Vice-versa
7.5
Vice-versa

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Ronnie del Carmen (2015)

J'ai des p'tits êtres qui se promènent dans ma tête...

" C'est amusant que tu aimes à ce point regarder des Disney. Beaucoup de mecs ne sont pas comme ça, je pense. "


C'est sur cette phrase récitée par ma moitié, n'attendant plus que ma charmante compagnie sur mon lit une place, que j'ai lancé Vice-Versa. Alias le-meilleur-disney-depuis-des-années, l'une des plus grosses claques de 2015, le film qui rassemble aussi bien les petits que les grands, etc, etc.


" Bah oui. Tu sais bien que j'ai toujours eu un petit faible pour les Disney. Je leur trouve à chaque fois des défauts, bien évidemment. Mais ils ont aussi à chaque fois ce petit truc, tu sais. Le truc qui te ramène en enfance, sans pour autant te traiter comme le dernier des abrutis. La magie Disney quoi. "


Autant dire que je ne m'attendais certainement pas à ce que cette réponse résume à ce point la prochaine heure et demie.


Le synopsis pourtant, à la base, ne semblait pas m'inspirer quelque chose de bien grandiose : une petite fille, tout ce qu'il y a de plus banale, guidée de son enfance jusqu'à sa préadolescence par toute une petite bande d'émotions, symbolisées par des personnages. On y trouve ainsi la joie, la peur, la colère, le dégoût et la tristesse.


Une années est alors passée, sans que je ne revienne dessus.


Jusqu'à aujourd'hui.


Alors, que dire exactement ? Comment résumer cette claque monumentale ?


Je récapitulerai le tout en trois points : cohérence, humour, et évasion.


Cohérence car l'ensemble de ce petit univers s’imbrique parfaitement, que ce soit des plus petits morceaux aux plus gros. Des deux "mondes" représentées – étant celui dans lequel vit Riley, la petite fille que l'on suit, et celui des émotions – dans toute leur grandeur et diversité, jusqu’aux petits évènements de la vie de tous les jours, comme la célèbre scène des brocolis (qu’on a tous plus ou moins vécu enfant), ou encore la première prise de tête avec les parents à table.


À aucun moment, quoi qu’il puisse se passer d’abracadabrantesque dans la tête de Riley (et dieu sait qu’il s’en passe à cet âge-là) on a l’impression que les évènements ne se suivent pas logiquement dans la réalité. Tout semble s’effondrer, les émotions se chamaillent comme jamais ? Une dépression passagère. Une émotion semble prendre le dessus de manière totalement irraisonnée ? La petite fille va réagir en fonction, tout en restant dans le cadre de son caractère. En effet, les émotions n’agissent jamais comme des « super-pouvoirs », comme cela aurait pu être une forme de risque. La colère faisant littéralement exploser Riley, la tristesse lui donnant des envies de suicide, etc.


Certains diront peut-être que cette contenance n’est pas forcément dû à la personnalité intrinsèque de la petite fille, mais de tout simplement les contraintes inhérentes à une production Disney ; production avant tout destinée à des enfants. La réponse se trouve probablement un peu dans les deux possibilités.


Le deuxième point est l’humour. Et le film en déborde littéralement.


Déjà, ce n’est pas un humour enfantin. Point que j’apprécie toujours aussi beaucoup dans les Disneys. On est toujours très peu dans la facilité ; la redondance. Vice-Versa ne déroge pas à la règle.


La plupart des scènes amusantes jouent sur l’opposition entre le conflit des émotions, souvent riche en explosions de colères et de tristesses (et c’est le cas de le dire), et l’apparence si enfantine de Riley. Une bonne partie du film consistera ainsi à essayer de deviner les répercussions si telle ou telle émotion réagi de telle ou telle manière. Bien évidemment, les situations cocasses s’enchainent très rapidement. Je pense tout particulièrement, une nouvelle fois, à la scène du brocoli. Mais aussi surtout, si l’on s’écarte de Riley, aux émotions présentes chez les autres personnages, comme sa mère, ou encore son père.


Le dernier point concerne l’évasion.


Et quel voyage…


Le siège des émotions, et plus particulièrement le siège de la pensée, et un perpétuel florilège d’inventivités en tout genre. Le sommeil, envoyant différentes boules représentant les souvenirs entassés pendant la journée (qui suivant leur couleur coïncide avec tel ou tel sentiment), se faisant aspirer puis jeter par une sorte de brigade lorsqu’ils sont devenus trop anciens. Les rêves, qui sont littéralement de petits films tournés. De gigantesques îlots, représentant des parcelles entières de souvenirs, comme celle de la famille, celle du hockey, ou encore celle de l’amitié. Et j’en passe..


Ainsi, la magie Disney opère, et distille son ingéniosité pendant presque deux heures, passants comme une. On se laisse prendre la main. On s’étonne. On rit. On essaye de s’imaginer comment il en serait pour nous, si l’on avait aussi des petits personnages dans la tête, qui se battraient en duel à chaque épreuve de notre vie.


Et on en redemande.

Gyaran
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le 31 mai 2016

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Gyaran

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