On commençait à penser que le réalisateur chinois John Woo n'aurait jamais dû s'exporter aux Etats Unis. Au vu du nanar Chasse à l'homme et du médiocre Broken Arrow, on croyait que le réalisateur du Syndicat du crime gâchait son talent à rester dans le système hollywoodien. Quelle ne fut pas notre surprise en découvrant Volte/Face.
Cette fois-ci, non seulement le scénario est à la hauteur, mais le style de Woo arrive à se marier parfaitement avec. Dans cette histoire d'échange de visage entre un flic obsessionnel et sa némésis, un psychopathe déjanté, on ne peut que savourer ce cocktail d'action, de rebondissements, d'émotion et aussi d'humour.
Woo y ajoute même de l'ambigüité et de l'ironie, car en échangeant leurs visages, les deux personnages principales "rachètent" à leur façon leur pire ennemi. Là où le flic Archer (Travolta puis Cage) délaissait sa famille pour son travail, afin de tourner la page après le meurtre de son fils par Troy (Cage puis Travolta), ce dernier, sous l'apparence du premier, parvient à rétablir un semblant de dialogue avec sa fille.
De la même façon, Archer -derrière le visage de Troy- essaie d'être humain avec "ses" amis. L'une et l'autre partie semblent se compléter parfaitement. Ce double rôle était un vrai cadeau pour John Travolta et Nicolas Cage, qui rivalisent de génie, en passant tour à tour de la sobriété à la performance cabotine. D'ailleurs, toute la distribution est au top niveau. Quand à la réalisation, elle est juste impeccable, alternant scènes intimistes inspirées et scènes d'actions parfaitement maîtrisée. John Powell accompagne le tout avec une bande originale magnifique. Le meilleur Woo dans sa carrière américaine, et surement un de ses meilleurs tout court.