Des après-midi au "Petit Vélo" me reviennent en mémoire...

Je suis mitigée quant à ce film.
Anouilh, j'adore, j'adhère.
Le fond vert qu'on devine derrière chaque plan me gêne beaucoup plus.

Ce film pourrait être une magnifique ode au théâtre, aux troupes et à l'atmosphère si particulière que créent les représentations. On peut presque sentir le stress des jeunes acteurs derrière la caméra. C'est difficile de se lancer, de s'avancer sur la scène, sans garde-fou, sans rien entre nous et l'oubli...
Cependant Resnais s'est probablement dit qu'il faisait du cinéma et qu'il devait donc avant tout penser aux spectateurs. Merci mais il ne fallait pas. Vraiment pas. Une bonne pièce se joue n'importe où! Nul besoin d'un quai de gare, le texte est là, percutant, et ces faux décors sont vraiment superflus.

Tous ces acteurs jouent et partagent un grand moment de théâtre. On les sent vibrer. On sent qu'ils ont partagé ce moment si spécial durant lequel on est obligé de s'en remettre aux autres car sans eux la mécanique ne peut pas s'emballer!

Cependant, la part belle est fait à Sabine Azéma et Pierre Arditi quand on aurait aimé voir plus tous les autres; ce sont peut-être les deux que les spectateurs connaissent le plus mais justement c'était là l'occasion ou jamais de mettre en lumière les autres.

Mention spéciale: à Anne Consigny qui joue tout en délicatesse une sublime Eurydice, quoique destinée à mourir, comme l'exige le mythe.
Mention moins spéciale à Lambert Wilson: jouer tout en retenu ne signifie pas bloquer les émotions pour afficher un masque neutre..
Mention très spécial à Mathieu Amalric: ce rôle est taillé sur-mesure pour un acteur de sa trempe!