Mystère, tristesse et boule de gomme

À première vision, le film m'avait impressionné, intrigué, ébouriffé. À seconde, des années plus tard, il m'a presque déçu. Décevant, en tout cas, mon envie d'en savoir plus : il ne nous donne jamais le point de vue des soeurs Lisbon, sinon via quelques bribes du "journal" de la plus jeune d'entre elles (et "la première à partir") tombé entre les mains des garçons du voisinage. On ne peut donc que faire des suppositions sur les raisons du suicide collectif postérieur des quatre soeurs restantes.
De ne pas pouvoir véritablement avancer dans la compréhension de leur désespoir (parce que ni la réalisatrice ni l'auteur du roman qu'elle a adapté ne nous en donnent vraiment les moyens) m'a quelque peu agacé (irrité ?). J'ai trouvé que jouer la carte du mystère jusqu'au bout était habile mais peut-être un peu trop facile (bien que les suicidés emportent toujours avec eux une grande partie du secret de leur mort). Leur suicide est-il une révolte contre l'autoritarisme abusif de leur mère ? Un refus de subir les vicissitudes de la condition humaine ? Ou... ? En tout cas, l'histoire de ces cinq soeurs qui partent au summum de leur fascinante beauté est d'une grande tristesse.
Cependant, j'ai laissé au film le "8" initialement donné, quelque chose en moi (sans doute, mon jugement artistique, car la mise en scène, la photographie, l'interprétation, la BO sont d'une grande qualité) me soufflant que ce premier film de Sofia Coppola est beaucoup mieux que simplement bon... même si l'accablement que me procure le gâchis de ces suicides mystérieux et stupides m'interdit de rehausser d'un point sa note.