Virus (John Bruno, U.S.A, 1998, 1h36)


‘’ ‘’Virus’’ est tellement mauvais que s’en est choquant. Sans doute l’une des plus grandes merdes de tous les temps. C’est juste affreux. C’est d’ailleurs là la seule bonne raison d’être dans de mauvais films. Quand vos amis en font un à leurs tours, vous pouvez dire ‘’Ahhhh, c’est moi qui ai le meilleur !’’ Et là je ressors ‘’Virus’’.’’



Ces paroles d’une grande sagesse sont celles de Jamie Lee Curtis, tête d’affiche de ‘’Virus’’, une production obscure de la fin des 90’s, dont la réputation ne s’est pas vraiment améliorée avec le temps, qui n’a pas forcément été clément. Ce n’est peut-être pas ‘’la pire merde de tous les temps’’, comme l’affirme la comédienne, mais ça reste un peu mauvais quand même.


Avec ses airs de téléfilm de luxe, plus que d’œuvre cinématographique, ‘’Virus’’ n’a absolument aucune ampleur. Déroulant mollement un récit porté par une mise en scène invisible et une direction d’acteur inexistante. Bon, après pour la défense de John John Bruno, dont c’est le seul et unique long métrage, il a une formation de technicien, spécialisé dans les effets spéciaux. Il a notamment travaillé sur de nombreux films de James Cameron. L’ironie veut qu’il ait refusé un poste sur ‘’Titanic’’ pour bosser sur ‘’Virus’’. Y’a des choix de carrière des fois…


Adapté du comics éponyme, le métrage relate la rencontre entre la station spatiale Mir et un objet spatiale non identifié, qui la traverse, provoquant plein d’éclairs roses, qui déclenchent un rayon vers un bateau russe au milieu de l’océan. Tout ça est mystérieux, jusqu’à ce qu’une équipe de remorqueur le découvre suite à une violente tempête. Mais, le navire est vide, et le capitaine avide de thune s’en réjouit, car il va pouvoir clamer un droit dessus. Estimé à plusieurs millions. Sauf que…


La tempête électrique ayant déstabilisée Mir, avant de percuter le bateau, est en fait une intelligence extra-terrestre très avancée, dont la conscience réside dans l’électricité. De plus, pour cette entité les êtres humains sont semblables à des germes. Autrement dit ils sont un virus, qui lui font craindre pour sa survie dans ce milieu hostile.


Nous sommes en 1999 (à l’origine le film devait sortir à l’été 1998… Mais bon, vu la qualité des producteurs avisés l’ont déplacé au mois de… janvier…), la même année que ‘’Matrix’’ donc, le film évoque un sujet plutôt voisin, avec l’émergence d’une entité électronique percevant l’humanité comme un mal.


C’est alors la veille du basculement dans le XXIème siècle, à l’aurore du boom technologique, pendant que le monde redoute le bug de l’an 2000. Sauf que, bien que fort d’un matériau de départ solide, qui permet de développer aisément des thématiques clairement dans l’air du temps, permettant de livrer un divertissement réflexif, comme la seconde moitié des années 1990 en compte un certain nombre, et bien ‘’Virus’’ fait tout l’inverse.
Sans jamais saisir la moindre audace, se montrant frileux au point de réprimer toute témérité, le métrage sombre dans une série Z un peu divertissante, avec des effets spéciaux plus que corrects, et des effets gore particulièrement soignés. Mais autour de tout ça ce n’est que du vide. Comme si le réalisateur essayait de se dépatouiller avec son scénario, en enfilant poncifs sur poncifs, peu aidés par des acteurs en roue libre totale.


Mention spéciale à Donald Sutherland, dans l’une de ses prestations les plus médiocre, clairement présent pour cachetonner, tout comme un William Baldwin (déjà) en fin de carrière, qui vient jouer les ouvriers beau gosse. Il n’y a guère que Jamie Lee Curtis qui tire son épingle du jeu, ben que sur le mode autopilote qu’elle ressort pour les films alimentaires.


Consciente du naufrage du métrage (lol), pendant le tournage elle a tout fait pour essayer de faire renvoyer ce pauvre John John Bruno, pour le remplacer par Steve Miner avec qui elle venait de boucler ‘’Halloween – H20’’. Sans succès. Sur le plateau ça devait être une ambiance top délire méga groove !


Avec ses personnages stéréotypés, sans aucune finesse, ‘’Virus’’ c’est juste un gros gâchis de temps et d’argent, qui passe complétement à côté de son propos. Ne parvenant jamais à capter quoi que ce soit à ce qu’il raconte. Divertissement tout juste passable, renfermant pourtant au fin fond de son synopsis une formidable réflexion sur la place de l’humanité sur la planète.


Avec cette intelligence qui s’empare du bateau en phagocytant son système électrique, et en corrompant les corps des membres de l’équipage, en les transformant en machine organique, dans une variation gore réussi des Borgs dans ‘’Star Trek’’. L’entité agit vraiment comme un virus, et menace de se rependre au-delà du navire. Car si elle tombée sur une ville, la menace aurait pris une tout autre ampleur. Il y avait là de quoi alimenter le métrage de thématiques riches, par un jeu de miroir renvoyant le virus extra-terrestre, à la notion organique de l’humanité et son rôle dans la destruction de la planète. Se rependant elle-même comme un virus inaltérable.


Mais non. Rien de tout ça. C’était sans doute trop demandé que d’attendre autre chose qu’une réalisation à la platitude édifiante. Car au final, tout ce qu’il reste c’est une espèce de film d’action, qui ne sait pas trop ce qu’il est, jonché par des passages gores, pourtant impressionnants, qui sortent un peu de nulle part. Bref, le gâchis est total.


‘’Virus’’ est le parfait exemple qu’il est important que derrière une caméra il y ait la présence d’auteur.rices. Mettre des techniciens à la tête de projets d’envergures, puisque cette ‘’piece of shit’’ a quand même coûté la modique somme de 75 millions de $. Et ouaip, on est face à un gros blockbuster qui s’est complétement ramassé la gueule sur le trottoir. Qui n’est même pas parvenu à capitaliser sur son casting à la ramasse. Avec ses 30 millions de recettes, DANS LE MONDE, dont la moitié sur le seul territoire américain, la fin de carrière de John John Bruno était inéluctable. Un coup d’essai, dans l’eau… lol.


Voilà, ‘’Virus’’ ce n’est vraiment pas terrible. Et c’est même un peu frustrant, parce que les effets gores, encore une fois, ont vraiment de la gueule, et montre qu’il y avait une direction artistique qui était visiblement la seule à savoir ce qu’elle avait à faire sur le tournage. Pour le reste c’est tout au plus passable, mais dans l’ensemble médiocre. En plus c’est même pas un bon film de virus…
Comme le dirais Jean-Jacques : ‘’À nos actes manqués’’.


Cheers John John Bruno !


-Stork._

Peeping_Stork
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste CoronaChroniques

Créée

le 22 mars 2020

Critique lue 426 fois

1 j'aime

4 commentaires

Peeping Stork

Écrit par

Critique lue 426 fois

1
4

D'autres avis sur Virus

Virus
JimBo_Lebowski
2

"Moi je suis aware, les robots tout ça, bon ..."

J'ai appris l'existence de ce film grâce à ce bon vieux Joueur du Grenier qui avait fait un test sur l'adaptation jeu vidéo de ce film réputé comme étant un navet (je dois même dire que c'est ma...

le 15 sept. 2014

10 j'aime

2

Virus
ghyom
3

Un faux bon nanar et un vrai navet

30-40 premières minutes qui semblent laisser présager d'un bon nanar dont on va pouvoir rire grâce à un pitch qui mixe Alien pour le côté survival horror extra-terrestre en huis clos et Terminator...

le 16 sept. 2014

6 j'aime

Virus
jesssy
7

robot vous avez dit robot!!

Virus Film de John Bruno Voilà un film pas banal ! Des invasions extraterrestres, ça pleut, des machines qui se révoltent on en à la pelle, mais un extraterrestre utilisant les machines pour...

le 21 sept. 2017

5 j'aime

1

Du même critique

The Way Back
Peeping_Stork
10

The Way Back (Gavin O’Connor, U.S.A, 2020, 1h48)

Cela fait bien longtemps que je ne cache plus ma sympathie pour Ben Affleck, un comédien trop souvent sous-estimé, qui il est vrai a parfois fait des choix de carrière douteux, capitalisant avec...

le 27 mars 2020

16 j'aime

6

Gretel & Hansel
Peeping_Stork
6

Gretel & Hansel (Osgood Perkins, U.S.A, 2020, 1h27)

Déjà auteur du pas terrible ‘’I Am the Pretty Thing That Lives in the House’’ pour Netflix en 2016, Osgood Perkins revient aux affaires avec une version new-Age du conte Hansel & Gretel des...

le 8 avr. 2020

13 j'aime

2

The House on Sorority Row
Peeping_Stork
9

The House on Sorority House (Mark Rosman, U.S.A, 1982)

Voilà un Slasher bien particulier, qui si dans la forme reprend les codifications du genre, sans forcément les transcender, puisqu’il reste respectueux des conventions misent à l’œuvre depuis 3 ans,...

le 29 févr. 2020

10 j'aime