Cette fois, c’est vraiment une nouvelle page de la saga James Bond qui s’ouvre. Après avoir brièvement repris du service dans Les diamants sont éternels, Sean Connery laisse à nouveau sa place, qui revient à Roger Moore, débutant dans Vivre et laisser mourir.


Il est certain que l’une des choses dont on se rappelle le plus dans Vivre et laisser mourir, c’est ce thème mythique interprété par Paul McCartney, également compositeur avec sa femme Linda. Ce côté rock délaisse la nostalgie et la tradition pour quelque chose de plus moderne et d’ancré dans son temps. C’est, d’ailleurs, l’une des caractéristiques et des qualités principales de ce huitième film qui, contrairement aux précédents, s’intègre mieux dans son temps, quand, jusqu’ici, les James Bond avaient un côté plus intemporel. Nous retrouvons bien ce New York du début des années 1970, Harlem, cette atmosphère multicolore aux teintes marquées et, aussi, la Blaxploitation, qui battait alors son plein.


Il faut attendre que le célèbre générique du film soit passé pour que Roger Moore fasse enfin son apparition. Sa silhouette élancée, ses yeux clairs, et son côté très distingué, contrastent avec un Sean Connery aux airs plus macho et masculin. Si les deux hommes partagent un goût pour la « punchline », Moore propose l’image d’un Bond plus gentleman et détaché, dans la lignée de ce que semblait augurer George Lazenby s’il avait eu plus de temps pour développer son James Bond. En tout cas, si le personnage évolue, nous retrouvons bien ce qui fait l’essence d’un film James Bond. Vivre et laisser mourir renoue avec l’aventure des premiers temps, dans ces contrées exotiques et luxuriantes où planent de nombreux mystères, confrontant réalité et imaginaire pour créer un mélange parfois détonant.


Avec ses rites vaudou et le Baron Samedi, cet opus peut se targuer d’être un des rares à tenter une percée dans le genre fantastique, se construisant une identité particulière à travers ces figures mémorables. Tout pour plaire, mais il ne suffit pas de bons ingrédients pour réussir un bon plat. Car la réalité rattrape vite ce Vivre et laisser mourir, peinant à tisser son intrigue, bien souvent décousue, manquant de véritablement garder l’attention de son spectateur. Les péripéties s’enchaînent plutôt mal, avec un rythme irrégulier, à l’image de cette interminable poursuite en bateau qui, si elle réserve son lot de cascades impressionnantes, se répète à outrance et est tournée en ridicule par l’intervention de ce shérif certes bonhomme, mais dont on se demande quel est son véritable apport au film. Et c’est probablement ce qui caractérise l’ère Roger Moore, ce côté parodique ou, tout du moins, cette auto-dérision, qui peut avoir son charme, mais qui mérite un savant dosage pour éviter l’overdose.


On a souvent tendance à retenir de ce film son générique et ses rites vaudou qui ne manquent pas d’impressionnant. Cela a pour effet de donner bon souvenir de ce film, mais, hélas, une bonne partie du reste demeure largement perfectible. Il y avait de quoi faire un bon méchant, un univers plaisant, de nouveaux terrains à explorer, mais le mélange ne fait pas effet dans Vivre et laisser mourir, le début d’un nouveau chapitre dans lequel il faut encore trouver ses repères.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

Créée

le 26 sept. 2020

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