTE, CRISE DE LA QUARANTAINE, VIEILLESSE) IL Y A LES PETITES ÎLES QUI APPARAISSENT ET DISPARAISSENT POUR TE DÉFINIR ET TE REDÉFINIR. MOI CA M'ÉNERVE PARCE QUE C'EST A LA FOIS TOUT BÊTE ET EXTRÊMEMENT INTELLIGENT, JE NE SAIS PAS COMMENT ILS ARRIVENT A PENSER A TOUT CA CES IDIOTS.


Mais sinon, hmm, c'est tout de même un très beau film, c'est important de garder ça en vue je trouve. Parce que c'est pas parce que c'est un film d'animation pour tous publics qu'on n'a pas le droit de pleurer un peu aussi. Et là il y a de quoi de temps à autres, surtout quand ils refont le coup de l'incinérateur dans Toy Story 3, avec des paramètres différents. J'aime bien pleurer, souvent c'est pour quelque chose de triste qui nous arrive, ou qui nous revient à l'esprit, parfois c'est pour quelque chose d'extrêmement beau, ou un écho faisant vibrer une corde sensible chez nous. Les gens ont encore trop de mal à accepter que pleurer est une composante intégrale du comportement humain et social, c'est trop triste. Du coup j'aime bien ce film, enfin j'aime bien comme un disque de Nina Simone sous la pluie quoi, parce que ça rappelle aux gens qu'ils ont le droit de pleurer, et que personne ne les jugera s'ils versent une larme ou pas devant. Parce que moi j'aime bien me glisser sous la couette et regarder un James Gray, lire du Richard Yates, ou simplement fixer le plafond et repenser à ce moment où mon ex' m'a jeté comme un vieille chaussette, ou quand j'ai appris la mort d'un être cher en rentrant de vacances. La joie c'est bien mais c'est surfait, parfois on a juste envie de traîner des pattes, finir le pot de Nutella pour essayer d'aller mieux, et se dire que ce genre de moment aussi définit notre 'moi' présent et futur. Comme en ce moment, où je me demande si je fais vraiment bien d'écrire une critique à 1h du matin pour les 14 personnes qui la liront, alors que je pourrais faire des choses bien plus productives, comme dormir, ou essayer de faire quelque chose de satisfaisant de ma vie. Mélancolie, quel joli mot quand on y pense. S'il y a bien quelque chose à retenir de Baudelaire, c'est qu'il n'y a pas de tristesse sans joie. S'il y a bien quelque chose à retenir de ce film, c'est qu'il n'y a pas de joie sans tristesse.


Bon alors je vais la faire rapide hein, parce que je n'ai pas que ça à faire que de venir dire ce que j'ai pensé d'un film pour les gamins, mais c'était pas mal. Ouais, évidemment Pixar est devenu un truc de hipsters au fil des années, ils se sont un peu mis à déraper après Toy Story 3 donc c'était devenu facile de leur donner des coups de bâton hein. Mais là, je suis surpris parce que le film est suffisamment bien pour figurer en haut du classement des meilleurs Pixar, mais vous ne l'avez pas entendu de ma bouche hein. Alors il y a des défauts hein, j'ai encore du mal à voir lesquels exactement, mais ne vous en faites pas, je finirai par les trouver, c'est mon métier après tout. Ah oui, la femme assise à côté de moi avec sa robe trop courte, c'est pas possible ma chérie, je sais qu'on approche de l'été mais tu vas voir un film au cinéma hein, un petit effort s'il te plaît. Et puis des fois la VF est un peu à côté de la plaque comparée à la VO, mais on ne peut pas trop leur vouloir hein, quand tu engages Didier Gustin faut pas s'attendre à des miracles. Totale faute de goût là mes cocos. La morale aussi. La famille c'est le plus important, les souvenirs, bons comme mauvais, c'est cool, bla bla bla. Bin elle est là hein, mais difficile de la prendre en défaut, parce qu'on ne nous l'envoie pas dans la figure comme dans toutes ces productions (américaines) de bas étage dégoulinantes de bons sentiments. Eurk, rien que d'y penser j'en ai la nausée. Mais là c'est pas mal hein, parce qu'au moins le spectateur doit réfléchir un petit peu. Tiens salut Joie, tu viens m'aider ? J'essaye de trouver des trucs qui ne vont pas dans le film, mais c'est genre super difficile quoi. Non mais laisse-moi c'est à mon tour de parler, j'ai pas f-


C'est à mon tour ? Oh la la le trac. Est-ce que le gens vont aimer ma critique ? Plus important encore, est-ce que les gens vont aimer le film ? Faut avouer que je me sentirais bien bête si j'étais le seul à défendre ardemment un film que la plupart des gens auront simplement bien aimé, "mais sans plus". Restons calme, profondes inspirations et tout ira pour le mieux. Il suffit de jouer la sûreté et de respecter la liste de ce que les gens attendent d'une critique. Alors commençons.
- Le film est très très très beau. On va croire que j'exagère, mais entre la double direction artistique (dans le cerveau/dans San Francisco) et les différentes avancées techniques, Pixar va encore plus loin, sans pour autant ressentir le besoin de nous en mettre plein la vue en permanence, ce qui est appréciable.
- Michael Giacchino a composé un de ses meilleurs scores. Évidemment on dit ça à chacun de ses films mais là promis juré c'est vrai. C'est solide de bout en bout, varié, et sans aucune faute de goût.
- Le film est extrêmement bien rythmé. Même si l'on suit un schéma d'intrigue linéaire relativement classique au demeurant, toute l'aventure est ponctuée de dizaines d'idées, de gags, de trouvailles visuelles à la minute. Le film se renouvelle en permanence et garde une certaine fraîcheur grâce à cela, tout en prenant soin de se ménager des moments plus calmes pour souffler un peu.
- Les interprétations sont solides. Amy Poehler en mode Leslie Knope après 15 cafés, c'est juste la meilleure idée du film, et Charlotte Le Bon arrive sans problème à suivre la cadence en VF. Même constat du côté de Phyllis Smith et Marilou Berry qui campent une Tristesse parfaite chacune de leur côté. Ah, et puis Bill Hader, forcément, quel amour, mais je ne suis pas objectif parce que c'est un peu moi d'une certaine façon.
- Le film est très intelligent. Outre les différents niveaux de lecture qui font que les réactions seront diamétralement opposées en fonction de l'âge du public (même si tout le monde y trouve son compte, attention, pas de conflit), il y a aussi ce rappel malicieux que pendant que l'on montre au spectateur les différentes émotions par lesquelles passe le cerveau d'une fille de 11 ans, c'est aussi en parallèle une cartographie de ce que celui-ci ressent devant l'écran. Ouf, une mise en abîme qui a de quoi tourner le tournis.
- Enfin pour fournir, une anecdote rigolote pour conclure la critique. Horreur, je n'en n'ai pas ! Quelle catastrophe ! La seule chose que je peux vous dire au sujet de ce film, et qui ne devrait pas vous donner envie d'aller voir le film si comme moi vous êtes une personne équilibrée veillant à avoir un nombre pair de céréales dans son bol chaque matin, c'est qu'on y retrouve une référence à Totoro tournée de la manière la plus anxiogène qui soit. Et croyez-moi je m'y connais, c'était plutôt terrifiant, même pour Totoro.

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le 14 juin 2015

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HarmonySly

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