Connaissez-vous la différence entre un paramiste et un optino ?
A priori c'est simple :
le paramiste est un parano optimiste,
l'optino lui est un optimiste parano.


C'est simple en surface mais au fond la différence m'échappe,
puisqu'entre les deux mon cœur balance...
dans le miroir le matin je vois un optino,
la raison n'est pas que phonétique, c'est physique,
optino le matin, et le soir aussi,
pas terriblement bien rasé mais toujours le poil propre,
l'œil qui pétille au-delà des cernes bleues comme des poches.


Quoi qu'en fermant Cioran cet aprèm,
Aveux et Anathèmes, aphorismes déprimo-joyeux,
la main méditative posée sur la quatrième de couv'
soudain j'étais paramiste, beau boulot,
la parano au premier plan, coupable d'être avide de mots,
quand avide de tout les mots coupables est l'optino.


Cioran paramiste coupe les mots au ratio,
l'aphorisme est chirurgicale, c'est un sot-l'y-laisse,


l'optino tenté d'être séduit se couvre en lâchant la bride aux phrases,
au scalpel cela dit lui aussi, au plaisir de sculpter dans le verbe vif,
la relecture comme une écriture, l'optino écrit des bonhomme de neige
des grosses boules toujours en fonte dont on vise en vain la circularité :


Enlever la neige en trop. Enlever les verbes de perception. Affiner, si possible et opportun, les verbes qui restent, enlever les « que » et les « qui » qui ne gênent que trop : sensation de précision tout en augmentant la poésie par la synthèse des phrases, on obtient une forme d’ambiguïté aiguisée. À la fois un sentiment de trouble et d’exactitude. Les figures de style fusionnent, de nouvelles naissent. Les antithèses deviennent oxymore, parfois étonnamment pléonasme, et des idées germent du nouveau consensus ou de la nouvelle contradiction. Un travail acharné sur une perte de contrôle. Parfois simplement on s’acharne sur un synonyme, les mots ont une histoire, alors un nouveau mot parfois c’est un nouveau passage qui roule tout seul. Un nouveau passage parfois c’est une nouvelle métaphore. La relecture c’est comme un bonhomme de neige : patientage, attentivité et gare au tiraillage en excédent. Si ça tiraille trop c’est possible que c’est mal visé. Ou mal empilé. Que t’as pas les bons mots, ou que l’on y’en a un de trop. Ça fond à l’œil nu. Une phrase et demie en trop même peut-être. Enlève-la, et voit les deux phrases autour prendre belle stature. Qu’était moche avant. C’est un artisanat, y en a un qui l’avait pigé et qui l’avait trouvé le savoir-faire. En plein dans la tronche. Ça a commencé comme ça. Déblanchir des feuilles comme on rate une sculpture. Couper dans la matière. Reformuler. Réécrire. Laisser les feuilles mortes de ton cœur en boule sous les pieds. Te sculpter un nouveau cœur à partager, appréciable. Exposer cet immaculé cœur aux autres et te sentir vide, quoi qu’ils disent. Le reprendre demain. Le glisser en boule sous la table ou à plat dans une étagère, au risque de le voir fondre et l’oublier, ou le réécrire. Attendre jusqu’au bout c’est jamais fini. C’est le matin le fond de l’air est tiède comme il faut (le fond d’air frais n’est pas si bon, c’est un lieu commun) les volets sont fermés j'aime bien le vent m’effraie, le soleil est chaud dehors j'aime aussi. C’est une question d’angle. Enlever les mots en trop.

Vernon79
8
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le 30 juil. 2018

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Vernon79

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