mars 2010:

"Bien balancé". Je ne vois pas meilleure expression, en dépit de sa vulgarité (mais j'ai une excuse : je suis vulgaire) pour caractériser le sentiment dans lequel je reste plongé à la fin du film. De la plastique émouvante de Penelope Cruz à l'écriture du scénario : tout cet équilibre est parfatement balancé.

Commençons par le moins anecdotique : l'espèce de fluidité, de douce respiration qui se dégage du scénario. Métronomique, le film présente un récit d'une justesse incroyable. A point nommé, chaque séquence s'encastre à la perfection. La lecture est très agréable, grâce à ce rythme impeccable de l'enchainement des scènes.

C'est d'autant plus vrai que la mise en image d'Almodovar allie, là encore avec de bons dosages, une réjouissante inventivité au travail du chef-opérateur José Luis Alcaine, magnifique. La photographie dépasse l'extraordinaire. Sublime. D'une netteté et d'une richesse chromatique à tomber. Du travelling du générique jusqu'à ces plongées suggestives, Almodovar raconte avec une profonde délicatesse une histoire alambiquée qui a fait pleurer ma femme. Manque de chatte, je n'ai pas été ému à ce point. Je le déplore. Permettez que la relation mère/fille m'échappe. J'ai bien plus été charmé par la forme et cette justesse, cette cadence paradisiaque. Un fleuve tranquille. 1+1=2. Un film sur la cause et son effet caresse l'historien que j'étais et demeure encore un peu dans le sens du poil. Bien entendu je ne parle pas de l'histoire avec un grand H mais celle qui se contente de façonner les hommes et en l'occurrence ici plutôt les femmes.

Après avoir vu ce film vous ne pouvez que louer la performance stratosphérique de l'actrice principale. Penelope existe, je l'ai vue, je l'ai rencontrée. Je l'ai vue incarner un personnage complexe, charriant ses blessures profondes et survivant à l'atrocité avec une force et un courage que l'actrice met parfaitement en valeur.

Comme je le disais plus haut, la photographie rend un hommage à la beauté des actrices et Penelope brille de mille éclats. Elle est estupenda, mammaire, fine, les machoires puissantes, le regard mouillé. Le temps d'une chanson et de quelques pleurs, vous tomberez amoureux. Dans ce film-là, en l'admirant j'ai souvent pensé à la fougue, féline et charnelle, de Sophia Loren. Il y a quelque chose, non?
Alligator
10
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le 6 avr. 2013

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