Il y a des films, parsemés un peu partout dans l'histoire du cinéma, que j'aime appelé "surfilms". Bien entendu, cela ne veut rien dire étymologiquement.
J'entends par là, des films, (à part faire preuve de mauvaise foi absolue ou alors être extrêmement doué en argumentation négationnisme), auxquels on ne peut qu'arguer que oui, objectivement, ce sont des chefs d'oeuvres. Malgré tout, on peut parfois rester insensible devant. Le film étant tellement "parfait" qu'il nous laisse sur la touche. J'aime prendre pour exemple 2001, qui laisse sur le bas côté tellement de monde tout en embrassant les foules, et il est vrai qu'objectivement on ne peut rien dire sur le fait que ce film est un chef d'oeuvre.
En effet, difficile de gérer ces attentes face à des films avec de telles notoriétés (ou notes si l'on prend notre cher site senscritique).
D'un autre côté, certains films, en plus d'être des chefs d'oeuvre, sont aussi portés par une grâce et une personnalité tellement propre qu'ils vous touchent au plus profond de votre âme, apportant la part subjective nécessaire à l'existence.
Ce film l'est.
Lumières, cadres, rythme, décors (naturels qui plus est), c'est du grand art. Milos Forman est un cinéaste brillant et technique. Car sur un sujet comme ça, il essaye de rendre un film assez "beau" esthétiquement, là ou d'autres auraient voulu montrer une institution crade, on ne peut qu'adhérer à une telle sagesse.
Le casting ? Bah y'a rien à dire. Malgré le succès de tous les acteurs, c'est d'un sacré niveau de réussir à disparaître de cette façon. Bon Nicholson est porté par son propre génie (son meilleur rôle je pense). Fletcher ? Parfaite. Les patients mon dieu qu'ils sont justes. Ni clichés, ni trop de compassions, des humains parfaitement tarés (mention spéciale à Brad Dourif).
Le scénario évite tout écueil moralisateur ou trop larmoyant. Ce n'est pas le but, raconter une belle histoire n'est-il pas le but du cinéma ? libre à chacun d'interpréter le film à sa façon il vous en laisse les pistes. La fin est particulièrement belle dans tous les sens du terme.
Mention aussi spéciale à la production du film, bienveillante. Allez lire, si le coeur vous en dit, l'histoire de ce film, qui n'a jamais failli voir le jour. Michael Douglas a voulu reprendre le flambeau de son père et a réussi à faire exister ce film, bravo à lui.
La distribution française merci aussi. SI si. Vous avez traduit un titre poétique anglais de façon littérale, quitte à ce que le titre français n'ait pas forcément de sens (pour moi un coucou, c'est un homme qui pique les femmes des hommes mariés, désolé). Quand on voit les traductions foireuses qui parcourent le cinéma, j'avais envie de souligner cette bonne action.
C'est beau, brillant, porté par la grâce.
Merci à vous. Et mes salutations au Grand chef.