Sans “sens critique” je n’aurai sans doute jamais pensé à voir ce film dont l’histoire et l’affiche ne me disaient rien.
Et puis comme toujours mon côté faible a tranché: puisque sens critique en parle, tentons l’expérience du plan séquence de plus de 2 heures (après tout c’est en partie pour ça que je suis ici: avoir des idées de ce que je dois découvrir).


Les premières images confirment l’idée de l’affiche: c’est bleu, c’est sombre, c’est une fille qui danse dans une boite en refaisant sa coiffure.


Rien de formidable?
Quelque part ce geste simple sonne juste et même si on se demande où on va aller ensuite, on ne peut s’empêcher de trouver quelque chose de rassurant dans cette manière de découvrir Victoria: une jeune fille naturelle et a priori sympathique - c’est toujours ça de pris.


On la suit quelques instants dans puis hors de la boite.
Et c’est là que les choses se gâtent.


Je pensais avoir du mal avec l’effet caméra à l’épaule, j’avais peur d’avoir le mal de mer, de trouver certaines images ou détails inutiles.
Pas du tout, et au contraire il maîtrise son sujet le Schipper, et avec tellement de facilité qu’on en vient à oublier cette prouesse du plan séquence à plusieurs reprises pendant le film.


Non ce qui m’a gênée ce n’est pas du tout la manière de faire mais c’est bien l’histoire, et surtout cet enchaînement de réactions de Victoria qui semble éprouver un plaisir certain à se créer de plus en plus d’ennuis.


Elle rencontre 4 mecs imbibés à la sortie du bar et un peu louche, ils lui racontent des bobards, elle en rigole - ok.
Ils commencent à la suivre comme de bons lourdaux ramassés sur le trottoir à 5h du mat”et à lui proposer de les accompagner.
Et que fait notre petite espagnole fraîchement arrivée à Berlin?
Elle les suit! Ben oui elle est comme ça Victoria, pas farouche pour un sou.


Et voilà qu’en moins de 5 minutes elle vient de réduire à néant toutes mes tentatives pour la comprendre.


On essaie bien de nous montrer en quelques scènes (sur le toit et face au piano) qu’elle en a un peu marre de sa vie trop morne, qu’elle est jeune, sans amis et en quête d’aventures, mais quand même plus ça sent l’arnaque plus elle fonce tête baissée, en un comportement quasi suicidaire.


C’est vraiment quelque chose qui m’a dérangée presque instantanément.


Et c’est bien handicapant, surtout quand tout le reste est très bien amené: l'enchaînement de chaque scènes, les moments où la musique vient couvrir les dialogues des acteurs (probablement parce que les dialogues n’étaient pas bons ou peu audibles? peu importe la raison, c’était beau à voir), la lente mise en place de l’histoire, le basculement, les déplacements d’un lieu à l’autre.


Tout est très bien pensé et réalisé, et rien que pour ça je tire mon chapeau (que je n’ai pas mais on va faire comme si…), à toute l’équipe du film pour qui le défit n’était pas simple à relever. Les acteurs s’en sortent à merveille, et même s’ils fatiguent sans doute à la fin, ça n’est pas un problème puisque les personnages aussi sont à bout de forces.


Le film essaie de jouer sur plusieurs tableaux, de travailler autant sur le braquage, ’héroïne, et la romance.
Et il le fait relativement bien.


Malheureusement le fait de ne pas comprendre pourquoi Victoria s’entête jusqu’au bout à ne pas voir qu’elle doit fuir, et les longueurs de la fin ont vraiment nuit à la bonne impression laissée par le reste.

iori
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le 12 août 2015

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