Les amours déçues.

Plus que Mussolini et son enfant caché, Vincere parle d'Idal Dalser, sa maitresse dans les années 1910, et que le dictateur fera interner, niant toute liaison et cet enfant, au moment de devenir le Duce.

A ma grande honte, je n'avais jamais vu de films de Marcho Bellochio, et j'ai été très séduit par cette narration, qui mélange à la fois des flashs-forwards, et des images d'archives qui s'intègrent remarquablement à l'ensemble.
Filippo Timi, qui joue Benito Mussolini, ne l'incarne en fait que durant sa jeunesse, dans sa liaison avec Ida Dalser. Ensuite, ce sont les archives qui montreront le Duce, pour que Timi revienne en jouant cette fois Benito Dalser, dans une composition complètement différente, et qui est vraiment impressionnante, surtout quand il va imiter ce qu'on a vu plus tôt dans le film.
Giovanna Mezzogiorno, qui joue Ida Dalser, est également formidable, on y voit une femme blessée dans sa chair, laissée par son homme au soir de la Grande Guerre, et qui va peu à peu sombrer dans la folie, ignorée de tous, et hurlant à qui veut l'entendre qu'elle connait Mussolini, et qu'elle a un fils, ce qui sera contesté de son vivant. Il y a une scène magnifique où, accrochée à un portail, elle va alpaguer des jeunes hommes pour leur dire qu'elle connait le Duce, en jetant des lettres. Elle va être arrachée de la grille par des bonnes sœurs, qui vont s'empresser de récupérer les lettres.

L'aspect politique y est grandement évoquée, avec la montée en force du fascisme, Mussolini qui vocifère aux foules de se soulever, jusqu'à la fameuse déclaration de guerre qui donne son titre au film. Mais j'y vois plus le portrait d'une femme déchue, sacrifiée au nom du pouvoir de son amant, et qui vivra dans l'ombre, jusqu'à sa mort dans l'indifférence générale.
La fin du film est consacrée à Benito Dalser où il s'entraine à hurler à la foule comme son père. Il y a un montage parallèle magnifique où les archives de son père et les scènes où apparait son fils semblent se superposer, pour finir sur un fils essoufflé, mais quelque part heureux...

Voilà un film d'une grande force romanesque, sur une histoire digne d'une tragédie grecque, où les grandes scènes s'enchainent avec une force incroyable !