La fusée était propulsée par le pouvoir de la mysoginie !

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "cinéma par genres."


Scénario :
5 astronautes (4 hommes et une femme) sont en route à bord de la première fusée vers la Lune. Ils dérivent et atterrissent sur Mars. (Pas de pot.)



En tant que sujet d'étude :



"Rocketship X-M" est un bon sujet pour analyser ce qu'est un film "de science fiction de série B" et un film des années 50.


Déjà, le film a été tourné en à peine 18 jours afin de concurrencer autre un film sur le même sujet nommé "Destination... Moon." Et cela se voit notamment par la petite astérisque sur le X-M signifiant "Expedition - Moon" et par la campagne de pub qui disait "ce film dont on vous a parlé dans tous les journaux, voyez-le avant les autres" Un vrai film "parasite" qui utilise la campagne promo d'un film ayant un plus gros budget afin de grimpe. Finalement c'est à l'image de ce que sont les productions Asylum à notre époque. (Vous savez, les mecs qui ont fait Titanic II.)


Scientifiquement, c'était n'importe quoi, mais c'est filmé 19 ans avant la mission de Neil Amstrong, du coup, on peut les excuser et surtout, le film est composé d'erreur que plus aucun film ne ferait maintenant et c'est rigolo. A commencer par l'idée de départ qui est que suite à des perturbations ou des erreurs de calculs (les astronautes faisant les calculs à la main...) ou d'une "force mystérieuse" (apparemment le scénariste ne savait même pas et était en mode "autant me justifier le plus possible, le spectateur trouvera son compte") l'équipage se retrouve sur Mars au lieu d'aller sur la Lune. Ce qui équivaut au fait de se tromper de rue en allant chercher sa baguette de pain et de se retrouver à Moscou.


Autres perles "scientifiquement improbables" : La gravité est censé ne pas être la même dans l'Espace que sur la Terre ? Ok : On aura qu'à dire que les scientifiques se sentent plus léger et voient une veste voler, des ceintures se tendre et un harmonica s'envoler. Après, le reste de l'équipage et leurs affaires restent cloué au sol, c'est quand même plus pratique pour filmer. Ha et il y a des météorites qui font du bruit en passant à côté de la fusée. Genre des gros "FIOUUUUUFFF"


De plus, c'est vraiment un film des années 50 d'une part par sa fin lorsque


l'expédition finie par atterrir sur Mars. Il semble y avoir eu une civilisation à une époque, mais celle-ci n'existe plus et les martiens sont réduits à l'état d'hommes des cavernes. (Et certains d'entre eux sont aveugles pour une raison qui n'est jamais expliquée, faute de temps.) Apparemment, la destruction viendrait d'une guerre nucléaire qui a ravagé la planète. (Hiroshima avait eu lieu 5 ans auparavant, le souvenir est très tenace chez les américains...) L'équipage cherche à prévenir la Terre : deux d'entre eux meurt à cause des martiens, et les trois autres rentrent dans la fusée... qui s'écrase sur Terre. Pessimisme d'époque.


Oui, le titre français est une arnaque, ils son même pas restés vingt-quatre heures chez les martiens.


D'autre part c'est daté par son traitement des personnages. On a quatre hommes : le chef de projet d'âge mûr (qui ressemble à Walt Disney), le playboy qui n'a pas froid aux yeux, le rookie et Le Texan. Celui-ci est le pur comique-relief parce que... il est texan. Il parle avec un drôle d'accent et n'ouvre la bouche que pour faire allusion à son Texas ou à son ranch.


Et c'est le premier à mourir ! Le Texan est l'équivalant du black de service !


Mais surtout l'équipage compte une femme ! La pauvre. Le Dr Lisa Van Horn est une mathématicienne accomplie et une chimiste hors pair. Et très vite, le premier rôle du film (joué par Loyd Bridges) vient lui dire qu'une si jolie femme ne devrait pas faire des mathématiques ou voyager dans l'espace, que c'est quand même un peu bizarre qu'elle ne soit pas marié et maman et que c'est peut-être que quelque chose ne va pas bien chez elle. C'est un ton ultra-condescendant limite "hé, meuf, comment ça se fait que t'es pas dans la cuisine à me faire un sandwich ?" Et là... elle baisse les yeux, l'air de dire "au fond c'est vrai."


Choquant ? A un moment ses calculs différent du chef de projet, et affirme que c'est elle qui a tort. Parce que c'est une femme. Peu de temps après,elle perd son sang froid et tout le monde la regarde comme étant "la femme hystérique" alors qu'elle hausse à peine le ton. Et tout le monde la regarde comme si c'était intolérable. Et elle fini par s'excuser d'avoir laisser "son tempérament féminin la rattraper."


Pour bien enfoncer le clou :


La fusée va s'écraser sur Terre et elle s'excuse parce que c'est sans doute "à cause de mes calculs." Loyd Bridge la pardonne et elle finie dans ses bras pendant que la fusée s'écrase, avouant que c'est le meilleur moment de sa vie. (Parce que tu vois, le meilleur moment de la vie d'une femme c'est lorsqu'elle est dans les bras d'un homme.)


Du coup, le film est un bon échantillon à la fois de la SF telle qu'elle était vue dans les années 50 et de la place de la femme telle qu'elle était (malheureusement) perçue à cette époque.



Mon avis personnel :



C'est quand même pas mal chiant à regarder. En effet, le film commence par une longue conférence de presse avant de rentrer dans le vaisseau et il faudra attendre la 45eme minute avant que les personnages ne sortent de leur vaisseaux pour aller sur Mars. La plupart de l'action du film se déroule donc dans un décor de fusée en noir et blanc avec aucun contre-champ possible. On peut s'amuser un peu des effets notamment la terre et la lune qui sont des maquettes, mais en dehors de ça, on s'ennuie quand même ferme. Le rythme des films dans les années 50 était quand même bien moins soutenu que maintenant.


De plus, les personnages ne sont pas très intéressants et ne m'ont fait sourire que lorsqu'ils étaient des gros clichés.


Et en plus, ils meurent tous à la fin, sans avoir vraiment eu le droit à un développement. Mis à part Loyd Bridge et la fille qui ont un développement "cliché" et machiste.


A ne regarder que par curiosité, mais vous pouvez faire autre chose en même temps.

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le 30 nov. 2015

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