Vice-versa
7.5
Vice-versa

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Ronnie del Carmen (2015)

Après deux ans d'absence voilà que Pixar sort enfin son dernier né. Celui-ci était d'ailleurs particulièrement attendu car depuis son annonce il promettait de revenir à un cinéma plus inventif et original comme savait le faire Pixar et qui faisait son essence. Car ses 5 dernières années Pixar s'était un peu perdu dans des films en manque cruel d'imagination livrant même leur plus mauvais film, Cars 2, et leur moins inspirés, Brave et Monsters University. C'est d'autant plus dommage lorsque l'on voit qu'avant ça le studio avait réussi à faire un sans faute que ce soit soit avec la saga Toy Story, WALL-E, Up et j'en passe, où on pouvait trouver ce qui se fait de mieux en matière de film d'animation. Alors la question que l'on peut se poser maintenant c'est, est-ce que ce nouveau film Pixar est à la hauteur de sa réputation et tiens t'il ses promesses en conjuguant le meilleur de l'imaginaire de ses créateurs ?


Alors ne tournons pas autour du pot et disons que oui c'est le meilleur film Pixar depuis Toy Story 3 et que même si il n'est pas mon préféré du studio, il aurait aisément sa place parmi les 5 meilleurs films de ce dernier. Le film est dirigé par Pete Docter, qui n'est pas un novice en la matière car il a scénarisé bon nombre de Pixar et il a déjà réalisé le génial Monsters, Inc. et l'excellent, mais légèrement surestimé, Up. D'ailleurs on retrouve bien le style de Docter dans ce film, que ce soit visuellement, avec une patte artistique inventive et astucieuse rendant l'univers incroyablement cohérent et bien pensé grâce à une mise en scène qui se construit sur les détails d'ingéniosités, ou narrativement, avec des thématiques qui lui sont chères comme le temps qui passe, la paternité et l'amitié. Après sur le plan visuel, on peut aussi saluer une excellente animation, l'ensemble joue habilement avec les couleurs et les contrastes, et tout est incroyablement bien rythmé, les situations s'enchaînent à merveille et sont accompagnées par un excellent score musical signé Michael Giacchino et un doublage général de haute volée.
Sinon pour ce qui est du scénario celui-ci fonctionne en deux temps. Tout d'abord il y a l'aspect narratif, qui se montre très maîtrisé mais quelques peu convenu au final. Les rebondissements sont attendus et l'ensemble reste classique dans son déroulé voire même prévisible dans le traitement de ses personnages. Ce qui concerne l'ami imaginaire est pour moi ce qui est le plus frappant, le film ne prend pas la voie la plus intéressante pour traiter ce personnage, il y avait une autre manière de faire plus pertinente selon moi. Après c'est purement subjectif comme reproche mais j'aurais aimé que le film suive une autre voie que le récit d’apprentissage banal et ce qui fait vraiment l'originalité de l'ensemble c'est l'univers dans lequel évolue les personnages. Honnêtement si l'on veut vraiment des pépites d'écritures il faudra se pencher sur le deuxième aspect du scénario, le symbolique. Après l'inconvénient c'est que c'est un aspect qui peut échapper au plus jeune public, faisant du film une oeuvre terriblement adulte qui parle de l'enfance mais pas nécessairement un film pour enfants. Ici l'aspect symbolique sera proche de la perfection et se montrera bouleversant dans son étude du changement dans la vie d'un enfant, qui se déconstruit pour devenir petit à petit l'adulte qu'il sera, cette période pleins de doutes et de remise en cause qu'est l'adolescence. Ici le film s'intéresse au prémices de cela où l'enfant "tue" sa personnalité pour devenir quelqu'un d'autre, où les émotions ne sont plus aussi simple et unilatéral, où tout devient flou et complexe. Le film aborde en plus ses thèmes de façon assez dur devenant par moments vraiment bouleversant notamment quand il parle de la nécessité de la tristesse car plus encore que d'être heureux il est important d'être triste. Car comment savoir ce qu'est la joie si on a l'incapacité d'être triste ? C'est assez intéressant la façon dont le film s'interroge sur cet état de fait, la tristesse est indissociable de la joie et c'est ce qui la rend précieuse et indispensable. Il y a vraiment un souffle de fatalité qui règne dans le film, on ne peut pas battre le temps et on est obliger de grandir et d'affronter les changements du quotidien, que ce soit un déménagement, affronter le regard des autres mais aussi le regard que l'on a sur les autres. Le film par ce genre de questionnement se révèle incroyablement intelligent et virtuose dans sa manière de jouer avec les émotions des spectateurs, tout s'entremêle et nous laisse aussi chamboulé que peut l'être Riley, la petite fille du film. Après il est juste dommage que tout cela se fait au détriment de l'humour du film, car l'ensemble est très drôle mais jamais vraiment hilarant et l'humour devient au final assez anecdotique.


En conclusion Inside Out est un excellent film. Une oeuvre inventive, astucieuse et terriblement intelligente qui devient même par moments incroyablement virtuose. Néanmoins tout n'est pas parfait dans le film et certains aspects du scénario sont trop classiques ou sous exploités faisant qu'ils sont en deçà du reste. C'est assez dommage car le film aurait pu aller plus loin dans ses réflexions car il est très adulte mais veut rester encore accessible au plus jeune, ce qui au final l'handicap. Il aurait mieux fait de savoir vraiment qu'elle voie suivre. Mais au final il ne faut surtout pas bouder son plaisir car tout ça conjugue le meilleur du cinéma d'animation mais plus encore que de créer un divertissement haut de gamme, on est en face d'une oeuvre ambitieuse qui prête à réfléchir, à s'émerveiller et à s'émouvoir. Un grand film.

Frédéric_Perrinot
9

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le 20 juin 2015

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Flaw 70

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