Yasujiro Ozu, un réalisateur que je découvre tard mais avec énormément d’envie après être tombé amoureux du cinéma de Kurosawa et de Kobayashi. J’ai donc commencé cette découverte avec Le goût du saké, printemps tardif, été précoce et pour finir voyage à Tokyo. Cette critique sera donc axé autour du voyage à Tokyo mais c’est aussi un ressenti plus global après ces 4 films.


Soyons clair, la mise en scène de Ozu est précise, millimétrée, et toujours la même au fil des films, idem pour la narration, qui va prendre le point de vu d’un personnage, en général le chef de famille (le père, ou le grand père), et on va suivre sa journée, travail, bar, maison et on recommence, jusqu’aux plans finaux qui sont au-dessus du reste.
La mise en scène va suivre la narration et être elle aussi extrêmement répétitive, les acteurs (qui sont toujours les mêmes) jouent de la même manière, même s’ils devraient afficher plus d’émotions (final excepté), la caméra est placée toujours aux mêmes endroits dans les pièces ce qui donne en général ce schéma : Plan large, des personnages discutent en mangeant/buvant, amorcent un sujet, quand le sujet avance, on passe en champ contre champ, jusqu’à la fin de la conversation ou un changement de sujet et on repasse sur un plan large. Ça c’est pour les scènes de repas, beuveries, qui sont extrêmement nombreuses.
D’autres scènes sont plus axées autour de la vie dans la maison et Ozu va utiliser voir surutiliser de sur cadrage pour donner une impression de profondeur à sa scène. On voit parfois apparaître 3 ou 4 cadres différents ou il peut y avoir des interactions entre les personnages dans les différents cadres en même temps. Ses cadres sont donc, on peut le dire, au poil de cul, au millimètre, chronométré, précis, le noir et blanc est aussi très plaisant et agréable.


Les thèmes abordés maintenant, souvent, le mariage, les relations parents-enfants, l’angoisse de vieillir et de se retrouver seul. Dans ces films toutes ces thématiques reviennent à chaque fois. Pour le Voyage à Tokyo on va être dans la relation parents/enfants plus que dans le mariage ce qui fait de lui le film que j’aime le plus. On va suivre un couple de vieux qui vont visiter leurs enfants à Tokyo et qui vont déchanter assez vite en se rendant compte qu’ils n’ont pas de temps pour eux. Et le film est bien construit en théorie, les personnages sont bien introduits, ont tous une évolution cohérente, la dramaturgie autour de la relation père/fille est pertinente, on voit par exemple une situation dans un bar ou un ami lui raconte que son fils le délaisse etc. et qu’il ne trouve pas ça normal, qu’il est devenu un connard, et notre grand père se voile un peu la face pour se rassurer, ce qu’il fera plusieurs fois. On a aussi les enfants qui vont servir de parallèle avec les grands parents, en appuyant bien sur le fait que les parents n’ont ni le temps de s’occuper de leur parent, ni de leurs propres enfants. Bref, y a pleins de choses à dire, le film dure 2h20, c’est bien fait mais …


…j’ai un problème avec ça. Je ne pense pas que ça vienne du thème abordé (qui ne me passionne pas plus que ça, traité efficacement ça peut marcher) mais de sa mise en scène répétitive, de ses cadres répétitifs, de ses acteurs répétitifs au jeu aussi fade qu’un plat de pâte d’étudiant fauché… Tout est répétitif dans son cinéma et ça m’ennuie profondément, je dois lutter pour voir un film en entier et je suis obligé de faire des pauses, et quand je m'emmerde devant un film, je n'entre pas dedans, je me fous des personnages, je ne m'y attache pas et par conséquent je ne ressens aucune des émotions que le film essaye de me transmettre. Bref, je m’emmerde.

FabienBe
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le 14 avr. 2020

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Fabien B.

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