Le mélange des genres dérange et les mange

La carrière de John Woo est faite de phases et de grands bouleversements. Après avoir œuvré dans l'ombre de grands studios sur des films de commande sans pouvoir insuffler de personnalité, il rencontre Tsui Hark et révolutionne le polar HK. Puis il fait ses adieux à Hong-Kong et embraye sur des productions américaines sympathiques, où il peut soigner ses méchants ( Lance Henriksen dans Hard Target ) et assouvir sa haine des hélicoptères ( Broken Arrow ). Face/Off est sans aucun doute le sommet de cette nouvelle carrière.


Il retrouve John Travolta, son vilain de Broken Arrow, mais va lui offrir cette fois un rôle beaucoup plus dense. Profitant d'une astuce de série Z d'échange d'identités pseudo-scientifique, John Woo va sublimer le matériel pour en faire une quête existentielle carabinée, les deux adversaires cherchant à vouloir s'entre-détruire et préserver la tête de l'autre à la fois !


Un canevas simple, presque radin en anecdotes, mais qui devient le théâtre d'un affrontement de tous les instants. Cédant au manichéisme le plus évident dans sa première partie, Face/Off délimite distinctement le bien du mal, avant de les brouiller savamment dans cet exercice de style. Le point culminant étant évidemment ce moment magique où le bon et le méchant se tirent dessus à travers un double miroir : chacun peut donc voir le visage de l'ennemi...


De ce jeu d'identités, à mon sens Nicolas Cage sort gagnant. En méchant il est aussi impeccable que Travolta, mais en gentil, il atteint une justesse dans la fêlure et l'obsession que Travolta peine à trouver. Le reste du casting est parfait, et la musique de John Powell inoubliable.


Et puis surtout, au détour du dernier règlement de compte, John Woo renoue avec la philosophie qui était derrière ses meilleurs polars made in HK : peut importe que l'on soit dans le camp des bons ou des mauvais, l'important est de préserver l'innocence. Aussi bien dans The Killer que dans Hard Boiled on retrouve cette idée que la frontière entre bien et mal est ténue, mais que la droiture et la volonté de sauver son prochain feront de vous des héros.


A la fin, John Travolta adopte le fils de Nicolas Cage, lui promettant un avenir lumineux.


Par la suite, John Woo enchainera des projets plus consensuels, voire carrément mous ( Mission : Impossible 2, Windtalkers ) avant de retourner en Chine par une porte dérobée.

mikeopuvty
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le 16 janv. 2018

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Mike Öpuvty

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