Vice-versa
7.5
Vice-versa

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Ronnie del Carmen (2015)

Amie lectrice, ami lecteur, bienvenue dans ce huitième épisode de RMM, la série de critiques qui vous prend par les sentiments.


Un événement tout particulier cet été 2015 : les studios Pixar sortent un film proche de mon concept (en moins abstrait et en moins subtil, mais tout le monde n'a pas mon génie).


C'est avec plaisir et beaucoup d'émotion que je vous invite à pénétrer dans mon cerveau encore une fois, même si, ne nous voilons pas la face, Read My Mind c'est dépassé. Plus personne ne le lit.
Mais tout ça on s'en contrefout, venez plutôt découvrir ce qui se passe en ce moment dans ma tête. On prend une grande inspiration, on oublie tout ce qu'on connaît, eeeeet... c'est parti.


Enjoy !


Joie : « Wou-ou ! Youhouuu ? Les amis ? Y'a quelqu'un ? Raison ? Humour ? Jalousie ? Flemme ? Éhooo ?


Les cris de Joie résonnent en écho dans la tête de Veather.


Tristesse : Je suis là... Pourquoi on est si seules ? On va finir toutes seules... Pour toujours.


Peur : Non, je suis là aussi! Je suis terrorisée ! Mais où sont-ils tous passés ? Même raison a disparue ! On... on... ON A PERDU LA RAISON !!!


Colère : Ah non ! AH NON ! Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Sans eux, je vais devenir incontrôlable ! Si je me suis faite refouler toutes ces années, c'est pas sans Raison! C'est n'importe quoi dans la tête de ce mec ! Raaaaaah ÇA M'ÉNEEEERVE !


Dégoût : Pas étonnant qu'ils t'aient refoulée. Vu le sociopathe qu'on se coltine, j'veux dire...


Joie : Ok. Ok. Panique ? Tu es là ? Pas de Panique. Tristesse, Peur, Colère, Dégoût, avec moi on est cinq. Je crois que je comprends ce qui est en train de ce passer ! C'est merveilleux ! Depuis qu'il a vu Inside Out, il nous donne la priorité ! Les autres sentiments et les pensées qui sont d'ordinaire dans les RMM nous ont laissé la place d'honneur !


Dégoût : Oh, arrête de parler de « RMM » comme si c'était connu ! Personne ne connaît, ma chérie ! Ce n'est pas acquis chez les gens !


Peur : N.. n... nous s-s-s-som-m-me-mes t-t-tous seuls ? C'est sensé être une bonne nouvelle, ça ?


Joie : Oh que oui ! Ne voyez-vous donc pas ? Pixar a sorti un film qui parle de nous, nous représentant en petits personnages allégoriques ! Et les RMM, ça a toujours eu pour principe de reprendre l'esprit du film critiqué ! Donc, nous voilà dans la lumière !
Surtout que selon les préceptes psychologiques du film, nous sommes la base de tout, l'essence originelle de tous les sentiments !


Peur : Mais ça ne va jamais marcher ! Les lecteurs veulent un RMM, pas une fan-fiction d'Inside Out ! On va être la risée de tout SensCritique !


Dégoût : C'est vrai que ruiner comme ça une série...


Colère : Ça me met hors de moi ! C'EST RÉVOLTANT !


Joie : Mais non, vive le changement ! Youpi, tralala ! Regarde-toi, Dégoût, tu as déjà adopté l'attitude de snob fashionista du film !


Dégoût : Oh mon dieu mais tu as raison ! Erk, on n'a tellement pas de personnalité qu'il suffit d'un film pour nous modifier ? On va mal finir avec un mec aussi influençable !


Tristesse : On est fragiles, c'est affligeant !


Joie : Mais non voyons ce n'est qu'une phase ! Et puis ce n'est pas n'importe quel film ! C'est l'un des meilleurs films qu'on aie vus de notre VIE !


Dégoût : Moui, enfin il y a des défauts tout de même. Pis bon, « notre vie », à vingt-deux piges, pas de quoi non plus...


Colère : OUI, y'a des DÉFAUTS ! Je DÉTESTE ça dans les films !


Joie : Tu vois Colère, c'est pour ça que tu es inhibée en permanence, tu es intenable ! Et puis quels défauts ? Je l'ai trouvé totalement génial moi, ce film !


Dégoût : Tu m'excuseras de jouer à te rabattre, Joie, mais l'esthétisme en mode Candy Crush, ces couleurs éclatantes bonbon c'est un peu écœurant, vous avouerez. Et puis c'est quoi ces souvenirs qu'on manipule comme des tablettes tactiles ? Cette façon technologique de structurer le cerveau, ça ne colle pas du tout au sujet humain.


Colère : Et c'est qui qui a inventé les tablettes tactiles, ABRUTIE ? Les huîtres ? La manière dont le cerveau est organisé reflète ce que l'humanité à engendré, au contraire c'est carrément malin ! Réfléchis avant de parler, grognasse !


Joie : Moi j'ai aimé ces couleurs ! C'était beau, c'était grand, j'étais tellement contente qu'on retourne le voir une deuxième fois au cinéma ! Et d'ailleurs la 3D est vraiment réussie, je l'ai même préférée à la 2D ! Je suis tellement conteeeente !


Tristesse : Il m'a tellement émue ce film. Je crois que jamais on n'avait autant pleuré au cinéma.


Joie : Ouiii, ça faisait un bien fou ! Et le rire ! Qu'est-ce qu'on a ri !


Peur : Moi j'agonisais. D'habitude avec les films d'animation on peut deviner ce qui va arriver, mais là il n'y avait que la fin de prévisible. J'étais tenduuu... Je n'en pouvais plus.


Dégoût : Il faut reconnaître un sacré sens du détail. La mère de Riley porte des lunettes, du coup une des émotions en porte aussi, logiquement Tristesse. Ainsi, elle porte en elle les traits des personnalités de ses géniteurs, comme base pour construire la sienne.


Joie : La première séance, on n'a fait que pleurer et rire, et lors de la deuxième on a pu apprécier toute la saveur intellectuelle !


Peur : Elle n'est pas terrible cette critique ! Vous ne croyez pas qu'on devrait allez chercher les autres ? Et puis, on parle des faits ou de notre opinion là ?


Tristesse : Oh, de toute façon on mélange toujours les deux...


Jason Derulo: Girl, you're the one ♫ ♪ I want to want me, and if you want ♫ ♪ me, girl you got me ♫ ♪


Colère : RAAAAAAAAAAAH ! RAAAAAAAAH ! Éteignez-ça ! Faut penser à une autre chanson ! Dégoût, fait quelque chose !


Joie : Oh yeah, j'adore cette chanson !


Dégoût : Oh pitié...


Peur : On s'éloigne du sujet ! Alerte ! On s'éloigne du sujet ! Le lecteur va décrocher !


Joie : Ah oui, alors euh... La critique. Je crois qu'on l'a écrite quelque part sur l'ordinateur. Ah, la voilà :


« Toy-Story, Ratatouille, Wall-E, les Indestructibles, sont tous des Pixar que je porte dans mon cœur ; pour peu qu'on y soit sensible ce sont de forts vecteurs d'émotion. Quoi de plus naturel alors que le studio nous offre un film parlant des émotions qu'il a su procurer à des millions de gens?
Inside Out, c'est comme si les artistes remontaient à la source de leur travail : susciter les sentiments du spectateur et l'amener à réfléchir.


L'idée est très bonne, très bien exploitée.


Concrètement, ce que vit la petite Riley est en soi très banal, mais c'est là tout l'intérêt du scénario : montrer que derrière ce qui nous paraît simple et acquis, se cache la complexité de l'être.


Riche en détails et très soigné dans sa réalisation, Inside Out ravit autant par sa qualité graphique que par son inventivité. Les adultes et les ados riront plus que les enfants, qui eux passeront un bon moment devant une aventure, y décelant toutefois plus de subtilité que dans leur petit bagage vidéo-ludique habituel.


Non seulement le film tire sur les bonnes ficelles pour émouvoir le spectateur, mais ça a marché parfaitement sur moi : je pleurais et riais quand le film appuyait sur le bouton, et j'en redemandais.


Inside Out se paye le luxe d'être plus original, abouti et complexe que de nombreuses productions hollywoodiennes, enveloppant le spectateur occidental -il est d'ailleurs dommage que le ciblage ne soit pas plus multi-culturel- dans un cocon familier : celui de sa vie, avec ce qu'elle a de profond et de superficiel, de laborieuse et de légère.


On y retrouve aussi toute la singularité de l'enfance à travers le personnage (agaçant mais utile) de Bing Bong, la richesse de cet âge mais aussi son manque de lucidité, d'où le besoin de grandir, d'apprendre et d'avoir plus les pieds sur terre.


Fin psychologiquement, pourvu d'au moins trois lectures, truffé de pépites narratives, cartoonesques et sensibles à la fois, le film n'oublie pas d'être poétique. Quelques scènes s'élèvent un niveau au dessus, comme celle de Joie dansant en symbiose avec le souvenir de Riley patinant sur la glace, devenu rêve dans son sommeil. Le genre de scène qui rappelle que, en 2015, au milieu du foutoir industriel qu'est devenu Disney, la magie subsiste.


L'introduction, simple, sobre, efficace, plonge directement le public dans la naissance ; la scène finale, emplie de sérénité, se conclut sur une phrase ouverte très représentative de tout l'esprit du film.
Les petites scènes au générique sont toutes excellentes, mais de mon point de vue perturbent un peu ce sentiment de perfection finale en venant s'ajouter après.


Pour ma part, Inside Out aura d’emblée éclipsé les autres productions animées de son année, comme l'aura fait Mad Max Fury Road avec les blockbusters.


Plus qu'un grand film, Inside Out m'a touché au plus profond de mon être, comme dirait le critique de Ratatouille. Il a su me faire rêver, m'émerveiller, faire resurgir en moi les émotions les plus pures, les plus essentielles.
Je pourrais m’épandre encore en dithyrambe : ce serait bien inutile. Toute la richesse et la complexité maîtrisée de cette œuvre, c'est à vous de la trouver en vous laissant emporter.


Outre ce portrait mi psychologique mi poétique de l'être humain, c'est surtout le portrait des émotions basiques d'un cinéphile devant un film qui y est dressé avec le plus de justesse.


Pour conclure je dirais que, à l'image de ses studios de tournages de rêves, Inside Out évoque les émotions que le cinéma nous procure, nous renvoyant plus largement à l'amplitude de notre humanité.
Drôle, touchant, puissant : ce film est une véritable perle d'animation. »


Dégoût : C'est d'une banalité affligeante ! Le lecteur va mouuurir d'ennui, ma pauvre ! C'est Veather qui a écrit ça ? Il nous a habitués à... disons... plus original, m'voyez ?


Peur : C'est parce qu'il n'y a plus que nous dans sa têêêête ! Ce film l'a détruit ! Il n'écrira plus jamais comme avant !


Jason Derulo : Girl, you're the one ♫ ♪ I want to want me, and if you want ♫ ♪ me, girl you got me ♫ ♪


Colère : RAAAAAAAAAAAH cette chanson est insupportable ! En plus on ne connaît même pas le reste des paroles ! C'est de la SOUPE ! J'en peux plus ! Je me CASSE !



Colère : RAAAAAAAAAAAAAAAAAH je peux pas ! Je suis coincé ici sans Raison ! J'en ai marre ! Marre ! MARRE !


Joie : Hey girl you got me ♫ ♪


Dégoût : Tu chantes mal, ma belle !


Tristesse : Cette critique me déprime. Je n'ai jamais demandé à être ici. Nous ne sommes que la réflexion perturbée d'un jeune homme qui essaie de compenser sa vacuité par de vains exercices de style, perdu dans l'Angoisse éthérée de son existence aussi providentielle que chaotique, n'exhibant dans la Folie qui lui sert de refuge que l'apathie inconsistante de ses rêves ensevelis par l'abrupte et insurmontable épreuve de la vie ; nous sommes déjà finis avant d'avoir servis, tans l'absolution nous semble impossible face à tant de misère au fond de...


Colère : OH ! Mais qu'est-ce qu'elle a, la névrosée ? Ça va, oui ? Gnagnagna ci, gnagnagna ça, t'est lourde, toi ! Normal qu'ils t'aient représentée aussi ronde, t'es un vrai boulet ! Une boule dans la gorge ! Faut se reprendre, là !


Dégoût : Colère, tu vas trop loin ! Fais-le taper dans un coussin, tu verras, ça détend.


Peur : Dis Joie, on ne va pas rester comme ça, hein ?


Joie : Mais non. Tout va bien aller. Nous sommes jeunes, brillants et pleins d'énergie, et nous allons accomplir plein de choses formidables ! Et puis, Veather n'a que vingt-deux ans, qu'est-ce qu'il pourrait bien nous arriver ? »


Pendant ce temps-là, dans un recoin sombre du subconscient de Veather :


Raison : « Je me demande si cette mutinerie va durer encore longtemps. Il va bien falloir qu'ils nous laissent sortir, ils finiront forcément par se rendre compte qu'ils ont besoin de nous, non ?


Pessimisme : Tu parles : elles sont tout le temps refoulées, pour une fois qu'elles peuvent s’exprimer en toute liberté ! Peut-être que Dégoût arrivera à les faire changer d'avis, je l'ai toujours estimé, lui.


Angoisse : Moi et Claustrophobie, on n'en peut plus d'être ici ! Tout ça à cause d'un film ! C'est de la Folie ! … sans vouloir t'offenser, Folie.


Folie : Oh moi tu sais, au point où j'en suis... »


Voilà cher lecteurs, j'ai remis ça ; c'était de circonstance. J'espère que l'immersion vous à plue, en tout cas moi je me suis bien amusé.


N'hésitez pas à m'insulter dans les commentaires, parce que ça vous rend joyeux, parce que vous me trouvez triste, parce que je vous fait peur, parce que je vous met en colère, parce que je vous dégoûte ou parce que, y' a pas de raison.


Je vous aime.


http://www.senscritique.com/liste/Read_My_Mind/599485

Veather
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les critiques sont parfois plus amusantes que le film., Les critiques de films qui décapent. et Read My Mind

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le 26 sept. 2015

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