One Sequence of Blue

Voici un des films de 2015 qui avait fait vraiment parler de lui en bien. En effet, dans les films avec plan séquence, le maître étalon était l'acclamé Birdman d'Iñárritu, mais quelques mois plus tard, le film germanique Victoria réalisé par Sebastian Schipper que certains l'ont vu jouer dans le Patient Anglais. Donc au lieu de regarder un débat qui allait me faire dire que quitte à choisir entre le Titanic et le Macaroni, j'ai décidé de découvrir un de mes loupés de 2015. Et au final...bof. Mais autant détailler ce bof.

Vaut le coup pas que pour son plan séquence

A l'inverse de Birdman qui a été filmé en un faux plan- séquence, ce film a été tourné en 1 fois. Un seul et unique plan-séquence pour 2 h 14 min de film où on suit Victoria dans ses aventures. Mais le film ne s'arrête pas là, car même l'esthétique est bien trouvée. Il y a un jeu de couleurs plutôt intelligent mais majoritairement bleu, avec parfois des couleurs plus chaudes comme jaune, puis la couleur blanche dans l'unique scène du café (et les vêtements de Victoria bien sûr). Cela esthétiquement traduit un peu le contraste entre l'héroïne et son environnement et aussi sa progression dans une soirée mémorable. Bien que le fait que le film soit majoritairement tourné de nuit, mise à part les effets stroboscopiques d'entrée, il est facile à suivre et lisible. La musique est sympathique et donne aussi le ton. On a aussi une ambiance brute plutôt bien vue qui fonctionne. Cependant, la réalisation possède une faiblesse (énorme même), c'est son rythme qui est tributaire du récit (mais ça j'y reviendrai). Quant aux personnages, c'était inévitable qu'ils aient tous à peu près les mêmes défauts.

Une espagnole chez les allemands.

Victoria (Laia Costa) est l'héroïne qu'on suit tout le long et qu'on apprend à découvrir. Elle est une étudiante espagnole (tiens on me dit Erasmus à l'oreille, les anti-européens, vous avez pensé à ça ? Je dis ça, je dis rien) qui passe une soirée avec un groupe avec lequel elle sympathique, notamment Sonne (on y reviendra) avec qui elle lie un lien affectif qui sera fort (oui elle sera séduite par lui). On apprend qu'elle travaille dans un café et qui va les accompagner dans un coup dont elle ne mesurera pas tout de suite la gravité. Elle est sympa mais bon.

Sonne (Frederic Lau alias le gamin faible du film La Vague) est le premier ami qu'elle se fait et qui l'accompagne. Il est à un peu le même caractère que dans la Vague, à savoir un suiveur malgré lui, mais il se révèle protecteur envers Victoria. Sympa aussi mais pas particulièrement développé.

Boxer (Franz Rogowski) est la figure même de la mauvaise fréquentation. Un ami avec un passé trouble (taulard même) et qui va entraîner notre couple dans d'autres problèmes.

Le reste sont des amis de Boxer et Sonne qui sont plus ou moins des suiveurs. L'attention se porte plus sur Victoria (et Sonne) et ce sont eux les plus mis en avant, dans la mesure où la caméra suit l'héroïne.

Une histoire avec un rythme imposé par la réalisation

L'histoire en elle même est toute simple. Une étudiante passe sa nuit dans une boite et rencontre Sonne avec lequel il va passer le plus clair de la soirée et dont ses amis vont l’entraîner dans un casse. Si l'histoire est bien racontée, elle est dépendante de la réalisation ce qui fait apparaître un problème de taille : le film est très lent à démarrer. En effet, en faisant en un seul plan séquence, tout notre attention se porte sur Victoria auquel il faut apprendre à connaître, ce qui le film fait bien (tout comme avec Sonne) mais il possède un temps d'exposition trop long (1 h de temps !!!). En une heure on a un film où on les voit passer du temps ensemble sans éléments perturbateurs et évidemment on s'ennuie ferme. C'est un problème qu'on ne peut pas en vouloir au film parce que ce sont les intentions de réalisation au final. Du coup on ne peut pas reprocher qu'il soit mal rythmé car c'est le rythme imposé par le plan séquence. C'est assez différent de Birdman où il se passe bien plus de chose afin de montrer qu'il y a de la vie dans l'univers présenté. Bien sûr on n'est pas dans le même échelle de valeur entre les 2 films vu le sujet dont ils traitent. Surtout, sans pour autant être vide, le film possède un sujet pas aussi passionnant que prévu, parce que en dehors de la prouesse technique, il n'offre quasiment rien comme histoire intéressante. Il n'y a qu'une seule péripétie et c'est tout. Oui, assez décevant sur ce coup là.

Pas vide mais pas plein non plus

Ce film n'est pas mauvais d'un point de vue esthétique et technique. Je le trouve vraiment maîtrisé et l'histoire bien racontée. Cependant, l'histoire est non seulement banale, mais possède un rythme trop tributaire des intentions de réalisations. Donc à moins d'être un critique distingué, je ne pense pas que ce film soit "grand public" (et je mets exprès des guillemets). Mais bon, si on est sensible aux films d'étudiants, le film peut plaire.

Version fun de la critique ici