Visitor Q
6.5
Visitor Q

Film de Takashi Miike (2001)

« Notre poitrine la plus menue peut nourrir la moitié de l'Ukraine », une femme de maire.

« L'employeur martyrise l'homme. L'homme martyrise sa femme. La femme fout une gifle au gosse. Le gosse donne un coup d'pied dans l'chien ». Tout part de là, c'est le point de départ. Un brin trop provoc', largement axé sur la dérision, le film de Miike fait figure d'alter-ego bouffon de Hostel, le charcutage gratuit à outrance en réduction. Si le contenu outrancier décontenance et peine à légitimer l'essai, il faut y voir toute la dérision désabusée sur une société nippone en péril où les repères moraux restent de valeur en façade, mais se dérobent en privé.

Pour le démontrer, une caméra amateur façon porno cheap décore le parterre et anime les hostilités. Je ne ferai pas cas de la perche son qui illumine l'écran de toute sa moumoute sur plusieurs plans, ni sur le caractère souvent brouillon et punky des raccords. J'en fais pas cas, ce n'est pas le but, car on pardonne tout à cette esthétique négligée de premier film qui insuffle de la « fraicheur » comme dirait le quidam œnologue tout épaté.

Foutre un coup sur la tête, réveiller les consciences. En incluant le prophète à moustache et touffe Afro-asiat', on cogne sur le spectateur pour lui rappeler au bon souvenir du travail d'orfèvre bien filé. Un peu du réalisateur de film, universel, dans un personnage qui dispense la folie pour retrouver le bonheur perdu. J'en veux bien, moi, de la bêtise abracadabrantesque. Surtout quand ça passe par les gimmicks scatophiles et sexuels les plus éculés. De l'eau tiède sous un pont rouge, pour le « milk-shake » tout frais sorti du pis, Kill Bill pour les intimes de la connexion nécrologique. C'est un peu de cette canaillerie juvénile toute ricaine qui jaillit de la boustifaille Miike, toute en digression, en laisser-aller et en joie de cracher sur les moeurs.

Dégoûté, amer, révolté, puis amusé, diverti, et réjoui. Je le garde, j'en reprends, je n'oublie pas.
Adrast
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2001

Créée

le 25 sept. 2011

Critique lue 446 fois

4 j'aime

Adrast

Écrit par

Critique lue 446 fois

4

D'autres avis sur Visitor Q

Visitor Q
hillson
8

Les superlatifs extatiques me manquent...

Visitor Q n'est rien moins que L'abécédaire explosif et obscène de toutes les choses dégueulasses que quelques maléfiques génies ont attribué à la famille canonique du XXIe siècle. Celle qui vit...

le 1 nov. 2011

17 j'aime

4

Visitor Q
Citizen-Ced
4

Une famille en or

Un réalisateur japonais aussi barré que prolifique + du gros trash qui tâche + un statut d'OFNI réalisé en 5 jours au caméscope, le tout emballé en moins de 90 minutes, ce Visitor Q avait de bons...

le 23 mai 2014

11 j'aime

Visitor Q
Bavaria
8

Critique de Visitor Q par Mickaël Barbato

Sans aucun doute l'un des films les plus barrés qui m'ait été donné de voir, jugez plutôt : le père cherche à faire de sa vie un documentaire à succès, le fils maltraite sa mère et se fait lui-même...

le 27 mai 2010

11 j'aime

1

Du même critique

Comprendre l'empire
Adrast
6

Comprendre 1/10ème de l'empire

Avec un titre aussi prétentieux, accolé au sulfureux nom d'Alain Soral, il est facile de frémir, de se dire "merde, lire un truc de facho c'est déjà être un peu facho". Et puis on se dit que ce...

le 17 mai 2013

24 j'aime

5

Persepolis
Adrast
4

Court d'Histoire, long de clichés.

Je partais avec un a priori négatif. Après quelques minutes, j'ai révisé mon jugement pour apprécier l'univers pas si niais et rondouillard que j'imaginais. Puis je me suis ravisé. Tout au contraire,...

le 27 mars 2011

23 j'aime

13

Samurai Champloo
Adrast
5

Douche froide.

D'emblée, Samurai Champloo se laisse regarder en se disant qu'on voit un énième manga détroussé de son scénario, foutu aux oubliettes avec son cousin l'originalité. L'absence d'intrigue est ce qui...

le 23 févr. 2011

21 j'aime

9