2h27 de film; Pas un seul bruit dans la salle, pas un seul cut à l'écran. On y suit Victoria, jeune espagnole expatriée à Berlin, qui fait la rencontre d'une bande de quatre potes en sortant de boîte et continue sa soirée avec eux, ce qui s'avèrera intense et dramatique. A l'issue de la séance le réalisateur Sebastian Schipper nous apprend que le film est le résultat d'une troisième et dernière prise effectuée entre 4h et 6h du matin à Berlin l'année dernière. L'info ne fait que renforcer le respect immense qui s'impose durant tout le film pour le chef-op et les comédiens qui livrent une véritable performance, assez unique au cinéma pour être qualifiée d'expérimentale. En effet Victoria se démarque en tous points des films habituels, qui comme le dit son réalisateur finissent par tous se ressembler, tant on est capable d'anticiper tel contre-champ, telle ellipse ou tel dénouement. Dans Victoria acteurs et spectateurs sont lancés dans une expérience dont personne n'est capable d'anticiper le dénouement. Chaque rebondissement provoque une tension qui noue les tripes, les réactions des personnages, leurs respirations, leur sueur, leurs émotions sont capturées par la caméra avec une maîtrise fascinante. Aucun échappatoire n'est possible, aucun moment de répit, les moments de soulagement durant trop longtemps pour être rassurants.
Le plan séquence est d'un réalisme hypnotisant, grâce à l'interprétation des comédiens qui n'existent plus du tout derrière leurs personnages. Seuls
le thème de gangster
et la superbe musique de Nils Frahm nous rappellent que l'on est au cinéma. On en ressort chamboulés et fascinés.